Commentaire Kant: Critique de la raison pratique
Publié le 10/11/2012
Extrait du document
«
donner aucun accès à une expérience possible, et, par suite, à aucune extension de nos
connaissances (lignes 1 à 4)
A- Dès le début du texte, Kant se place sur le terrain de la métaphysique.
1) Il présuppose en effet que la liberté est quelque chose de métaphysique :
En effet, il dit bien que le concept de liberté est une des Idées de la raison pure spéculative, Idées
qui sont l’apanage de la raison spéculative –raison faisant un usage métaphysique des concepts de
l’entendement.
Si ce n’est que dans la suite du texte que le contenu, ou le sens, de cette idée sera déterminé, nous
devons dès maintenant y référer pour bien saisir toute l’importance de la question que se pose ici
Kant (« d’où vient que (ce concept) possède exclusivement une si grande fécondité ? »).
L'idée
spéculative ou rationnelle de la liberté stipule que la liberté est une certaine sorte de causalité, mais
qu’elle est « inconditionnée », et, comme il le dit dans la fin du texte, intellectuelle -ceci, certes,
après sa démonstration, mais, toutefois, nous pouvons dire que Kant suppose tout de suite que cette
idée de liberté, si elle correspond à quelque chose, nous place dans le terrain ou dans le champ du
suprasensible, ie, au-delà de l’expérience possible, comme il l’a assez montré tout au long de sa
Critique de la raison pure, où il critiquait les prétentions de toute métaphysique dogmatique à dire
quoi que ce soit de sensé ou de réel.
2) La liberté est métaphysique : sa signification du côté spéculatif -la liberté ne peut étendre nos
connaissances théoriques, puisqu’elle appartient, ou est quelque chose, de suprasensible.
Le problème posé par cette idée de liberté, est à la fois celui de savoir si cette idée est possible, et si
elle est réelle, apparaît donc bien du fait de cette appartenance : en effet, le statut des idées
métaphysiques, ou “rationnelles”, semble bien nous indiquer que nous sommes ici sur un terrain où,
normalement, nous ne pouvons rendre ces idées effectives, ou avoir affaire, à travers elles, à
quelque chose de réel.
B- Mais il y a un moyen (pratique) de lui donner une signification légitime : elle a un statut
particulier -étant liberté, elle a à voir avec le domaine pratique, en plus du domaine
suprasensible
Si donc on ne peut, selon Kant, avoir accès à des connaissances par l’intermédiaire de
l’entendement seul, il reste que ces idées, si elles n’ont reçu aucune signification théorique, aucun
usage légitime, elles pourront avoir un usage “pratique”.
Pratique, pour Kant, réfère, comme chez Aristote par exemple, au domaine de l’action, mais, plus
spécifiquement, à l’action qui n’est déterminée par aucune inclination sensible, mais qui n’est due
qu’à la causalité de la raison, qui a le pouvoir de se déterminer indépendamment des conditions
sensibles.
On voit donc que pratique englobe dans sa signification à la fois la volonté, la raison, et la liberté. Mais avant de pouvoir déterminer la signification pratique de la liberté, et étendre par là nos connaissances, il nous faut nous assurer, ce que Kant veut ici faire, de la possibilité de la liberté, au niveau de la constitution de l’expérience par notre entendement et ses catégories. Nous pouvons noter ici que le fait de dire que la liberté nous apporte, même si ce n’est qu’au niveau pratique, une connaissance, nous indique quel est l’enjeu du texte et de la question posée au début : en effet, cet enjeu n’est-il pas de sauver la morale ? Pour que nos actes nous soient imputables, pour que nous soyons dits « libres », ne faut-il pas que nos actes ne soient pas le simple résultat des causes antécédentes ? Tel est la signification spéculative de la liberté… Ne faut-il pas que nous fassions exception au déterminisme causal/ naturel, pour que la liberté possible ?. »
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