Commentaire littéraire: Lorenzaccio, Acte III scène 3.

Particulièrement dans cette scène, Lorenzo incarne parfaitement l'image du héros romantique à proprement parlé. En effet, au 19ème siècle, naît le "héros romantique". Les écrivains romantiques tels que Hugo ou Musset en sont les inventeurs principaux, et écrivent les aventures de leurs héros romantiques, en suivant une sorte de shéma. Les héros romantiques les plus célèbres, bien que connaissant de grandes différences, sont fondamentalement "bâtis" sur un même modèle. Le héros romantique doit illustrer l'esthétique romantique. Il est seul contre tout, et contre tous. Incompris, mélancolique et tourmenté, sa personnalité est complexe et difficile à cerner, à la fois pour lui-même mais aussi pour les autres personnages, ainsi que pour le lecteur-spectateur. C'est tout à fait le cas de Lorenzo, qui, sous cette personnalité complexe, cache en fait une mélancolie et un malêtre profonds. Lorenzo se cache sous un masque d'homme vil, débauché, malhonnête et complice d'un tyran. Conformément à l'idée que l'on se fait du héros romantique, il est en fait bel et bien un "héro" au sens qu'on l'entend aujourd'hui : il est prêt à prendre des risques pour défendre ses convictions, son idéologie; son acte héroïque doit avoir des répercutions personnelles mais également sur le peuple, et ainsi le libérer d'une emprise négative et tyrannique : "je jette la nature humaine à pile ou face sur la tombe d'Alexandre; dans deux jours les hommes comparaîtront devant le tribunal de ma volonté.". Lorenzo est une contradiction à lui seul, sa tirade traduit quelques unes de ses contradictions internes, comme lorsqu'il justifie son meurtre prochain par le fait qu'il lui permettra de retrouver sa vertu perdue, tout en annonçant qu'il la pense définitivement perdue "Si je pouvais revenir à ma vertu.. MAIS j'aime le vin, le jeu et les filles ..".