Commentaire littéraire sur « Cliton », Les Caractères de Théophraste
Publié le 29/03/2022
Extrait du document
«
Dans « Les caractères », Théophraste faits ressortir les traits saillants de
l’Homme avec une certaine visée anthropologique, il fixe les gens par type et
dresse un répertoire de la condition humaine.
De même, La Bruyère dans « les
caractères et mœurs de ce siècle » reprend ce travail et on voit véritablement
dans son œuvre une volonté didactique de renseigner sur les passions, les vices,
les travers de l’humain.
Ainsi dans le Caractère de « Cliton », 122ème morceaux
du chapitre XI, la Bruyère critique l’orgueil à travers son personnage.
Je vous
propose donc de le lire dès à présent.
*lecture*
Nous étudierons donc ce caractère à travers la question suivante « Comment La
Bruyère critique l’orgueil humain à travers son personnage ? » Pour y répondre
nous verrons dans un premier temps le portrait ridicule d’un monomaniaque et
dans un deuxième le spectacle satirique de l’orgueil humain.
Dans le 1er mouvement, le portrait ridicule d’un monomaniaque, on remarque,
justement, dès la première phrase la monomanie de Cliton : la nourriture.
En
effet la double négation restrictive dans « n’a jamais eu en toute sa vie que deux
affaires » et dans « il ne semble né que pour la digestion » nous fait nous
focaliser sur cette unique obsession, la digestion.
Le personnage est alors réduit
en ces traits et nous est présenté comme le type du glouton.
Cette même idée
est appuyée à travers l’hyperbole dans « toute sa vie ».
On note également une
forme d’ironie à travers le terme « affaires ».
En effet celui-ci connote un certain
sérieux ou une forme d’importance en décalage avec la trivialité du sujet abordé.
Cela a pour effet de créer un comique de situation.
Néanmoins on note que ce
caractère prend une forme énigmatique.
En effet dans la dernière proposition de
la phrase, le verbe « sembler » créé une ambiguïté qui nous invite à nous
demander si la nourriture ne dissimule pas une autre obsession.
De même le
prénom Cliton, très peu courant au XVIIème siècle nous invite également à nous
questionner sur ce caractère.
Dans la seconde phrase, on constate que Cliton
plus que de ne faire que manger ne parle que de nourriture.
Cela s’exprime
encore une fois par une négation restrictive dans « il n’a de même qu’un
entretien » mais également à travers l’énumération et un champ lexical très
étoffé de la nourriture « potages » « entremets » »plats » « hors
d’œuvre » « fruit » « assiettes » … Ainsi on observe dans la forme même de la
phrase cette digestion et donc cette obsession qui revient sans cesse.
De plus on
note également la mise en valeur de l’égocentrisme du personnage.
Celle-ci
passe par la prolifération du prénom « il ».
Cette répétition nous montre le
véritable intérêt de Cliton : Le personnage ne parle que de nourriture mais à
travers cela il ne parle véritablement que de lui.
Ainsi se révèle le véritable
caractère du personnage par le dégonflement ironique crée par le décalage entre
la connotation sérieuse de « posséder le langage » et la trivialité « des
cuisines » de même pour le mot « entretien ».
S’ajoute à cette même idée la
syllepse sur le verbe « s’étendre ».
Bien sur Cliton s’étend en place, il étend sa
parole à mesure que la phrase s’étend mais surtout il s’étend dans son orgueil, il
se gonfle d’orgueil.
On en a la confirmation à travers la modélisation du
narrateur dans « il me fait envie de manger à une bonne table ou il ne soit pas ».
Cette intervention donne une réponse au caractère énigmatique que l’on
soulevait précédemment, l’obsession qu’à Cliton pour la nourriture cache la.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire Littéraire La Bruyère, Les Caractères, « De la société », 9
- La Bruyère, les Caractères (étude littéraire)
- commentaire: De la cour de La bruyère in les "Caractères"
- commentaire littéraire incendies: Wajdi Mouawad, Incendies
- Commentaire Littéraire La Mort du roi Tsongor, Laurent Gaudé