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Commentaire linéaire Lettres Persanes Lettre 37

Publié le 20/03/2024

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« Introduction : DST du 06/12/2023 Proposition de corrigé : lettre 37 des Lettres persanes (captatio) Poussés par « l’envie de savoir », deux Persans, Usbek et Ricca, quittent Ispahan et découvrent, à Paris, les coutumes et les modes de vie français, lors des dernières années du règne de Louis XIV.

(présentation) Telle est l’intrigue des Lettres persanes, roman épistolaire que Montesquieu fait publier anonymement, en Hollande en 1721.

Cette publication sans nom d’auteur assoit davantage le succès du recueil, qui égratigne largement les mœurs du début du XVIIIe siècle.

(caractérisation du passage) Dans la lettre 37, Usbek livre à son ami Ibben un portrait sans concession du Roi-Soleil, et décrit de façon acerbe les dernières années de son règne.

La peinture est globalement défavorable puisque le souverain est attaqué tant au niveau de son âge que de ses goûts et de sa gestion de l’Etat. (problématique) Il s’agira ici de montrer que la « couleur orientale » fonctionne comme un procédé argumentatif subtil, qui permet de critiquer, sans en avoir l’air, les nombreuses incohérences de la monarchie louis-quatorzienne.  Plan possible et pistes de développement pour une analyse linéaire I/ l.

1-14 : le Roi-Soleil, un despote incohérent II/ l.

15-27 : le Roi-Soleil, un mauvais administrateur de l’Etat I/ Le Roi-Soleil, un despote incohérent (rappel : depuis la traduction en français des Contes des mille et une nuits par Antoine Galland en 1704, l’Orient est un sujet littéraire à la mode.

Montesquieu se souviendra de cette traduction et crée les personnages d’Usbek et de Ricca, qui s’étonnent faussement des différences entre culture persane et civilisation française.) - le point de vue d’un étranger : noms et lieux persans (le destinataire, l’expéditeur, ainsi que le lieu de séjour de ce dernier en tête de la lettre « Usbek à Ibben, à Smyrne »), tout comme la date persane à la fin (« le 7 de la lune de Maharram ») donnent immédiatement à la page une couleur orientale artificielle, susceptible d’amuser le lecteur, qui croit lire le témoignage d’un véritable étranger.

De plus, le Persan qu’est Usbek multiplie les allusions à la Perse, ce que souligne l’usage fréquent du déterminant possessif « nos », « notre », et l’usage de la première personne du pluriel (« nous n’avons point d’exemple, dans nos histoires » ligne 1 ; « le gouvernement de notre auguste sultan » ligne 5).

Tout est fait pour faire croire que c’est véritablement un voyageur oriental qui prend la plume. - dès le premier paragraphe, mise en avant du roi Louis XIV : lexique mélioratif qui insiste sur sa grandeur (« talent », « génie » l.

2-3) - périphrase de la première phrase désigne Louis XIV par son statut politique, et non par son nom : insistance sur ce statut. - de même, négation + adverbe d’intensité dans la deuxième phrase qui insiste bien sur le caractère unique de la durée de son règne.

Comme n’importe quel touriste qui découvre (ou fait mine de découvrir) une culture qui n’est pas la sienne, Usbek fait part de sa surprise, et insiste sur les caract éristiques surprenantes du monarque français, au moyen de tournures exprimant l’ébahissement. Le ton semble donc au départ élogieux.

Pourtant, l’éloge est en fait ironique, moqueur, et de nombreuses expressions soulignent le caractère despotique du Roi-Soleil, qui décide seul : - Au travers de la figure de la litote (« il possède à un haut degré le talent de se faire obéir » lignes 2 et 3), Montesquieu dénonce implicitement le caractère despotique du roi. - Parataxe ligne 3 « il gouverne avec le même génie sa famille, sa cour, son Etat.

» donne ici l’image d’un souverain au pouvoir absolu, qui gouverne de façon identique sa famille et son royaume. - De plus, le parallèle entre culture orientale et mœurs françaises (« tant il fait cas de la politique orientale » lignes 5 et 6) est une critique à peine masquée : au XVIIIe siècle, l’Orient reste perçu comme le symbole du raffinement, mais aussi de la cruauté et du despotisme. 1 Le deuxième paragraphe est placé sous le signe de la contradiction, ce que révèlent le mot-clef « contradictions » (ligne 7) et les nombreuses antithèses présente dans l’énumération allant de la ligne 7 à 12. L’incohérence du roi se manifeste dans cinq domaines : - Contradiction entre l’âge de son ministre (« il a un ministre qui n’a que dix-huit ans » ligne 7) et celui de sa maîtresse (« quatre-vingts » ligne 8).

Les allusions ne sont pas toujours claires et doivent être précisées : si la « vieille maîtresse » est Madame de Maintenon, le ministre de dix-huit ans peut être Louvois (ministre de la guerre non pas à 18 mais à 21 ans), Jérôme de Pontchartrain, conseiller au Parlement à 18 ans ou son propre fils, monsieur de Maurepas, secrétaire d’Etat à la Marine et à la Maison du Roi à … 14 ans ! Dans tous les cas, la condamnation est double : Louis XIV est un homme aux mœurs légères, et un homme politique incompétent, qui choisit mal ses ministres. - Attitude hypocrite vis-à-vis de la religion : en apparence, Louis XIV est un souverain chrétien (« il aime sa religion »), pourtant, il n’en supporte pas les règles strictes (« ne peut souffrir ceux qui disent qu’il la faut observer avec rigueur).

Le blâme est avéré : dans les faits, le comportement du souverain adultère (a fait coexister, en plus de son épouse officielle, la reine Marie-Thérèse, deux favorites) a longtemps été contraire aux commandements de l’Eglise.

Alors qu’il est désigné comme le représentant de Dieu sur Terre, il refuse d’observer les préceptes religieux avec rigueur : paradoxe. - Un roi au comportement social paradoxal : est décrit tel un misanthrope (« il fuie le tumulte des villes », « il se communique peu » ligne 9) mais est fortement préoccupé par son apparence et son existence sociale (« il n’est occupé, depuis le matin jusques au soir, qu’à faire parler de lui » ligne 10).

Fuit le monde mais prend grand soin de son image. - Incohérences dans la gestion des conflits militaires : Louis XIV est présenté, sur un mode épique, tel un souverain conquérant, avide de victoires militaires (« aime les trophées et les victoires » ligne 10), mais, dans le même temps, témoigne de la méfiance envers ses généraux qui pourraient faire obstacle à son pouvoir (« mais il craint autant de voir un bon général à la tête de ses troupes » ligne 11).

Image, contradictoire, d’un conquérant peureux. - Aberrations quant à la gestion financière de la France : Montesquieu oppose ici la richesse personnelle du souverain (superlatif « plus de richesses » ligne 13) avec la pauvreté de son royaume (« accablé d’une pauvreté qu’un particulier ne pourrait soutenir » ligne 14).

Image d’un souverain égoïste, qui vit dans le faste pendant que son peuple meurt de faim. De plus, les verbes renvoyant au champ lexical du plaisir, du goût (« il aime » répété deux fois, et que l’on retrouvera dans le paragraphe suivant, « il ne peut souffrir », « il craint ») révèle que les choix politiques de Louis XIV ne sont.... »

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