COMMENTAIRE: SUPPLÉMENT AU VOYAGE DE BOUGAINVILLE (1772), DIDEROT.

« « tu es devenu féroce entre les leurs », « elles ont commencé à se haïr », « vous vous êtes égorgé s pour elles », « elles nous sont revenus teintes de votre sang ».

Il y a une contamination de la violence des occidentaux aux Tahitiens.

Enfin, le tahitien dénonce l’esclavage et l’asservissement des tahitiens : « tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage », « qui es -tu donc pour faire des esclaves ? ».

Il souligne ses propos grâce à un hypothétique inversement des rôles où l es tahitiens sont les colonisateurs et les européens les esclaves : « Si un tahitien débarquait un jour sur vos côtes et qu’il gravât sur une de vos pierres ou sur l’écorce d’un de vos arbres : Ce pays est aux habitants de Tahiti , qu’en penserais - tu ? », « Tu n’es pas esclave, tu souffrirais plutôt la mort que de l’être, et tu veux nous asservir ! », « quel droit à tu sur lui qu’il n’ait pas sur toi ? », « Tu es venu ; nous sommes nous jetés sur ta personne ? », « Avons -nous pillé ton vaisseau ? », « T’av ons-nous saisi et exposé aux flèches de nos ennemis ? », « T’avons -nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ? ».

Ce procédé montre l’illégitimité de la situation.

L’opposition de ces deux modes de civilisation, permet au lecteur, au même titre que le vieillard de s’indigner de tels comportements de la part des européens.

Diderot à travers la voix du tahitien s'oppose ainsi aux lumières de la civilisation que tentent d'imposer les colons et rejette la colonisati on que pratiquent ces derniers : « Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières.

».

Le tahitien oppose les méfaits de la civilisation aux bienfaits de la vie naturelle.

Après avoir fait le blâme de la colonisation il fait donc l’éloge de la vie naturelle.

La loi naturelle est basé e sur quat re valeurs essentielles : l’innocence, la liberté, la tolérance et la simplicité.

Il défend une société s’appuyant sur l’ innocence qui mène au bonheur : « nous sommes innocents, nous sommes heureux » .

A travers ce récit, Diderot montre que le bonheur est favorisé par l’absence de propriété (« Ici tout est à tous », « Nos filles et nos femmes nous sont communes » ).

Pour lui , suivre la loi naturelle permet de ne pas faire de distin ction entre le tien e t le mien : « nous suivons le pur instinct de la nature », « ici tout est à tous ».

Ce que les européens qualifient d’ignorance (« ce que tu appelles notre ignorance ») est en fait l’innocence, la sagesse qui conduit au bonheur.

Le vieillard défend égalem ent les concepts de liberté et de tolérance.

Il oppose deux périodes, avant et après l’arrivée des colons : « Nous sommes libres, et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage.

», « tu veux nous asservir ».

Par une accumulation de questions rhétoriques il interroge Bougainville sur l’esclavage et la privation de liberté : «Ce pays est à toi ? Et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ? », « Tu crois donc que le Tahitien ne sait pas défendre sa liberté et mourir ? », « Quel d roit as-tu sur lui qu’il n’est pas sur toi ? », « Tu es venu ; nous sommes nous jetés sur ta personne ? ».

« Nous avons respecté notre image en toi ».

Par cette phrase, le tahitien exprime le respect et la tolérance dont les tahitiens ont fait preuve envers Bougainville mais également le manque de tolérance des européens et l’injustice des colons.

Le vieillard utilise un discours argumentatif afin de racont er les méfaits de la colonisation Il cherche à persuader.

Il s’adresse à la sensibilité de Bougainville et à travers lui, à celle des lecteurs.. »