Commentaire : « Sed non Satiata » de Charles Baudelaire
Publié le 14/09/2011
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Le titre « Sed non satiata « vient d’un poème latin de Juvénal, où le thème principale était le désir pour une femme du nom de Messaline. Dans son poème Charles Baudelaire fait référence à une de ses maîtresses, Jeanne Duval que l’on peut reconnaître par les métaphores sur sa couleur de peau. Le poème est composé de deux quatrains et deux tercets. Le premier quatrain évoque le physique de la femme à qui il s’adresse, le deuxième est porté sur le désir de l’auteur pour cette femme. Dans le premier tercet, il est complètement possédé par cette femme et il n’est plus capable de se contrôler tandis que dans le dernier tercet il prend conscience qu’il ne peut assouvir tous les désirs de cette femme. On en vient à se demander comment l’auteur exprime t’il son désir pour cette femme qu’il qualifie de « sorcière « ? Nous montrerons l’expression du désir de l’auteur, pour une femme à l’âme noir.
«
Charles Baudelaire est un poète français du XIXème siècle qui inclut la modernité comme motif poétique et romptavec l'esthétique classique.
Jeanne Duval est une femme originaire de Saint Domingue avec laquelle Baudelaireentretiendra une relation tumultueuse et charnelle.
Elle devient sa muse, ce qui le poussera à écrire de nombreuxpoèmes lui rendant hommage.
Ces poèmes sont présents dans son recueil Les Fleurs du Mal dont celui-ci, Sed NonSatiata, qui est un poème d’apparence classique mais qui se veut en réalité très moderne.
En quoi ce poème est-ilalors une poésie moderne ? Il serait intéressant de voir que l’auteur suit la thématique poétique habituelle, puis devoir qu’il désacralise le statut de cette femme.
Dans ce poème, l’auteur suit une thématique habituelle dans la poésie qui est celle de l’amour et des femmes,puisqu’il entretient une relation particulière avec cette femme.
C’est une femme qu’il désir visiblement et qui estsynonyme d’exotisme.
La femme présente dans ce texte est une femme que l’auteur désir, il la décrit avec un début de texte saturé dequalificatifs tels que « bizarre déité » et « brume comme les nuits » v.1, « sorcière au flanc d’ébène » v.4 et « deuxgrands yeux noirs » v.9.
Il utilise ses sens de l’odorat pour décrire son « parfum » v.2, de la vue pour ses « grandsyeux noirs», du gout pour « l’élixir » v.6 et du toucher pour sa « bouche » v.6, synonyme d’amour pour le poète.Toutes ces références ont pour but de mettre en valeur la supériorité de cette femme.
Il avoue la préférée à denombreuses drogues telles que la « constance », « l’opium » et le « nuit » ce qui révèle un véritable envoutement etune dépendance à cette femme.
Aussi la qualifier de « sorcière » v.4 montre qu’elle détient un véritable pouvoir surlui auquel il ne peut rien.Cette femme est également synonyme d’exotisme pour le poète, lorsqu’il parle de son « parfum mélangé de musc etde Havane » v.2 qui est un parfum exotique, mais rappelle aussi une féminité sauvage.
La femme noire de peau,« brume » v.1, est aussi une référence à son exotisme puisqu’elle est issue des iles avec l’emploi du champ lexical dumot noir : « brume » v.1, « ébène » v.4, « noirs minuits » v.4, « yeux noirs » v.9.
On note également la présence determes qui évoquent un monde éloigné tels que « Havane » v.2, « savane » v.3, et « ébène » v.4.
Par là l’auteurveut évoquer quelque chose de lointain et dépayser le lecteur, de même que par le terme « obi » v.3.
L’auteur utilise donc la thématique de l’amour et de la femme dans ce poème mais cette thématique estcontroversée puisque l’auteur cherche à désacraliser le statut de la femme en la montrant comme l’incarnation dudiable et montre son impuissance vis-à-vis d’elle.
Ici la femme est diabolisée, elle n’est plus une belle de base : c’est une femme objet surpuissante.
Baudelairecommence à désacraliser cette femme en la décrivant femme comme une grande source de problèmes avec lestermes « Tes yeux sont la citerne ou boivent mes ennuis » v.8, il la décrit en commençant par son parfum puis aumoment d’arriver aux yeux c’est la désillusion car l’auteur accède à un autre monde malheureusement infernal.
C’estune décente aux enfers qui l’amène à la qualifier de démon par le champ lexical du noir qui renvoie à l’enfer, par ladescription de la force de ses « grands yeux noirs » v.9, et par l’utilisation de nombreuses références à l’enfer tellesque « obi » v.3, « Faust » v.
3, « le Styx » v.11, « Mégère libertine » v.13 et « l’enfer de ton lit» v.14.
Le poèteutilise une ponctuation expressive pour montrer la cruauté de cette femme aux vers 10 12 et 14 avec « Ô démonsans pitié ! », « Hélas ! » et « Proserpine ! ».
L’auteur décrit cette femme comme une « sorcière » v.4 et finit par laqualifier de démon et de « mégère libertine » v.13, ceci montre une dégradation de ce que pense d’elle Baudelaire.Ce poème montre son impuissance face à cette femme diabolique par « je ne puis » v.12 et demande sa pitié auvers 10 lorsqu’il dit : « Ô démon sans pitié ! verse-moi moins de flamme ».
Le vers 6 « L’élixir de ta bouche oùl’amour se pavane » montre que pour cette femme monstrueuse l’amour est fier, arrogant et qu’il le nargue en sepavanant.
Il est possible de percevoir chez l’auteur une tendance sado masochiste au niveau psychologique due aufait qu’il continu à aimer une femme dont il ne peut assouvir l’appétit sexuel, et donc qu’il ne peut satisfaire.
L’auteurse plaint de pas être le « Styx » v.11 pour la satisfaire neuf fois, car le Styx est le fleuve qui entoure les enfers.
Elleest surnommée «enfant des noirs minuits » v.4 qui est l’heure du plaisir sexuel par excellence.
Aussi, l’emploi de laréférence à « Proserpine » v.14, qui est la déesse des enfers pour les romains, montre que cette femme ressent desattirances pour les femmes ce qui accentue la sensation d’impuissance de l’auteur.
Il avoue ne pas être une femmeet est à ce moment dans l’impossibilité totale de la satisfaire.
Ce texte est donc un poème moderne puisqu’il traite un thème très courant dans la poésie qui est la femme, tout enlui donnant paradoxalement une image satanique.
Ce poème de Baudelaire est atypique comparé à d’autres poèmesparlant de la femme de façon méliorative comme celui de Gérard de Nerval Une Allée du Luxembourg..
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