Commentaire: La fleur de farine
Publié le 15/09/2018
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La ruse se décompose entrois temps : les préparatifs, effectués par le nain sans discrétion excessive ; la mise en acte, c'est-à-dire la sortie du roi à minuit, emmenant avec lui le nain, et laissant la chambre dans une obscurité complice et tentante ; enfin l'intervention brutale, qui prend les amants quasiment sur le fait, et se conclut par une sorte de procès-verbal. On pourrait comparer ce constat d'adultère du xii» siècle à ceux du roman bourgeois du xix», avec huissiers, témoins, etc.
Ill. L'écriture de la faute
Cependant, Tristan et Yseut ne sont pas « pris provez » au sens où ils le seront dans l'épisode du verger qui provoquera le départ pour l'exil de Tristan. Ils ont le temps de « faire leur plaisir », et Tristan a rejoint le lit d'Yseut, comme il l'a fait en maintes autres occasions. Mais la faute des amants est donnée à lire par les signes, les « lettres » de sang qui s'inscrivent de manière claire et indéniable sur les draps.
«
de
témoins à charge, le nain maléfique qui veut se venger de son pre
mier échec et qui est l'artisan actif de la tromperie à tous les niveaux,
le roi, dans son double personnage de traître qui tient sa partie dans
le scénario prévu et de mar i bafoué lorsque la faute est « ap erte ''
(ma nifeste ).
La ruse se décompose en trois temps : les préparatifs, effectués par
le nain sans discrétion excessive ; la mise en acte, c'est-à-dire la sor
tie du roi à minui t, em menant avec lui le nain, et laissant la cham bre
dans une obscurité complice et tentante ; enfin l'intervention brutale,
qui prend les aman ts quasi ment sur le fait, et se conclut par une sorte
de procès-v erbal.
On pourrait comparer ce constat d'adul tère du Xli•
siècle à ceux du roman bourgeois du XIX•, avec huissiers, témoins, etc.
Ill.
L'écriture de la faute
Cependant, Tristan et Yseut ne sont pas" pris provez " au sens où
ils le seront dans l'épisode du verger qui provoquera le dépar t pour l'exil
de Trist an.
Ils ont le temps de« faire leur plaisir "· et Tristan a rejoint
le lit d'Yseut, comme ill' a fait en mai ntes autres occasions .
Mais la
faute des aman ts est donnée à lire par les signes, les« lettres "de sang
qui s'inscrivent de manière claire et indéniable sur les draps.
Il faut noter
d'a illeurs que la révélation ne se produit pas de la manière prévue, puis
que Tristan évite le piège de la fleur de farine, mais acqui ert une dimen
sion plus spectaculaire encore.
Draps page blanche, sang encre qui
signe le crime et appelle le châtiment : c' est la prépondérance inat
tendue de l'écrit dans la civilis ation médiéva le, qui ne rend les choses
réel/es qu'après qu'elles ont été« mises en escrit "·Le sang de la bles
sure de Tristan est d'ailleur s la métonymie d'une autre blessure, celle
d'Y seut sur la nef qui les ramène d'Irlande, et montre à tout le monde
ce dont seul le roi devrait avoir à con naître.
Mais il ne peut y avoi r d'am our sans qu'il y ait du sang et de la dou
leur, comme l'indique la scène symétrique de la Charrette de Chrétien
de Troyes où Lancelot rompt de ses main s qu'i l ensanglante les bar
reaux de la cham bre de Guen ièvre, et tache lui aussi les draps.
Le spec
tacle de Tristan et Yseut déclarés coupables par le sang qui « crie "
contre eux (comme dans le conte de Barb e Bleue) est, conformément
au goût médiéva l, un emb lème de toute l'œuvre de Béroul..
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