Commentaire : « En attendant Godot » de S.Beckett: la scène d'exposition
Publié le 22/03/2012
Extrait du document
En 1952, Samuel Beckett (1906-1989) met en scène « En attendant Godot «. Cet écrivain irlandais, poète et à la fois dramaturge était très pessimiste devant la condition humaine. Il reliait beaucoup ce pessimisme à l’humour. La scène d’exposition de cette pièce présente deux vagabonds, Vladimir et Estragon, qui attendent, dans un paysage de campagne, quelqu’un : Godot. Ils ne savent même pas s’il viendra et ne savent pas exactement qui il est, ni ce que ce personnage pourrait leur apporter. Pour autant, en attendant qu’il arrive, si tant est qu’il vienne, ils entament une discussion assez absurde sur leurs plaintes, leurs anciens souvenirs, avec de légers désaccords quelconques avec quelques interruptions.
Par quels moyens peut-on dire que cette scène d’exposition du XXème siècle mélange l’absurde au tragique tout en s’éloignant des tragédies classiques ?
En effet, la scène d’exposition est plus ou moins étonnante, avec la mise en place de stratagèmes menant à une certaine absurdité ou farce. Cette scène permet pour finir de tirer certains thèmes employés par Beckett.
«
aussi sur les souffrances dues à ces objets.
Au début de la scène, Vladimir demande à
Estragon ce qu’il fait, et ce dernier lui répond : - « Je me déchausse.
Ca ne t’est jamais arrivé,
à toi ? » (l.
9), ceci montre bien qu’ils parlent de choses qui n’intéresse pas et qu’ils ne
doivent pas avoir grand-chose à dire d’autre, à part peut être d’autre farce comme celle-ci.
Par
la suite, Vladimir réplique : - « Depuis le temps que je te dise qu’il faut les enlever tous les
jours.
» (l.
11) : encore une réplique assez aberrante, c’est une manière d’occuper le vide
pourrait-on dire ou même c’est parler pour rien dire.
On peut citer d’autres répliques : -
« Essaie de la remettre.
» (l.
53) de Vladimir en parlant de la chaussure d’Estragon et : - « Je
vais le laisser respirer un peu.
» (l.54) répond ce dernier en parlant de son pied.
Ces sujets de
discussion bas ici, sont totalement à l’inverse des discussions dans les tragédies classiques qui
portaient sur des sujets plutôt élevés : des enjeux politiques, problèmes familiaux, religieux…
Ensuite, ces deux protagonistes sont quelque part, pour attendre quelqu’un : un certain
Godot.
Cette attente est très étrange car ce Godot, nous ne savons pas qui c’est, peut-être un
personnage maléfique, Dieu ? Nous pouvons nous demander pourquoi ils l’attendent, par
espoir d’obtenir quelque chose de lui probablement.
Cette situation est assez incongrue, c’est
une attente interminable, Godot ne viendra sûrement jamais.
Il est dit dans le para-texte que
ces clochards se retrouvent pour un rendez-vous avec Godot, « un personnage hypothétique »,
ce qui montre bien le flou quant à la personnalité de ce personnage.
D’où le titre « En
attendant Godot » qui reflète sûrement une attente inutile, qui ne sera jamais bénéfique.
Durant cette scène, il n’y a aucune progression par rapport à cette attente extravagante.
Enfin, cette scène d’exposition nous donne de très vagues descriptions des
personnages ainsi que du lieu.
En effet, on ne connaît que le prénom des vagabonds, aucun
caractéristiques de leur physique nous sont offertes, leur âge est inconnu également.
Ces
misérables luttent face à leur destin, ils n’ont aucune identité réelle, autrement dit, ils n’ont
pas de rang, pas d’état social comme pouvait avoir des héros de tragédies du XVII ème tels que
Agamemnon, Ulysse, Achille, Antigone, Don Rodrigue… On ne connaît rien non plus sur ce
fameux Godot, malgré le fait qu’il soit peut être un Dieu, c’est un personnage hypothétique.
Quant au lieu de cette scène d’exposition, c’est également très vagues, mystérieux : - « Au
début de la pièce, près d’un arbre, dans un lieu désert, […] » (paratexte), on s’imagine alors
que la scène se passe dans un endroit vide, avec un arbre, ce qui est plutôt louche.
Il n’y a
donc pas beaucoup d’informations dans cette première scène de la pièce.
D’autre part, il y a une mise en place de différents stratagèmes théâtraux qui mènent à
l’absurdité, à la farce de cette scène..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- En Attendant Godot, Samuel Beckett (scène d'exposition)
- Scène d'exposition - En attendant Godot
- Commentaire : Le discours de Lucky, page 59 - En attendant Godot de Samuel Beckett
- En attendant Godot (Beckett), scène 1
- Commentaire Composé : Samuel Beckett, En attendant Godot, 1953, Acte II