Commentaire Thérèse Raquin chapitre XXXII
Publié le 03/04/2022
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«
Commentaire Thérèse Raquin
Emile Zola a écrit ce texte en 1867 et se positionne dès lors comme le précurseur du naturalisme.
Thérèse Raquin est une œuvre noire
qui a souvent été décriée en son temps par un Paris littéraire et bourgeois.
Dans ce chapitre XXXII, Zola dépeint l'acceptation de la
mort dans un consensus commun à Thérèse et Laurent, et les rend presque humains à l’approche de leur suicide.
Cette scène finale
n’est autre que la moche et banale conclusion d’une rencontre entre les 2 protagonistes Laurent et Thérèse, autant dénués de tout
scrupule l’un comme l’autre.
I.
Une réconciliation à l’approche de la mort
a).
Une gêne à l’approche de passer à l’acte
Dès qu'ils sont seuls, l’atmosphère est tendue, leur malaise latent laisse présager une décision lourde de
conséquences : « impatience sourde » ; « plus sombre, plus inquiet » « ils évitèrent de se regarder » ; « ils remontèrent
silencieusement ».
Cette impression de tension est confirmée quand ils ne s'en tiennent plus à leurs habitudes : « ils
avaient l'habitude de mettre en ordre la salle en manger...
d'aller et venir » Il existe une similitude dans leur logique
par des actes et dans la chronologie : Laurent prépare son poison alors que Thérèse s'empare du couteau de cuisine :
leur but est commun.
Soudain ils réalisent qu'ils vont exécuter la même chose, c'est la compréhension du futur proche :
« ils se regardèrent », « ils s'examinèrent », « ils se firent pitié et horreur ».
b).
Une compréhension mutuelle
La réconciliation est décrite par la lassitude et le dégoût : « ils se sentirent tellement las et écoeurés d’eux-mêmes ».
Il
se produit une crise suprême, mais, pour le lecteur, elle n’engendre aucune sympathie envers Thérèse et Laurent,
grâce au vocabulaire employé par Zola , qui réduit ses personnages en utilisant des pronoms personnels : « ils »,
« eux », « les », « eux-mêmes ».
c).
Une humanisation
Leur état psychologique se dévoile ensuite : « Thérèse et Laurent éclatèrent en sanglots », « une crise suprême les
brisa, les jeta dans les bras l’un de l’autre, faibles comme des enfants ».
Le lexical démontre un retour vers la
tendresse de l’enfance : « faibles comme des enfants », « doux et attendris ».
L’acceptation du sort et la réconciliation
dans la mort est décrite subtilement : « un dernier regard, un regard de remerciement », on y retrouve d’ailleurs une
certaine complicité présente depuis le début de leur relation.
II.
Le lexical, la sémantique et la rhétorique
a)
Le paradoxe des mots et des temps.
Dans cette fin de chapitre, qui est aussi l’épilogue de l’œuvre, Zola emploie de nombreux
contrastes, de nombreux contraires, de nombreuses oppositions : « pitié et horreur », « las et écoeurés ».
Le
changement de temps, de l’imparfait au passé simple, démontre également que tout s’accélère brutalement, jusqu’au
moment décisif : « Ils tombèrent l’un sur l’autre, foudroyés ».
b)
La relation avec la tragédie
Zola manie avec efficacité la rhétorique tirée du tragique : « sentant que le dénouement était proche ».
Mais, au-delà
de cela, le suicide apparaît comme étant la seule issue possible, ce qui est totalement caractéristique des
tragédies : « ils pleurèrent, sans parler, songeant à la vie de boue qu’ils avaient menée et qu’ils mèneraient encore, s’ils
étaient assez lâches pour vivre ».
La scène est également très théâtrale : « le dernier regard échangé », le couteau associé au poison laisse apparaître la
suite de la trame de la tragédie, qui, à ne pas en douter, était perçue depuis le début de l’œuvre.
Enfin, les mots employés en relation avec l’image que renvoie Zola : « éclair », « foudroyés », « les regardait avec des
yeux fixes et aigus », « ne pouvant se rassasier les yeux, les écrasant de regards lourds » »contemplant »
Pour ajouter le dégoût à l’abject, Zola conclut avec quelques lignes sur Madame Raquin, témoin impuissante de la décadence de
Thérèse et Laurent dans ce roman théâtral, où elle est la dernière personne à survivre.
La chute tragique de ce roman rappelle les
destinées semblables des héros de Racine, qui, contrairement à l’autre tragédien Corneille, préférait dépeindre les hommes tels
qu’ils étaient, contrairement à Racine qui, lui, décrivait sa façon de percevoir la noblesse de l’âme chez l’homme.
Dans Thérèse
Raquin, on assiste à la dégénérescence de 2 êtres, une tragédie à la Zola, en quelque sorte..
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