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Commenter ce mot d'Émile Augier : La dérision de tout ce qui élève l'âme, la blague, puisque c'est son nom, n'est une école à former ni honnêtes gens, ni bons citoyens. (La Contagion, 1866.)

Publié le 18/02/2012

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augier

 

Le mot blague est, paraît-il, d'origine allemande; la chose est bien française. Mais pourquoi les étymologistes s'entêtent-ils à traduire Bctlg, d'où viendrait blague, par vessie, ou petit sachet élastique, alors qu'il désigne aussi bien la balle des céréales, chose légère et sans importance? C'est à ce dernier sens, croyons-nous, qu'il faut se reporter quand il s'agit de ces plaisanteries qui s'envolent comme la « balle « au vent du tarare, et au premier quand on parle des blagues à tabac....

augier

« l'Academie, it y sera, parce qu'il n'a pas d'equivalent dans la langue.

Il ex- prime un genre de plaisanterie tout moderne, en reaction contre les bana- lites emphatiques dont nous ont satures nos devanciers...

Its ont tant abuse des grands mots qu'ils nous en ont degoiltes.

) (Remarquons au passage que le Parnasse, a la menu époque, reagit contre l'emphase romantique.) Definition par le pere ensuite : « ...Les grands mots representent les grands sentiments et du degofit des uns on passe aisement au &goat des autres. Ce que vous bafouez le plus volontiers apres la vertu, c'est l'enthousiasme, ou simplement une conviction quelconque...

Non que vous fassiez profession de scepticisme, Dieu vous en garde! (rappelons que Renan, docteur es -scep- ticisme, sevit sur cette generation) vous n'allez pas plus haut que l'indiffe- rence, et tout ce qui vous &passe vous semble un pedantisme.

Ce detestable esprit a plus de part qu'on ne croit dans l'abaissement du niveau moral a notre époque.

La derision de tout ce qui eleve Paine, la blague, puisque c'est son nom, n'est une ecole a former ni honnetes gens, ni bons citoyens.

Un ami de Lucien, Andre Lagarde, ancien polytechnicien, vient a Paris, pour y tenter fortune.

11 a pris la vie an serieux; on l'en plaisante : it est l'homme de Plutarque ».

D'abord it ne sait que penser de cette jeunesse qui se moque des chores les plus sacrees; mais son desir d'arriver, l'entrai- nement, le respect humain Pont vite rendu semblable aux autres...

la Con- tagion!...

II professe, a son tour, que Socrate etait un niais et Sardanapale un sage.

Il s'habitue a entendre ses compagnons se moquer de l'amour ma- ternel, de leur pro pre emotion, de la religion et des scrupules de la cons- cience; l'amitie et rumour leur sont un sujet inepuisable, une cible toute designee.

Et l'honnete Andre, de concession en concession, de combinaison en combinaison - car d'Estrigaud specule sur cette valeur humaine - aboutit au bord de I'abime.

Un sursaut l'arrete a temps.

Dans une orgie, d'Estrigaud lui lance, accompagne d'un soumn infamant, le nom de sa mere : « Conscience, devoirs, famine, faites litiere de tout ce qu'on respecte. 11 vient un jour oft les verites bafouees s'affirment par des coups de tonnerre. Adieu! je ne suis pas des votres...

» D'Estrigaud fait, jusqu'au bout, tout ce qu'il faut pour justifier la rime riche que, spontanement, l'on accole a son nom et qui n'est pas nigaud : it degoilte Lucien, apres avoir ecceure Andre; it reste seul, mine, demonetise...

II part pour in Californie, « terre promise des hommes de sa trempe »... tc*. Avec Chantecler, nous passons du monde humain an monde animal.

Le theme est tres different, la these est la meme.

C'est, en grande partie, le proces de la blague, l'apologie de l'enthousiasme, du « panache ».

Tandis que Chantecler, le coq, s'imagine...

mieux : « croit que c'est arrive...

», le Merle...

mais laissons Patou, le bon chien, nous le presenter :« Le Merle fait des mots!...

» Il use d'un jargon nonchalamment voyou, qu'il doit prendre en allant trainer je ne sail oft...

II est le « commis voyageur du rire qui corrode ».

A coups de sifflet, it s'est donne la triste mission « d'eteindre l'amour et le travail ».

Il a introduit dans la basse-cour un des fleaux les plus triste du monde : Le mot qui vent toujours etre le mot d'espr II siffle un air...

mais pas jusqu'a la fin.

Ce leger volatile « Intelligent, it l'est, mais e a la surface senlement ». Il a, devant la Fleur, dont it volt trop la tiger Le regard qui restreint et le mot qui mitige. On dit qu'il a du goat, mais objecte Chantecler, si etre noir de goat, II faut savoir risquer des couleurs stir son aide.

it. pese sur l'ame ». c'est faire preuve le.

Comment, ri- e. Indulgent, le Coq ne peat s'empecher de le trouver dro poste Patou, ...Drole parce qu'il prit Quelques locutions qui remplacent l'esprit? ...

La blague de ce Merle a qui je suis hostile N'est pas plus de l'esprit que son argot du styl ...II a Pair, dans son frac, d'une coupe gentille, Du ,t petit croque-wort de la Foi 2, qui sautille. l'Académie, il y sera, parce qu'il n'a pas d'équivalent dans la langue. Il ex­ prime un genre de plaisanterie tout moderne, en réaction contre les bana­ lités emphatiques dont nous ont saturés nos devanciers... Ils ont tant abusé des grands mots qu'ils nous en ont dégoûtés.

» (Remarquons au passage que le Parnasse, à la même époque, réagit contre l'emphase romantique.) Définition par le père ensuite : « ...Les grands mots représentent les grands sentiments et du dégoût des uns on passe aisément au dégoût des autres.

Ce que vous bafouez le plus volontiers après la vertu, c'est l'enthousiasme, ou simplement une conviction quelconque... Non que vous fassiez profession de scepticisme, Dieu vous en garde! (rappelons que Renan, docteur ès-scep- ticisme, sévit sur cette génération) vous n'allez pas plus haut que l'indiffé­ rence, et tout ce qui vous dépasse vous semble un pédantisme.

Ce détestable esprit a plus de part qu'on ne croit dans l'abaissement du niveau moral à notre époque.

La dérision de tout ce qui élève l'âme, la blague, puisque c'est son nom, n'est une école à former ni honnêtes gens, ni bons citoyens. » Un ami de Lucien, André Lagarde, ancien polytechnicien, vient à Paris, pour y tenter fortune. Il a pris la vie au sérieux; on l'en plaisante : il est « l'homme de Plutarque ». D'abord il ne sait que penser de cette jeunesse qui se moque des choses les plus sacrées; mais son désir d'arriver, l'entraî­ nement, le respect humain l'ont vite rendu semblable aux autres... la Con­ tagion!... Il professe, à son tour, que Socrate était un niais et Sardanapale un sage. Il s'habitue à entendre ses compagnons se moquer de l'amour ma­ ternel, de leur propre émotion, de la religion et des scrupules de la cons­ cience; l'amitié et l'amour leur sont un sujet inépuisable, une cible toute désignée.

Et l'honnête André, de concession en concession, de combinaison en combinaison — car d'Estrigaud spécule sur cette valeur humaine — aboutit au bord de l'abîme.

Un sursaut l'arrête à temps.

Dans une orgie, d'Estrigaud lui lance, accompagné d'un soupçon infamant, le nom de sa mère : « Conscience, devoirs, famille, faites litière de tout ce qu'on respecte.

Il vient un jour où les vérités bafouées s'affirment par des coups de tonnerre.

Adieu! je ne suis pas des vôtres...

» D'Estrigaud fait, jusqu'au bout, tout ce qu'il faut pour justifier la rime riche que, spontanément, l'on accole à son nom et qui n'est pas nigaud : il dégoûte Lucien, après avoir écœuré André; il reste seul, ruiné, démonétisé...

Il part pour la Californie, « terre promise des hommes de sa trempe »...

Avec Chantecler, nous passons du monde humain au monde animal. Le thème est très différent, la thèse est la même. C'est, en grande partie, le procès de la blague, l'apologie de l'enthousiasme, du « panache ». Tandis que Chantecler, le coq, s'imagine...

mieux : « croit que c'est arrivé...

», le Merle...

mais laissons Patou, le bon chien, nous le présenter : « Le Merle fait des mots!... » Il use d'un jargon nonchalamment voyou, qu'il doit prendre en allant traîner je ne sais où...

Il est le « commis voyageur du rire qui corrode ».

A coups de sifflet, il s'est donné la triste mission « d'éteindre l'amour et le travail ».

Il a introduit dans la basse-cour un des fléaux les plus triste du monde : Le mot qui veut toujours être le mot d'esprit.

Il siffle un air... mais pas jusqu'à la fin.

Ce léger volatile « pèse sur l'âme ».

Intelligent, il l'est, mais « à la surface seulement ».

Il a, devant la fleur, dont il voit trop la tige, Le regard qui restreint et le mot qui mitigé.

On dit qu'il a du goût, mais objecte Chantecler, si être noir c'est faire preuve de goût, II faut savoir risquer des couleurs sur son aile.

Indulgent, le Coq ne peut s'empêcher de le trouver drôle. Comment, ri­ poste Patou, ...

Drôle parce qu'il prit Quelques locutions qui remplacent l'esprit? ...

La blague de ce Merle à qui je suis hostile N'est pas plus de l'esprit que son argot du style.

...

// a l'air, dans son frac, d'une coupe gentille, Du « petit croque-mort de la Foi » gui sautille.. »

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