Commentez au moyen des pièces de Corneille que vous connaissez, ce mot de La Bruyère sur notre grand tragique : Il peint les Romains : ils sont plus grands et plus Romain dans ses vers que dans leur histoire
Publié le 03/06/2012
Extrait du document
Corneille est un des rares esprits qui ait su prévoir ce que la science, aidée de la critique, a distingué et établi au cours du xixe siècle : la grandeur de l'histoire romaine.
1. Corneille est avant tout historien.
Ce qui frappe surtout dans l'oeuvre de Corneille c'est l'intérêt historique. Cette prédilection est aisée à comprendre : l'histoire est le tableau des prodiges accomplis par la volonté...
«
La fondation de J'Empire et le triomphe incontesté d'Auguste · il L'empire
sont magnifiquement évoqués dans Cinna (tO av.
J.·C.
).
Avec
Othon, c'est la révolution militaire qui suit la chute de la famine
d'Auguste
(68 ap.
J.-C.).
Tite et Bérénice est inspirée par le
sentiment de la paix qui s'affermit sous l'autorité des Flaviens
(78 ap.
J.-C).
Polyeucte et Théodore célèbrent la lutte du chris-
tianisme cherchant
à renverser l'antique état de choses (de 2ll0 Il
305 ap.
J.-C.).
Enfin la suprême agonie de l'Empire et la grande invasion des 5) La décadence
Barbares est peinte d:ms Attila (455 ap.
J.-C.).
III.
Corneille nous a-t-il donné une peinture exacte
du « Romain »?
On peut donc dire que le théâtre romain de Corneille constitue
une œuvre historique approfondie et suivie.
Toutefois, on ne
saurait, sans exagération,
p1·étendre qu'il a fait œuvre d'historien
à proprement parler.
Il a commis, par exemple, certaines
erreurs historiques :
la confusion de Flaminius et Flamininus,
Je jugement d'Horace et la chronologie d:Héraclius.
·
Mais surtout, le Romain qu'il a dépeint est souvent de pure
convention :
« Il s'est emparé du type du Romain républicain,
patriote, désintéressé, amoureux
de la gloire, superbe de fermeté
et
de fierté ».
Or nous savons aujourd'hui que cette physio
nomie avait été pour ainsi dire bâtie de toutes pièces, à la fin de
ia République, dans les écoles des rhéteurs Tite-Live et, après
lui, les historiens
de l'Empire, l'acceptent avec enthousiasme,
.
comme un thème commode pour flétrir la décadence des mœurs
ct des institutions,
qui leur paraît caractériser l'époque qu'ils
peignent.
C'est en ce sens que La Bruyère a pu écrire : • les Romains
sont plus grands et plus romains dans les vers
de Corneille que
dans leur histoire
».
Toutefois, cette erreur historique ne diminue en rien la valeur
de l'œuvre
de Corneille, car son principal mérite ne consiste pas
dans
la· reproduction exacte d'une vérité pàrticuhère, mais bien
dans la création
de « types généraux et humains ''·
i) Erreurs histOJ,iques
2J Son type du Romain eat trop com·en· tionnel..
»
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