Commentaire Sur L'Incipit De La Curée De Zola
Publié le 17/01/2022
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Le XIXème siècle fut caractérisé par le règne de Napoléon III ainsi que par les grands travaux de Paris orchestrés par le Baron Haussmann. L'extrait que nous étudierons est une partie de l'œuvre La Curée, second ouvrage du Cycle des Rougon-Macquart, "Histoire Naturelle et Sociale d'une famille sous le Second Empire", paru en 1872 et écrit par Emile Zola, grand romancier de ce siècle, inspiré par la Comédie Humaine de Balzac.
Cet ouvrage met en scène Saccard, personnage cupide, qui profitera des bouleversements générés à Paris pour amasser une immense fortune. Le titre de l'œuvre provient du terme "curée" utilisé en vénerie, qui autorise les chiens à manger les entrailles de la proie abattue, faisant référence aux hommes cupides qui se jettent sur la carcasse de Paris afin de spéculer et de gagner plus d'argent.
L'extrait étudié se situe entre les lignes 1et 78 de l'œuvre.
Nous allons mettre en évidence l'ambiguïté du contexte spatio-temporel de l'incipit ainsi que son caractère "in media rès", et l'attitude aristocratique et les mondanités présentes dans la vie de Renée.
Premièrement, lors de la première lecture de l'extrait, nous sommes littéralement plongés dans un récit dont nous ne connaissons pas le début. Le lecteur est confronté à une absence quasi-totale d'éléments qualifiants le lieu ou l'époque, si ce n'est quelques vagues allusions au Bois de Boulogne, "bord du lac" l.2, "au Bois" l.53, haut lieu de repos et de loisir de l'aristocratie impériale, ainsi que certaines évocations confuses quant à la saison actuelle, que nous parvenons toutefois à trouver grâce au champ lexical de l'automne et de la rousseur, caractéristique de la saison, mais aussi du ciel et du temps quelque peu mélancolique annonçant la proche arrivée de l'hiver, "un ciel d'octobre, d'un gris clair" l.5, "lumière rousse" l.8. D'une plus large manière, nous ne savons pas non plus (en l'absence de connaissances sur le Cycle des Rougon-Macquart) à quelle époque historique se situe le récit, bien que celle-ci puisse être aisément devinée grâce à la description des habits de Renée, "robe de soie mauve" l.36, "petit paletot de drap blanc" l.38, "mince chapeau orné d'une touffe de roses" l. 41-42, "binocle" l.47; et la présence abondante de carrosses et calèches en tout genre, "victoria" l.68, "coupé-égoïste" l.70, nous signifiant indubitablement, que nous sommes sous le Second Empire.
Néanmoins, ce qui nous conforte dans notre idée d'incipit "in media res" est le fait marquant d'avoir un dialogue ainsi que des références à des personnages qui nous sont toujours inconnus. Effectivement, la présence d'un dialogue entre deux personnes apparemment complices, renforce cette idée de projection du lecteur durant un récit en cours. En effet, la présence de tutoiement, "Vois donc" l.25, et la relation amicale qu'entretiennent ces deux personnes, accentuée par la présence de commérages mondains "je le croyais en fuite" l.28, et la citation de nobles qui nous sont encore inconnus "Laure d'Aurigny" l.24, dénote une certaine relation complice nous suggérant une intime proximité entre ces deux personnages, évoquant à son tour qu'ils se soient connus il y a déjà longtemps.
L'on remarquera par ailleurs la certaine classe sociale dépeinte dans cet extrait: l'aristocratie, au travers du portrait finement détaillé à la manière d'un peintre impressionniste, de Renée. L'auteur y décrit Renée comme une femme âgée au caractère superficiel, propre à l'aristocratie qui se voilait d'un tissu d'illusions et de mensonges afin de paraître plus grandioses, au moyen de termes relativement péjoratifs comme "convalescente" l.36, mais aussi grâce à sa description physique "front pur traversé d'une grande ride" l.44. De plus, grâce à la longue et précise description vestimentaire "robe de soie" l.36, "larges volants" l.37, "revers de velours" l.38, le lecteur devine immédiatement la classe aristocrate à laquelle Renée appartient. Quant à ses mœurs correspondant à celles de la noblesse de l'époque, on ne peut les discerner qu'au moyen d'une expression peu flatteuse "un grand air de crânerie" l.39, nous rendant compte de l'attitude narquoise qu'elle arbore, ainsi que grâce à son bref dialogue avec Maxime, dans lequel elle dit "Je la croyais en fuite (…) elle a changé la couleur de ses cheveux n'est ce pas?" nous laissant présager qu'elle passe son temps à écouter les rumeurs calomnieuses de la Cour et à houspiller duplicitement les autres dames aristocrates iniquement décriées, reflétant ainsi son attitude turpide et doucereuse nous dévoilant ainsi ses mœurs aristocratiques.
De plus, le défilé de carrosses et de landaus nous donne un aperçu de la gente fréquentant Renée, "la duchesse" l.66, "la baronne" l.68, "la comtesse" l.69. Cet univers grandiloquent et fermé nous indique implicitement que Renée est un personnage de haute importance, car une fois de plus, durant son dialogue, elle nous prouve qu'elle connaît la noble dont parle Maxime.
Ces notions nous amèneront à penser à l'existence, par la suite, d'une analepse, nous contant l'histoire de ces deux personnages ainsi que la façon dont ils se sont rencontrés.
Il n'est donc pas inepte d'affirmer que cet incipit singulier est un incipit "in media res" ayant pour premier objectif d'attirer l'attention du lecteur afin de l'inciter à poursuivre sa lecture.
L'on peut donc aisément affirmer que l'incipit étudié est un incipit "in media res", qui, nous plongeant au cœur de l'histoire nous mènera à une analepse qui nous expliquera les origines des personnes citées dans ce court extrait, nous apprenant entre autres les origines de Renée, nous éclairant sur ses attitudes aristocratiques et sa complicité avec Maxime, car elle semble être, dès le début de l'œuvre, au cœur de l'intrigue.
Cet incipit écrit de manière relativement singulière pourrait être apparenté à l'incipit de l'Assommoir, septième volume du Cycle, dont l'incipit est lui aussi "in media res". Zola use donc d'incipits romanesques afin de plonger le lecteur dans l'œuvre et l'inciter à lire le reste de l'œuvre, car à cette époque les romans étant publiés sous formes d'épisodes dans les journaux, Emile Zola devait s'assurer un maximum de lecteurs de sorte à gagner beaucoup d'argent. Mais cet incipit est aussi un incipit naturaliste. Ses romans ont une prétention scientifique, qu'il base sur le principe de l'hérédité. C'est pour cela qu'il fait usage d'incipits "in media res" afin de pouvoir user d'analepses et appuyer le caractère réel et authentique de ses récits.
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journée, il s'est surement déjà passé bien des choses durant la journée.
En effet, il s'agit bien de début de soirée, somme entémoigne ces phrases : "Le ciel se couchait".
Zola ajoute qu'il s'agit d'un ciel d'octobre, qui symbolise donc l'automne, et doncla fin de l'été, la saison la où toutes les feuilles tombent.
Ce mot "octobre" connote donc la fin, et donc cela conforte l'idée dudébut in media res, car, puisque c'est la fin, il s'est surement passé quelque chose avant, encore une fois.
2) Des ambiguïtés sur les lieux et le temps.
Comme dit précédemment, l'histoire commence dans un lieu champêtre, mais pas seulement.
En effet, on peut diviser lesindications de lieux en deux parties:Espace de nature : - "Le bord du lac"On peut remarquer que Zola utilise beaucoup de répétition, des leit motiv.).
Par exemple, tout au long du livre, onremarquera que Zola reprend souvent la myopie de Renée, son regard, et cette "son front pur traversé d'une grande ride".
Cette description est donc une description impressionniste par touche d'accumulation de détails, et une lumière trèsprésente.
Zola utilise une technique impressionniste, comme les peintres, car Zola est marqué par la peinture.
Il jouebeaucoup avec la lumière, avec des tâches de couleurs un peu partout sur son "tableau", comme en témoigne le champlexical de la lumière très présent : "Le soleil se couchait" " ciel d'octobre" "gris clair" "lumière rousse et pâle" "lueur d'or""dernier rayon qui tombait" "clarté rousse".Il y a aussi beaucoup de mots concernant la couleur "boutons de cuivre" "gros bleu" "gilets rayés noir et jaune" "cocardenoire" calèche jaune paille".
Le ton dominant est tout de même le rouge orangé.
Le temps est introduit dans le roman de Zola, il essaie de faire varier le temps dans l'espace "la lumière pâlie" "les rayonstombaient".
Cette scène fait donc penser au cinéma.
On peut considérer cette oeuvre comme une oeuvre pré-cinématographique, avec une lecture qui fait penser à un zoom avant.
En effet, Zola nous décrit la scène dans un plan large,en décrivant le paysage, puis resserre le plan et parle de la calèche, puis zoom encore un petit peu, et décrit, dans un pland'ensemble Renée et Maxime, et enfin, un très gros plan en décrivant et finissant sa description par les yeux de Renée.
En conclusion, cet incipit, un à la fois un incipit classique, donnant des informations dur les 5 W (what, when, why, who,where, qui veut donc dire, quoi, quand, pourquoi, qui, où), mais des ambiguïtés sur des informations concernant le lieu, lespersonnages, avec de nombreuses allusions à la suite de l'histoire, imprécises, et que l'on ne découvrira que plus tard dans lelivre.
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