Commentaire Littéraire: tirade de la scène 2 de l’acte V, Dom Juan
Publié le 19/05/2020
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Jean-Baptiste Polequin dit Molière est un comédien et dramaturge Français né le 15 Janvier 1622 et mort le 17 février 1673. Après l’interdiction de représentation de sa pièce Tartuffe en 1664, Molière se voit dans l’obligation de monter une nouvelle pièce. Il écrit donc Dom Juan une adaptation de la pièce « El burador de Sevilla » écrit par Tirso de Molina en 1630. Dans cette pièce Molière à l’intention de dénoncer le libertinage et l’hypocrisie sous toutes ses formes, comme il l’a fait dans Tartuffe pour critiquer l’hypocrisie des dévots. Dans la scène 2 de l’Acte Molière va faire un éloge et à la fois une dénonciation de l’hypocrisie. Nous allons nous demander comment Dom Juan fait un éloge paradoxal de l’hypocrisie. Nous allons y répondre à l’aide de trois axes : Dom Juan maitrise l’art du discours qui lui sert de défendre l’hypocrisie et enfin le double sens de cette tirade, derrière laquelle se cachent les idées de Molière.
Dans la tirade la scène 2 de l’acte V, Dom Juan s’adresse à Sganarelle, mais n’attend en réalité aucune réponse de sa part, comme le montre sa question rhétorique : « Combien crois-tu que j’en connaisse [...] les plus méchants hommes du monde ? » qui a enfaite pour but de persuader son interlocuteur. Il manie l’art du discours en rendant son argumentation convaincante par le présent de vérité générale et la généralisation de ses propos. Il utilise ainsi des tournures impersonnels comme « on », mais aussi des sujets vagues comme « tous », « ils », « l’homme du bien », « qui », « ceux »... Il utilise aussi des proverbes renforçant la généralisation : « Qui en choque un, se les jette tous sur les bras », « C’est ainsi qu’il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu’un sage esprit s’accommode des vices de son siècle ». De même, pour appuyer son argumentation Molière emploie de nombreuses métaphores qui créent des images fortes dans l’esprit des lecteurs : « ferme la bouche », « à force de grimaces » , « les singes », « ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse »... Au début de cette tirade de l’acte 5 scène 2 Dom Juan cherche à montrer que l’hypocrisie est une vertu, et montre qu’elle est un stratagème, largement utilisé par ses contemporains. La généralisation du début de la tirade lui permet d’appliquer ces idées à son cas personnel, il passe ainsi à la première personne du singulier : « que je veux me sauver », « je verrai », « je voudrai »... Molière passe donc d’une théorie générale à un exemple particulier, qui sert à illustrer et appuyer ses propos. Cette maîtrise du discours permet à Dom Juan de faire ce qui paraît une chose étonnante : faire un éloge, louer l’hypocrisie.
«
Dom Juan montre tout d’abord que l’hypocrisie est certes un vice, mais « un
vice à la mode », l’hypocrisie passe donc pour une vertu.
D’ailleurs le pronom
« on » qui est beaucoup utilisé montre une généralisation c’est donc normal
que Dom Juan soit lui aussi hypocrite, il n’est pas plus condamnable qu’un
autre.
La tirade de l’acte V scène 2 est par ailleurs truffé de termes mélioratifs
et d’hyperboles pour qualifier les actions de l’hypocrite : il joue le « meilleur de
tous les personnages «, « il obtient de merveilleux avantages », « c’est un
art », « un vice privilégié », « un abri favorable ».
Dom Juan démontre tous
ces merveilleux avantages » : c’est tout d’abord un art qui inspire le respect :
« C’est un art de qui l’imposture est toujours respectée [...] on n’ose rien dire
contre elle.
L’hypocrite peut ainsi agir en toute liberté, personne ne viendra lui
reprocher ce vice déguisé en vertu.
C’est une pratique qui crée des liens entre
les gens : « On lie [...] une société étroite avec tous les gens du parti ».
Elle
permet ainsi d’attaquer ou de défendre collectivement : « Qui en choque un,
se les jette tous sur les bras », « si je viens à être découvert, je verrai, sans
me remuer, prendre mes intérêt à toute la cabale, et je serai défendu par elle
envers et contre tous ».
Il monte par là que le simple fait d’être défendu par les
autres hypocrites.
Se mettre à l’abri par l’hypocrisie lui permet de poursuivre
son libertinage sans être inquiété.
Enfin, il se qualifie lui-même de « sage
esprit » car une attitude hypocrite lui permettra de « profiter des faiblesses des
hommes » en toute impunité, et notamment de pouvoir juger et condamner
ses contemporains sous un prétexte : la religion.
Cette tirade en faveur de
l’hypocrisie ne cache pas la conscience que Dom Juan a de l’immortalité de
ses actes.
Il sait parfaitement que les hypocrites peuvent être « les plus
méchants du monde » et que personne ne leur dira rien.
Cette tirade se
présente certes comme un éloge, mais elle permet également à Molière de
dresser, par la voix de Dom Juan, un portrait critique de ses contemporains,
notamment les dévots qui on fait interdire Tartuffe.
Dans sa tirade de l’acte V scène 2, Dom Juan emploie le vocabulaire des
déguisements et du théâtre pour parler de l’hypocrisie.
Ainsi, l’hypocrite joue
un personnage, c’est une profession et un art, il porte des costumes, et fait
des « grimaces », cela nous rappelle le jeu d’acteur.
Par ailleurs le mot
hypocrite provient du grec hupokritês qui signifie acteur.
Molière rappelle ainsi
au public qu’il est entrain d’assister à un pièce de théâtre : un acteur joue le
personnage Dom Juan qui lui-même joue un personnage, celui de l’hypocrite.
En rappelant le cadre théâtrale dans lequel est prononcée cette tirade, Molière
se réfère à un événement qui se situe dans la réalité et non dans la pièce :
l’interdiction de Tartuffe.
Il profite de ce discours pour exprimer de sévères.
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