Commentaire en deux parties de l'indigent philosophe de Marivaux
Publié le 29/04/2013
Extrait du document


«
particulier pour atteindre à la généralité, à l’universel.
Ici c’est le cas du « bon
gaillard », d’un « bon vivant » qui tout d’un coup se met à composer un ouvrage des
plus sérieux.
A-t-il des capacités extraordinaires ? Non.
Il est simplement fidèle à
sa nature, à la nature qui elle aussi agit dans « ce beau désordre » l.11.
On a
effectivement une confirmation de la thèse par une analogie avec la nature, preuve
naturelle qui ne demande aucun effort et peut être constatée par tous.
Raisonnement
inductif donc d’un emploi des plus judicieux puisqu’il permet à tout un chacun de
pouvoir s’identifier et se reconnaître dans ce portrait.
Procédé réutilisé dans le
5 ème
paragraphe (les gens sérieux, les gais, les tristes, les fous, enfin [] tout le
monde.
)
Bref en généralisant, on englobe ? Et nous avons tous, et c’est humain, des
moments où la fantaisie l’emporte sur le sérieux.
Sommes-nous pour autant incapables
d’être sérieux quand il le faut, attentifs, dignes de grandes choses ? Ce n’est en
tout cas pas l’avis de Marivaux qui a mis tout son talent à prouver le contraire avec
rigueur et originalité.
B)l’originalité
Originalité qui tient en plusieurs points.
Tout d’abord il semble que
l’exemple utilisé soit volontairement déplaisant pour l’époque, voire déplacé.
Qu’attendre de sérieux effectivement d’un « bon gaillard » à qui on ne prête en fait
aucune qualité si ce n’est celle de s’adonner à certains plaisirs? Et même
aujourd’hui, on n’en attendrait pas grand chose.
Et ce serait encore un préjugé à
combattre, et qu’on vaincrait aisément en citant Villon, Hugo, Rimbaud, et bien
d’autres.
Un exemple original donc pour combattre un préjugé qui ne l’est pas.
L’humour de ce texte contribue aussi à l’originalité de l’auteur.
On est en
présence d’un essai qui défend une thèse importante et remet en cause les capacités
de l’esprit ; ce qui n’est pas rien.
Et pourtant Marivaux se permet de traiter de
cela avec un ton qu’on pourrait qualifier de léger (« je me moque des règles », « je
ne vous dois rien », utilisation d’hyperboles, constructions antinomiques,
répétitions abusives (je veux (x3)).) ) si nous ne venions pas de démontrer avec
quelle rigueur argumentative il construit son texte.
Le dernier point tiendrait dans l’éthos, càd dans l’image que l’auteur nous
donne de lui.
Image des plus ambiguës qui semble-t-il confine au narcissisme.
On a en
effet la nette impression qu’il a une haute opinion de lui-même « que tout le monde
me cite, et vous verrez qu’on me citera» l.25, «je suis un homme magnifique» l.35.
Mais même cette tournure hyperbolique du dernier exemple laisse à penser que derrière
cette « prétendue prétention » se cache autre chose.
De l’ironie ? Peut-être, mais
peut-être pas, puisque cela signifierait que l’auteur ne prend pas du tout à son
compte les propos du narrateur.
Or peut-on objectivement penser que c’est
radicalement le cas ici ? Marivaux veut-il vraiment nous dire qu’il n’a rien
d’intéressant à formuler ? Alors pourquoi ce texte et cette rigueur dans la
démonstration ?
L’originalité tiendrait donc aussi dans ce flou, cette incertitude dans laquelle nous
laisse Marivaux quant à l’image qu’il veut nous donner de lui.
Doit-on encore
véritablement le prendre au sérieux quand il proclame son irresponsabilité face aux
attentes peut-être non comblées du public (« je ne vous promets rien, je ne jure de
rien (l.29)» ; « je ne vous dois rien (l.32) »).
Une image trouble donc, fantaisiste,
originale qui nous rappelle que Marivaux veut être un homme et non un auteur.
Ceci
expliquerait donc cela.
Car selon lui l’esprit humain doit suivre sa/la nature, et
procéder dans un « beau désordre ».
Etre un homme mais non un auteur, écrire selon sa fantaisie.
Point qui a son
importance puisqu’il remet en cause les règles établies.
Et la forme particulière
qu’est l’essai n’est sans doute pas anodine dans le traitement de ce sujet.
III un genre particulier pour une écriture (pensée) particulière
a)une écriture anti-académique
b)un genre particulier.
»
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