Commentaire rédigé Les fenêtres Baudelaire
Publié le 12/04/2022
Extrait du document
«
Baudelaire a cherché à écrire un équivalent du recueil de poèmes en prose d'Aloysius Bertrand
Gaspard de la nuit.
Mais à la différence de celui-ci, qui avait décrit « la vie ancienne, si étrangement
pittoresque », Baudelaire voudrait peindre « une vie moderne ».
Il s'attache donc particulièrement à la
poésie de la ville.
Le poème « Les Fenêtres », extrait du Spleen de Paris, recueil qui ne fut publié qu'en
1869, après la mort de Baudelaire, est assez représentatif de cette esthétique.
Le poète choisit de s'y
pencher sur un objet extrêmement commun et banal: la fenêtre.
Après une introduction générale sur les
fenêtres, il relate une expérience personnelle : le poète explique comment, à partir de ce qu'il a vu à travers
la fenêtre et de son imagination, il a réussi à créer une œuvre.
Comment Baudelaire parvient-il à donner à la fenêtre, objet très banal, une fonction poétique ?
Nous nous pencherons dans un premier temps sur l'importance de la fenêtre, à la fois comme cadre pour le
regard et comme lieu de découverte de la vie.
Puis nous nous demanderons comment le poète utilise ce
qu'il voit à travers la fenêtre pour créer une œuvre poétique et nous nous interrogerons enfin sur la
fonction, le rôle de cette création.
La fenêtre est un écran entre l'intérieur et l'extérieur, mais c'est un écran transparent, à
travers lequel on peut voir.
La fenêtre constitue donc une limite, mais offre également une ouverture: elle
est à la fois ce qui sépare, en tant qu'obstacle physique, et ce qui relie, par sa transparence.
La fenêtre
permet donc de voir, d'observer ce qui se passe de l'autre côté; et c'est précisément à partir de la
perception visuelle que se construit tout le poème.
Le champ lexical du regard est en effet très présent
dans ce texte : « regarde », lignes 1 et 2, « voit », ligne 1, « voir », ligne 4,« j'aperçois », ligne 6.
Le poète
énonce d'abord des considérations générales.
La généralité s'exprime par les tournures impersonnelles :
« il n'est pas de », ligne 2, « celui qui », ligne 1, on peut », ligne 3.
À partir du deuxième paragraphe, le «je»
apparaît et relate une expérience personnelle, le regard est fondamental, puisque c'est de lui que tout
découle.
L'histoire inventée par le poète, ainsi que le dialogue fictif de la fin, prennent appui sur ce que le
poète a vu.
Il est intéressant d'observer que le regard ne va pas de l'intérieur vers l'extérieur; la fenêtre n'est pas
considérée ici dans sa fonction habituelle d'ouverture sur le monde.
Baudelaire inverse le sens du
regard: il parle du regard provenant «du dehors », ligne 1.
Il s'intéresse à ce qui se passe à l'intérieur des
habitations.
Ce qui est intéressant pour lui, c'est ce qui se passe « derrière une vitre », ligne 5, « dans ce
trou», ligne 5.
La fenêtre est donc un cadre à l'intérieur duquel le poète regarde.
Toutes les fenêtres ne
sont cependant pas équivalentes pour le poète, et ce dernier les classe en fonction de certaines
caractéristiques.
Donnant son titre au poème, la fenêtre est l'élément essentiel et central du texte.
Mais toutes ne
conviennent pas de la même façon au poète.
Baudelaire effectue une sorte de classement entre les
différents types de fenêtres.
différencie ainsi la « fenêtre ouverte» et « la fenêtre fermée », lignes 1 et 2.
Puis il évoque la fenêtre « éclairée d'une chandelle », ligne 3.
Le poète établit des comparaisons entre les
propriétés de ces différentes fenêtres; il emploie une proposition comparative : « celui qui regarde [...] ne
voit jamais autant que celui qui », ligne 1, soulignant ainsi la préférence accordée aux fenêtres fermées.
Puis le poète emploie une énumération d'adjectifs au superlatif: plus profond, plus mystérieux, plus fécond,
plus ténébreux, plus éblouissant », lignes 2 et 3, mettant en évidence les vertus de la fenêtre éclairée.
De
plus, les adjectifs qualifiant cette fenêtre éclairée sont très positifs, mystérieux », « fécond », « éblouissant
».
On remarque également l'antithèse entre « ténébreux» et «éblouissant» qui donne un tour poétique au
texte.
Le caractère élogieux dans la description de la fenêtre se précise donc tout au long du poème.
Mais
quel est son rôle ? Que permet-elle au poète ?
La fenêtre est intéressante parce qu'elle permet de découvrir de nombreux éléments.
Ainsi, dans le premier
paragraphe, l'indication « autant de choses », ligne 1, présente la fenêtre comme un lieu de
connaissances.
De plus, les adjectifs qualificatifs associés à la fenêtre « éclairée d'une chandelle »,
comme « profond» et surtout « fécond», ligne 3, insistent sur l'idée que la fenêtre recèle et dissimule une
multitude d'éléments: le poète pourra y découvrir des trésors insoupçonnés.
On trouve également ligne 4,.
»
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