Commentaire : « La comédie du langage », Jean Tardieu
Publié le 08/05/2013
Extrait du document


«
Dans cet extrait Tardieu nous livre un monologue habituel.
Mais contrairement à la
coutume qui veut qu’au théâtre la première parole prononcée soit un monologue d’un
personnage seul sur scène, la situation est ici très peu conforme à la réalité, tant par la
longueur que par le contenu du discours.
C’est un artifice pour présenter l’action, l’espace,
le temps, le registre et les personnages car ici il s'adresse à son public.
Dans le cas
présent, le personnage est effectivement seul sur scène et annonce qu’il est là pour se
présenter « Je me présente » et annoncer ce qui va se passer « il y aura un crime » Dans
ce monologue, Dubois Dupont s'adresse plus particulièrement au publique et l'interpelle.
Il
n'est pourtant pas son interlocuteur.
Une telle situation de communication relève de la
convention théâtrale et ne correspond pas à une situation de communication réelle.
Par
ailleurs, grâce à de multiples occurrences du pronom personnel de la deuxième personne
du pluriel « vous » (lignes 9, 11, 12, 16, 19, 21) le procédé de la double énonciation est
renforcé.
C’est un artifice théâtral qui permet au spectateur d’être tenu informé de la
situation en cours, qui ne correspond en rien à une situation réelle.
Les questions
rhétoriques attendues sans réponses « Vous avez entendu ? », « Vous voyez ? », « Vous
entendez ? », « Pourquoi ? » font aussi partie du jeu adressées aux spectateurs , ajoutant
de l’invraisemblance à cette fausse situation de communication.
Suite à ce monologue
qualifié comme dialogue de sourd, l’auteur nous peint entre temps le portrait d’un
personnage caméléon.
En effet, La présentation que Dupont fait de lui-même le fait apparaître comme un
personnage de théâtre et non comme un homme réel.
Il entre en scène en tant qu'invité
participant au bal donné par le Baron « Les invités viennent tour à tour se présenter sur
scène.
Le premier d’entre eux est Dubois Dupont » .
Après s’être présenté sous son
patronyme « Dubois » puis sous son pseudonyme « Dupont » le spectateur apprend à la
fin de l’extrait que le personnage fait partie des invités de la fête donnée par le baron Z…
« Je vais disparaître un instant, pour me mêler incognito à la foule étincelante des invités »
Mais ce n’est pas la fonction qu’il avance au départ, puisqu’il se présente comme étant un
« détective privé » mais dont « Tous les autres ignorent l’identité ».
Au final, il remet lui-
même en cause sa propre identité « J’ai tellement d’identités différentes ! » ajoutant donc
de la confusion à une situation qui est loin d’être claire pour le spectateur.
Ainsi présenté,
le personnage caméléon aux rôles interchangeables met en valeur l’aspect théâtral du rôle
et l’éloigne ainsi d’une quelconque vraisemblance.
Sa façon de se « mêler incognito » à la
foule renvoie le personnage à un rôle d’acteur, ce que confirme son affirmation « on me
prend pour ce que je ne suis pas ».
Il redevient donc comédien, soulignant ainsi le
personnage de théâtre qui apparaît sur scène.
Cet effet camouflage du personnage met
donc en relief une absurdité totale dans les propos qu’il tient.
L’absurde de la situation est marqué avant tout par l’absence de logique qui rend la
situation encore moins crédible : ainsi, la justification du nom et du pseudonyme n’a aucun
sens logique.
Le spectateur ne peut adhérer à l’explication « Dubois / Dupont / Smith »,
qui devient factice puisque rien n’a été apportée pour la justifier.
L’absence de raison pour
expliquer sa présence sur les lieux et la répétition, pour seul argument, du mot
« mystérieuses », décrédibilise à nouveau le personnage et la situation.
D’ailleurs, le personnage lui-même est mis à mal.
La didascalie précisant les modalités de
son apparition « il est vêtu d’un « plaid » à pèlerine et à grands carreaux et coiffé d’une
casquette assortie « genre anglais ».
Il tient à la main une branche d’arbre en fleur » en
fait un personnage ridicule, surtout tenant un tel artifice naturel à la main et accoutré de
façon si burlesque.
Le décalage entre la fonction de détective privé, associée à la
discrétion, et l’aspect exubérant de la tenue vestimentaire rend ce personnage
particulièrement amusant aux yeux du spectateur, qui ne voit en lui qu’un M.
Loyal,
comme le confirme sa capacité à déclencher et arrêter la musique, jeu auquel il semble
prendre un plaisir considérable.
On dirait donc qu'il s'agît d'un homme loyal sur une scène
de cirque.
D’autre part Le langage utilisé dans ce texte met en évidence l'absence de.
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