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commentaire voyage au bout de la nuit, céline

Publié le 05/12/2022

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« Commentaire Voyage au bout de la nuit, Céline La guerre est un thème littéraire depuis l’Antiquité.

Elle permet de glorifier la bravoure et la virilité de personnages qu’on qualifie très souvent de héros. Lorsque paraît Voyage au bout de la nuit, en 1932, les horreurs de la Première Guerre Mondiale sont encore dans toutes les mémoires.

Ainsi Louis-Ferdinand Céline, servant du surréalisme, qui a dû participer à cette guerre, en livre une vision crue et triviale, par l’intermédiaire de son personnage principal, Ferdinand Bardamu.

La guerre n’est plus glorifiée et idéalisée, mais perçue dans toute son horreur, par des soldats qui ont peur, sont dépassé par les événements, et terrifiés par toutes les abominations qui s'y produisent.

Ferdinand Bardamu, alter égo de Céline , nous livre au sein de ce chef d'œuvre littéraire sa vie et le chaos que faisait régner la guerre dans un monde contemporain dévasté, il se retrouvera donc au front en 1914. Dans cet extrait du chapitre 2, un messager vient trouver le colonel pour lui annoncer la mort d'un soldat au beau milieu du feu, et le protagoniste, Ferdinand Bardamu y assiste. Comment Céline exprime-t-il sa vision d'une guerre absurde à travers un anti héros ? Afin de répondre à cette problématique, nous allons donc nous demander comment la guerre est perçue par ce personnage qui a tout de l’anti-héros.

Tout d’abord, à travers le dialogue qui s’établit entre un messager et son colonel, nous verrons deux visions antithétiques face à cette situation chaotique, qu'est la guerre.

Ensuite nous mettrons en évidence comment la guerre est dénoncée dans son atrocité et surtout son absurdité.

Enfin, dans une troisième et dernière partie, nous tenterons de définir en quoi Ferdinand Bardamu est l’exemple même de l’anti-héros. Tout d'abord, dans cet extrait, la description faite du messager par Céline montre que ce dernier semble très désorienté, en effet comme le montre les termes "« vacillant » (l 1) , « oscillait » (l 2) ; « petits cris avortés » (l 4), mais il reste obéissant et discipliné (« se remit au « garde-à-vous » » l 1) , « les petits doigts sur la couture du pantalon » (ll 1-2) ).

On peut voir qu'il est terrorisé avec la citation « ses mâchoires tremblaient » (l 3) et on ne sait pas si sa sueur (ll 23) provient de sa peur ou du fait qu’il vient de courir.

Aussi, il est comparé à un "petit chien qui rêve" (l4), un terme peut être péjoratif, mais aussi un terme appartenant au registre pathétique (presque affectueux) .

Cela permet donc de montrer sa fragilité face à l’horreur qu’il vient de subir.

Les points d’exclamation qui animent ses propos (l 14, 16 et 18) témoignent encore de son émotion débordante et extériorisée. Ensuite, alors que le messager annonce la triste nouvelle au colonel, la réaction du colonel parait étonnante, il ne répond que "« Et alors ? », on pourrait croire qu'il n'a pas bien compris au départ mais cependant alors que le message répète ses dires en y ajoutant des précisions telles que "Il a été tué (…), mon colonel !" (l.7) "Il a été éclaté par un obus !" (l.9), cet homme ne fait que répliquer les termes "Et alors ?" une nouvelle fois, une répétition signifiant qu'il est tout bonnement indifférent à cette nouvelle, l'information ne l'atteint pas. Puis, le colonel s'étend à discuter de préoccupations "plus importantes" selon lui, les vivres, comme le témoigne le terme "Et le pain ?" (l21), cet intérêt pour la nourriture et non pour la mort d'un soldat montre qu'il s'étend sur un aspect plus pratique et trivial.

Céline dénonce ainsi une attitude déplorant de ce colonel, il est antipathique et sans empathie.

L'écrivain cherche aussi à montrer que ces réactions peuvent être expliquées par la situation actuelle.

En effet, la mort d'un militaire est un évènement se produisant à maintes reprises au front, les chefs militaires sont donc censés s'occuper de leurs militaires toujours en vie.

Un contraste est alors fort présent entre les émotions exprimées par un jeune soldat innocent et ignorant qui n'a jamais vécu de temps de guerre face à un homme de guerre. Au sein de ce discours entre le messager et le colonel, le lecteur peut être témoin d'une incommunicabilité importante.

En effet, les deux interlocuteurs sont trop différents pour se comprendre : on peut éprouver une certaine pitié pour le messager, et réprouver l’attitude innommable du colonel.

Le soldat est paralysé par la peur.

Dès que les hommes essaient de se parler, de se retrouver, ils meurent, à l'image de Barousse.

Dans le dernier paragraphe, on remarque l'ironie : les hommes se rencontrent dans la mort, quand ils ne sont plus qu'un tas de chair. A travers ce court échange entre deux officiers, on peut percevoir les dures émotions que ressentent les soldats, décrites par ce que l'écrivain luimême a vécu, il exprime finalement ses propres ressentis à travers son roman. Aussi, ce court dialogue montre bien l’incompréhension des soldats face à l’attitude distante de leurs officiers (l18), marquant l'incompréhension et le dépit du messager.

Le colonel semble ne pas se préoccuper du sort des soldats sous ses ordres mais l’idée qu’on se fait de lui peut être nuancée par la remarque du narrateur à la fin de cet extrait de texte avec la citation « Quant au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal » (l 39).

Mais on peut aussi considérer que sa mort répare comme une injustice.

En second lieu, la citation (qui pourrait émouvoir le lecteur) décrit un homme qui semble encore bien pire que le colonel, comme on peut le voir avec la remarque au discours direct du narrateur « une charogne en moins » (l 34) ainsi que la phrase « sacrées ordures (…) comme Barousse » (l 38). Le point de vue du narrateur est interne, le lecteur est témoin des scènes à travers son regard étranger et ses pensées qui peuvent lui avoir été volées, montrant ainsi à un lecteur ignorant face la dure réalité de la guerre.

Il écrit la scène de façon ironique, marquée également par une sorte d’indifférence avec les termes « Nos allemands » (l 6) et avec un possessif semblant être une marque d’affection « leurs sottises » (l 7) alors qu’ils cherchent à tuer le plus d’adversaires possibles : une nouvelle fois, un contraste est appuyé par l'auteur, un décalage entre réalité et les propos tenus par le protagoniste, finement ironiques. Il y a aussi de nombreuses comparaisons telles que « comme de gros paquets d’allumettes » (l 8) et, parfois, presque poétiques « comme des essaims de balles rageuses, pointilleuses comme des guêpes » (l 9), une citation ici proche d’une construction en chiasme avec "essaims" "guêpes entourant rageuses, pointilleuses".

Au sein de toute cette violence sanglante, le personnage de Bardamu paraît indifférent.

Il se réjouit cyniquement de la mort de Barousse car, pour lui, ce dernier est « une bien grande charogne en moins dans le régiment ! ».

Et l'on peut noter l'humour de Bardamu qui dit : « j'en connaissais bien encore (...) de sacrées ordures que j'aurais aidé volontiers à trouver un obus comme Barousse ».

Pourtant, son commentaire sur l'utilité de la guerre est ensuite détruit car il dit : « Quand au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal.

Lui pourtant aussi, il était mort ».

Le cynisme n'est qu'apparent et Bardamu, double de Céline, condamne l'absurdité de toute cette horreur.

Même s'il ajoute « Tant pis pour lui ! s'il était parti dès les premières balles, ça ne serait pas arrivé », le lecteur sait qu'un officier de cette envergure ne peut pas s'enfuir et donc Céline tient une nouvelle fois des propos ironiques par l'intermédiaire de son alter ego. Malgré cette désinvolture apparente, on ressent l’émotion et le traumatisme, à travers les propos du narrateur.

Même si, par sa façon de raconter, il semblerait jeter un regard distancié sur une situation pourtant terrible, il est bel et bien présent, malgré lui, sur le champ de bataille avec le champ lexical du corps à la ligne 25, puis aux lignes 27 et 28.

On ressent également ses émotions à travers les sensations exacerbées (celles de l’odorat, de l’ouïe et d’une vue troublée par la.... »

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