Commentaire littéraire discours de Danton
Publié le 15/07/2013
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«
texte, ne laisse aucune place à la repartie ou simplement à la réponse.
Interpellé sous le vocable de « citoyens » afin que l’enjeu n’échappe à
personne, l’auditoire doit percevoir que Danton ne parle pas ici en son nom
propre ou dans son intérêt personnel : c’est pourquoi il va progressivement
faire disparaître la première personne de son discours, et la formule
d’ordre (« Je somme » l.
1) va devenir : « L’humanité vous l’ordonne » (l.
13)
puis : « le salut du peuple exige » (l.
18).
Ainsi l’orateur s’efface derrière
l’intérêt supérieur de la nation et se présente simplement comme un
médiateur.
Cela n’empêche pas qu’à d’autres reprises Danton puisse
utiliser l’artifice de la question rhétorique : « Quoi, citoyens […] vous
pourriez vous séparer… ? », ou l’impératif péremptoire : « eh bien,
arrachez-les vous-mêmes… ».
Mais les enjeux du discours exigent plus : il faut galvaniser l’auditoire
afin de montrer que la mesure implacable qui est demandée (l’institution
d’un tribunal Révolutionnaire) est justifiée par la guerre et le climat
délétère (dangereux, pernicieux) qui l’entoure à l’intérieur du pays.
C’est le
rôle confié au lexique de la violence qui parcourt les propos de Danton : le
nom « crime » (l.
14 et 16), les adjectifs « audacieux » (l.
10) qui a son sens
péjoratif, et « provocateurs » qui rejoint l’idée d’agression, pour parler de
ceux qu’il faut pourchasser, mais aussi le nom « vengeance » (l.
9) et
l’expression « mesures terribles » (l.
18), les formes verbales « punissent » (l.
7), « épouvantent », « atteignent » (l.
17), pour évoquer l’action du tribunal
à venir.
On peut ajouter à cette liste les termes utilisés par Danton pour
désigner les adversaires désignés : « les contre-révolutionnaires (l.
7), les
ennemis de la liberté (l.
9), provocateurs (l.
10), les rebelles (l.
17), les
coupables (l.
18) ».
On voit bien que nommer la violence de ces derniers,
c’est justifier par anticipation celle qui sera employée contre eux.
Le discours de Danton mobilisateur dans sa forme est donc en train de
constituer les fondements et les justifications de l’épouvantable Comité de
Salut public de sinistre mémoire.
Bien que sommaire, l’argumentation qui justifie la demande de
constitution du tribunal rappelle à plusieurs reprises, et par différents
moyens, l’urgence de la situation : ainsi, en sommant l’Assemblée de ne pas
se séparer avant qu’une décision n’ait été prise, Danton montre que le
temps n’est plus aux tergiversations ; en utilisant le vocabulaire militaire («
quitter [vos] postes ») ou en rappelant la situation des armées de la
République
(« Dumouriez enveloppé »), il signifie que la lutte interne prend les allures
d’une guerre ; en nourrissant son discours des termes les plus nobles de
l’action politique, « le salut du peuple, le salut de la chose publique,.
»
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