Commentez ce vers de Boileau : « On peut être héros sans ravager la terre ».
Publié le 02/11/2016
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INTRODUCTION
Les héros antiques constituaient une race intermédiaire entre les hommes et les habitants de l'Olympe : les uns étaient demi-dieux dès leur naissance, les autres recevaient la qualité divine comme récompense de leurs hauts faits. Le mot a perdu dans notre langue sa valeur mythologique, mais il s’applique toujours à ceux qui se distinguent du commun des mortels. Boileau écrivait à ce sujet la mise en garde suivante : « On peut être héros sans ravager la terre ». Ce vers s’explique par l’idée qu’on se faisait en général de l’héroïsme au siècle de Louis XIV ; mais cette conception s’est élargie de nos jours, au point de se transformer totalement.
I. LA CONCEPTION TRADITIONNELLE DE L’HÉROISME
Le héros au xviie siècle est un soldat : grotesque ou séduisant, il est le Matamore de l'Illusion Comique ou le Rodrigue du Cid. Il s’incarne aussi dans le Cardinal de Retz, dans ces nobles qui passent leur vie à tirer l’épée, au cours de la Fronde ou dans les duels.
Aspecfs positifs L’héroïsme ainsi compris sup-
de l’héroïsme traditionnel Pose un certain nombre de
qualités morales essentielles qui forcent l’admiration : une action énergique ne peut être menée sans courage, et nous savons à quel point la volonté est nécessaire à cette vertu. L’endurance, le mépris de la souffrance sont aussi la marque de ces personnages grandioses qui sont dans la littérature la traduction idéale d'une réalité concrète : d’Achille à Rodrigue, en passant par Roland, le type du preux, brave et fort, presque surhumain, s’impose à l’imagination du public. Le plus souvent, son prestige tient aussi à l’idéal qu’il défend. S’il fait la guerre, c’est pour une bonne cause, et l’on sait avec quel art l’auteur de la Chanson de Roland a transformé l’histoire pour créer un héros sans tache. Les chevaliers du Moyen Age, que Victor Hugo représentera sous les traits d’Éviradnus, parcouraient leur pays pour faire respecter la justice ; les Résistants

«
de la dernière guerre se batta ient pour leur patrie ; Malraux,
dans l'Espoir, montre tout es les résonances d'une lu tte qui met
en jeu le sort d'une part de J'human i té.
Héros littéraires ou personnages historiques, ils ont en commun
le dés ir de s'engager totalement, sans aucune restriction.
Ils méprisent la mort , et font volontiers le sacrifice d 'eux-mêm es : les rescapés de la bataille d'A ngleterre de 1940 évoquent la facilité
avec laque lle ils risquaient chaque jour leur vie.
Aspects négatifs • 'Chàcune de ces qualités, il est
de l'héroïsme troditionnef · vrai, a son revers : les vertus
mart iales que nous évoquions
s'accompagnent parfois
d'une .
insensibilité dangereuse.
Le
personnage le plus caractérist ique "à cet égar d est celui d'Horace,
dans la pièce de Corneille ; Curiace fait son devoir comme lui ,
mais
en le dép lora nt ; J'autre au contraire réprime toute faiblesse : « Albe vous a nommé ; je ne vous connais plus».
Et nous avons
fait l'expéri ence doulo ur euse, pendant la dernière guerre, de la
cruauté dont sont capables des soldats fanatisés.
Le danger est d'autant plus grand que la cause défend ue n'est
pas toujours juste : les héros se mette nt au ser
vice du ma l
comme au service du bien.
Les généra ux de · Lo uis XIV s'illustrèrent dans des guerres de conquête iniques, ceux de
Napo léon aussi -et le m e Reich allemand fit bien pire.
Julien Gracq, dans le Rivage des Syrtes, montre la naissance
ténébreuse d'un héroïsme qui n'a d'a utre fin que lui-même.
A-t-on le d r oit d'exc user le ma l sous prétexte qu 'il est source
de grandeur ?
On en a d'autant moins le droit que cette grandeu r est tota
l ement destructrice.
Le héros parfa it, dans cette forme d'héroïsme ,
n'est-il pas le kamikaze japonais qui se tue avec son avion pour
atteindre la cib le
à coup sû r? Il y a là en fait toute une tradition,
prestigieu se peut-être mais barbare , qu i ne devrait plus séduire
que notre curiosité.
Il est donc possible de constater que la ré6exion de Boi leau
se ju stifie.
Mais il ne faut pas oublier les vertus qui sont à la
base de l'héroisme.
Ne pourra it-il prend re d'autres formes?
II.
L'HÉ ROISM E PACIFIQUE
On
conteste aujourd'hui de plus en plus que l es te mp s de
guerre soient seuls riches en héros : la paix auss i leu r permet
d 'apparaît re ..
»
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