Commentaire littéraire tirade de phèdre (racine) acte I, scène 3
Publié le 07/10/2018
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trois verbes dont le sens exprime une confusion croissante. La rapidité de ce coup de foudre qui s'abat sur la jeune femme est mise en valeur par l'homéotéleute portant sur le son 'i' qui rythme le vers. Phèdre est totalement bouleversée, ce choc amoureux la paralyse ce qui est souligné par la négation : « Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ». Ses sens sont touchés, ses sensations trahissent un dérèglement de son corps : « Je sentis tout mon corps et transir et brûler » la répétition de la conjonction de coordination insiste sur ce paradoxe. Racine, pour exprimer la violence des sensations ressenties par Phèdre, a recours à des procédés stylistiques pour mettre en valeur les mots traduisant l'état de la jeune femme.
2/ Le récit du coup de foudre à Oenone révèle bien plus que le fait de tomber amoureux. En effet, c'est une véritable maladie d'amour qui s'abat sur Phèdre ce qui la détruit et l'aliène. Pour raconter le calvaire qu'elle vit, Phèdre utilise le lieu commun du feu afin de traduire la force de
cette passion qui consume toute son énergie : « brûler, feux redoutables ». Elle tente de retourner cette folie destructrice contre celui même qui en est la cause : Hipppolyte. Le champ lexical de la violence : « persécuter, exil arrachèrent », illustre cette idée. Cependant la destruction physique se double d'une destruction mentale et donc d'une aliénation. On relève un champ lexical de la dépossession : « un trouble, mon âme éperdue, ma raison égarée ». Le spectateur comprend l'état de Phèdre grâce à ce qu'elle dit, mais il constate aussi face à la difficulté de l'aveu, qu'elle sombre progressivement dans la folie, faute de pouvoir dominer la situation.
III/ Au moment où Phèdre avoue, le spectateur sait qu'elle est condamnée, car le récit qu'elle fait à Oenone semble dérouler son destin et la fatalité est présente.
1/ Le destin de Phèdre semble être déjà écrit, les modalisateurs « mon bonheur semblait être affermi » et « je crus les détourner » trahissent le fait que toute tentative pour échapper au destin est vouée à l'échec. La présence de trois adjectifs composés du préfixe négatif -in : « inévitables, incurable, impuissants » renforce cette idée. La rencontre d'Hippolyte a marqué une rupture dans la vie de Phèdre, ce qui est visible par le changement de temps : le passé simple vient remplacer l'imparfait : « mon bonheur semblait être affermi, Athènes me montra mon superbe ennemi. ». La personnification de la ville d'Athènes insiste sur la disproportion entre l'énergie de Phèdre pour lutter et la force dont dispose la déesse Vénus. Phèdre devient donc, faute de pouvoir se défendre, l'esclave de son amour, elle s'affaisse progressivement sous le poids de sa passion : elle qui brûlait de l'encens « sur les autels (vers284) » s'abaisse « au pied des autels (vers 287) ». Le spectateur se demande alors si Phèdre ne serait pas la première des victimes
«
pousse à manquer parfois de sincérité dans ses propos.
1/ Le sentiment de culpabilité qui trouble la jeune femme est
perceptible tout au long de l’extrait.
En effet, elle désigne
son mari et le fils de ce
dernier en recourant à des périphrases afin de nuancer le choc
de la révélation.
Elle espère ainsi atténuer la honte qu’elle
ressent : « fils d’Egée » désigne Thésée, tandis que « superbe
ennemi » désigne Hippolyte.
Il faut attendre le vers 286 pour
que Phèdre prononce le nom de celui qu’elle aime.
Cependant on
constate que la culpabilité plane au-dessus de la jeune femme
: bien que Thésée ne soit pas sur scène au moment de l’aveu,
il est tout de même présent à l’esprit de Phèdre puisqu’il
‘encadre’ l’extrait : dans le vers 269, on trouve « fils
d’Egée », tandis qu’au vers 296, on relève l’adjectif «
paternels ».
Phèdre semble marquée du sceau de l’infamie,
c’est pour cette raison qu’elle tente de se disculper en
dissociant d’elle-même les parties de son corps qui la
trahissent : aux vers 285-286, « ma bouche » s’oppose au
pronom personnel « je », tandis qu’aux vers 290-291, la groupe
nominal « mes yeux » s’oppose toujours au pronom personnel «
je ».
Phèdre n’assume pas l’amour coupable qu’elle nourrit
pour Hippolyte.
2/ La jeune femme, faute d’être capable de dominer ses
sentiments, tente de limiter sa responsabilité, ce qui conduit
le spectateur à déceler parfois dans son discours un manque de
sincérité.
Elle se trahit d’ailleurs lorsqu’elle dit : « Je
lui
bâtis un temple, et pris soin de l’orner », le spectateur
comprend que Phèdre désire implorer la déesse Vénus pour être
libérée de sa passion.
Pourtant, aux vers 287-288 « J’offrais
tout à ce dieu que je n’osais nommer », on comprend que le
substantif « dieu » n’a pas pour référent Vénus mais Hippolyte
! Autrement dit, Phèdre construit un temple dédié à Vénus mais
dans lequel elle semble cultiver son amour pour le fils de son
mari.
De plus, lorsqu’elle fait bannir Hippolyte, elle ne
lutte pas contre son amour mais contre l’objet de son amour.
La violence de la séparation mise en valeur par la métaphore
de la séparation : « sein et bras paternels » précédée par un
verbe violent « arrachèrent », indique clairement l’erreur de
Phèdre.
En effet, bannit-elle Hippolyte des bras de son père
ou de son esprit ? Bien que le spectateur ne puisse pas douter
de la réalité de la souffrance de Phèdre, il peut tout de même
se demander si Phèdre, paradoxalement, ne combat pas son amour
en le cultivant.
II/ Outre la honte ressentie, ce qui ne facilite pas l’aveu,
Phèdre se heurte également à la difficulté de raconter.
Ce
qu’elle éprouve est violent et traduit la destruction physique
et mentale de sa personne.
1/ La passion ressentie par la jeune femme, est une passion
soudaine qui semble parcourir tout son corps pour se déployer
en elle et ainsi totalement la dominer.
Le vers 273 : « Je le
vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; » illustre cette idée : le
parallélisme de construction permet de mettre en valeur les
2.
»
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