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Commentaire Sur L'Épilogue De L'Ecume Des Jours De Boris Vian

Publié le 21/10/2012

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L'Ecume des jours, qui demeure l'oeuvre la plus connue de Boris Vian, a été publié en 1947, juste après la seconde guerre mondiale. Boris Vian (1920-1959) est entré dans la postérité pour son oeuvre engagée. Amoureux des idées, jongleur de mots, il s'essaie à touslesgenredelittérature.Ce roman développe de nombreux thèmes au gré desquels évoluent ses personnages : amour, jazz, religion, irréel, tristesse, temps, mort, humanité... L'Écume des jours commence de façon idyllique et devient sombre et triste par la mort des jeunes héros. Cette histoire émouvante et tragique est hantée par l'angoisse de la maladie qui détruit la jeunesse.L'Epilogue est très particulier car, après la mort de celle qu'il aime (Chloé), Colin a perdu toute raison de vivre. Une souris va être si touchée qu'elle demande à un chat de l'aider à mettre fin à ses jours...Déresponsabilisation des personnages : Aucun personnage n'est responsable de la mort de la souris.Dans ce passage, il y a 13 personnages (interprétation possible de la cène) :-> La souris qui meurt et qui accepte de mourir.-> Le chat qui provoque la mort.-> Les 11 petites filles aveugles qui ne participe pas directement à la mort de la souris mais qui ne peuvent pas l'empêcher.Arguments :Lignes 3 et 4 : « Je suis encore jeune et jusqu'au dernier moment, j'étais bien nourrie. «-> La souris se vente de ses qualités gastronomiques.Ligne 5 : « Mais je suis bien nourri aussi, dit le chat. «-> Le chat n'a aucune raison de manger la souris.Lignes 5 à 7 : « Et je n'ai pas du tout envie de me suicider, alors tu vois pourquoi je trouve ça anormal. «-> Le chat ne comprend pas pourquoi la souris veut mourir. Il hésite donc à l'aider.Ligne 8 : « C'est que tu ne l'as pas vu, demanda la souris. «(Colin se rend chaque jour au cimetière.)-> La souris pense donc qui ne l'a comprend pas puisqu'il n'a pas vécu les même choses.Lignes 10 et 11 : « Qu'est-ce qu'il fait? demanda le chat. Il n'avait pas très envie de le savoir. Il faisait chaud et ses poils étaient t... (Cha pitre LXV...

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« (Cha pitre LXVIII , p.

333-335) Voici l’un des pas sages les plus célèbres de L’Écume des jours , le cha pitre qui clôt le roman et met à dis tance les per son nages, pour ne plus conser ver qu’une petite fl amme vacil lante, une sou - ris en per di tion qui, tout au long du récit, sym bo lise l’esprit d’enfance et la joie de vivre. C’est là un texte impor tant, à la fois en ce qu’il cou ronne la dyna mique de décom po si tion qui, peu à peu, a envahi le récit, et met en jeu des pro cé dés et des moyens tout à fait ori gi naux. Les per son nages, dans cet ultime dia logue, sont défi ni ti ve ment dépos sédés de l’ini tiative de la mort et confi és aux aléas déri soires du hasard et du des tin. On sera ainsi tenté, à tra vers le jeu du chat et de la sou ris, de voir la consé cra tion de l’humour et de la déri sion, et, au- delà même, celle du roman de l’absurde dont la for tune s’étend encore chez les auteurs contem po rains et gou verne notre vision du monde. Le jeu du chat et de la sou ris Le texte est tout entier cen tré sur la reprise et la défor ma tion d’un thème cou rant, presque pro - ver bial : le jeu du chat et de la sou ris, consa cré et popu la risé par de nom breux des sins ani més, dont le célèbre « Tom et Jerry ».

C’est là l’image conven tion nelle et éter nelle du chas seur et de sa proie, des ver tus et des dan gers de la chasse, de la malice de la proie, de sa capa cité enfi n à se déro ber à la menace per ma nente du chas seur… Sauf qu’au terme du roman de Vian, la dyna mique est à plat, et le chat- chasseur peu décidé à accom plir sa tâche : si Colin est abîmé dans l’attente d’un nénu phar déri soire, le chat repu, lui, refuse, d’exé cu ter le der nier clap… Dès la pre mière réplique, il avoue sa non cha lance et son dés in té rêt : « Vrai ment, dit le chat, ça ne m’inté resse pas énor mé ment.

» S’en suit un échange argumentatif peu fruc tueux, où toutes les bonnes rai sons du monde s’évanouissent face à la replétion et à la las si tude : « Tu as tort, dit la sou ris.

Je suis encore jeune, et jus qu’au der nier moment, j’étais bien nour rie.

» Et le chat de rétor quer : « Mais je suis bien nourri aussi.

» L’atmo sphère moite, la cha leur, l’ennui et la non cha lance du chat, tout contri bue à bri ser le jeu et à réduire le texte à l’échange de paroles quand le lec teur atten drait l’action.

Alors, pour jus ti fi er son sui cide, la sou ris de s’attar der sur un tableau pitoyable des der niers ins tants de Colin : « C’est que tu ne l’as pas vu, dit la sou ris […].

Il est au bord de l’eau, il attend, et quand c’est l’heure, il va sur la planche et s’arrête au milieu.

» Une des crip tion qui évoque une attente pareille à la sienne, sen sible dans le choix des verbes (absence de mou ve ment) et qui fi nit par convaincre le chat… Sans assu rance cepen dant, sans commu nion ni cha leur, dans l’attente d’un hasard favo rable… « Mets ta tête dans ma gueule, dit le chat, et attends. – Ça peut durer long temps ? demanda la sou ris. – Le temps que quelqu’un me marche sur la queue, dit le chat.

» Jeu absurde et déri soire donc, où le face à face du chat et de la sou ris se mue en une attente pas sive qui dénonce la faillite de la volonté et du dés ir. Lec ture métho dique 5 Humour et déri sion Cet échec ne masque pas cepen dant l’humour qui affl eure par tout dans le texte.

Il joue d’abord dans l’inver sion d’une situa tion conven tion nelle, où le chat n’a plus que le rôle d’une bête désa bu - sée, ins tru ment méca nique d’un sui cide sans convic tion.

Ce qui se donne à lire en effet à tra vers le sui cide de la sou ris, c’est pour Colin la fi n de la vie, qu’il condamne lui- même à s’enli ser : il n’est plus temps pour l’amou reux consumé, dans cette époque de séche resse et d’amer tume, de subli mer sa dou leur dans le silence du recueille ment et de la nuit (Stendhal, La Char treuse de Parme ), et encore moins dans la fi èvre de l’acti vité (Balzac, Le Lys dans la val lée ) ; l’amant déçu n’a plus qu’à attendre au bord du gouffre, dans ce pay sage palu déen où il rumine sa ran - coeur contre la fl eur mau dite.

Sa déter mi na tion même est mena cée par une fi n hasar deuse et pitoyable : « Un de ces jours, il va faire un faux pas en allant sur cette grande planche », pré voit la sou ris.. »

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