Commentaire Littéraire : La Fable
Publié le 17/05/2013
Extrait du document
«
On distingue également le talent dans La Fontaine dans la subtile alternance de r écit et de paroles,
rapport
ées au discours direct ou indirect. Toujours à la mani ère de personnage de th éâ tre, le lion est per çu
dans sa tristesse, puis dans une terrible col
ère (v.33 à 38). De plus, on observe une mise en ab îme (le
discours de la Lionne est au sein m
ême du discours du cerf) au vers 44 puisque le cerf raconte sa rencontre
avec la Reine, en la "laissant parler" pour donner plus de poids
à son discours.
La r
éaction des courtisans est d’ailleurs imm édiate puisqu’ils crient : "Miracle ! Apoth éose !" (v. 50) En
revanche, la d
énonciation du comportement du cerf aupr ès du Roi est racont ée au discours indirect comme
pour mieux en souligner le secret : "Un flatteur l’alla dire, et soutint qu’on l’avait vu rire" (v.2829).
L'auteur de cette fable op
ère un adroit m élange entre les r éférences au monde humain et celles au monde
animal. On retrouve le monde animal
à travers les noms des personnages : "Lion, cerf, loups", leur lieu
d'habitation : "antre, dans les bois" ainsi que le cri du Lion : "rugit". Cependant, le monde humain prends
rapidement le dessus sur les caract
éristiques animales. On observe une personnification des animaux. D ès le
titre, "Les obs
èques" ne s'appliquent qu' à des hommes. Au vers 36, le lion est d éfinit avec de "sacr és ongles".
De plus, le lion a « une femme » comme le cerf qui a aussi « un fils ». Le rapport hi
érarchique est également
conserv
és : "roi, reine, prince, pr évôts, courtisans". Le comportement des animaux est semblable à la
psychologie humaine. Le fabuliste exprime la souffrance, la col
ère, la violence et l'autorit é du Lion et le m épris
qu'il
éprouve à l'égard du cerf trait é de "ch étif h ôte des bois" (v. 33). L'hypocrisie et la m échancet é des
courtisans est mise en valeur, ils ne ratent pas une occasion de d
énoncer un autre aupr ès du Roi. On
remarque
également la coquetterie et l'orgueil de la reine qui aime se savoir regrett ée : "Laisse agir quelque
temps le d
ésespoir du Roi" (v. 48) renforc é par le rejet au vers 49 : "J'y prends plaisir".
La Fontaine utilise
également des r éférences propre au monde humain. Ainsi, on trouve dans cette fable le
champs lexical chr
étien : "saint, profanes, immolez, Salomon, miracles" et pa ïen : apoth éose". Il ins ère
é
galement des termes mythologiques comme "champs Elysiens, les dieux, m ânes".
L'art du r
écit qui s éduit autant le lecteur est mis au service de la critique morale et sociale. En effet,
l'implication du fabuliste est tr
ès importante dans cette fable. Il intervient fr équemment et prend à témoin le
lecteur : "Jugez" (v.11). Il fait une digression du vers 17 au vers 23 qu'il souligne avec le vers 24 : "Pour en
revenir
à notre affaire". Il est important de noter qu'il y prend la parole à la premi ère personne, ce qui est
assez rare dans les fables de La Fontaine : "Je d
éfinis" (v.17). L'auteur commente aussi son r écit à travers de
remarques subtilement ins
érées "Comment e ûtil pu faire ?" (v.25) ; "comme dit Salomon (v.30) ; "mais ce
cerf n'avait pas accoutum
é de lire" (v.32).
Quelques fois, il ins
ère un commentaire ironique par le choix habile d'un mot plut ôt qu'un autre : les
Courtisans qu'il appelle "messieurs les courtisans " qui "rugissent en leur patois" (v. 16). Ces remarques
inspire le faux respect, le m
épris des gens de cour.
Dans sa fable, Jean de La Fontaine fait une lourde critique de la cour et du pouvoir royal. Il condamne
l'absence de sens moral, la servilit
é et l'hypocrisie de la cour, à la fois dans son r écit quand dans sa
digression. Il marque l'opposition de l'
être et du para ître dans les vers 19 et 20 : "[...] ou, s'ils ne peuvent l' être,
t
âchent au moins de le para ître"
qui est mis en valeur par la rime en fin de chaque vers.
Les courtisans sont d
ésign és par des m étaphores qui soulignent leur capacit é du faire semblant : "Peuple
singe, peuple cam
éléon" (v. 21). Ils sont compar és à "de simples ressorts" (v.23), comme s'ils étaient des
machines sans esprits ni
âmes. Ils r éagissent en fonction de l'attitude du roi et pleurent ainsi " à son exemple"
(v. 15).
Il montre aussi l'instabilit
é des comportements qui fait de la cour un milieu o ù les changements
d’humeur et de sentiments sont fr
équents par la juxtaposition des adjectifs oppos és : « tristes, gais » (v. 18) et
par le chiasme .
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