Commentaire du texte de Tartuffe, acte V, scène VII
Publié le 27/08/2013
Extrait du document
«
injures n'ont rien à me pouvoir aigrir », « Tous vos emportements ne sauraient m'émouvoir ».
Lorsque
Tartuffe donne les raisons de son ingratitude : « De ce devoir sacré la juste violence, étouffe dans mon
cœur toute reconnaissance.
», cela signifie que ce n'est que la répression légitime qui s'abat sur Orgon
qui dicte sa conduite.
Il se sert ici habilement de l'antithèse : « juste violence ».
Ainsi, non seulement
Tartuffe s'abstient de tout remerciement, mais il se permet encore de porter un jugement moral sur son
ancien bienfaiteur.
L'emploi de l'euphémisme « étouffer » montre que Tartuffe cherche à minimiser ses
fautes car il n'assume pas ses méfaits.
Son plus profond dédain s'exprime enfin dans la réplique qu'il
adresse à l'exempt, lui donnant l'ordre de faire emprisonner Orgon : « Délivrez-moi, Monsieur , de la
criaillerie », le terme criaillerie ayant une connotation extrêmement péjorative.
L'hypocrite, excédé par
les reproches qui lui sont adressés, met fin à sa dernière représentation dévoilant, sous son masque, un
personnage extrêmement dangereux et capable du pire pour se venger.
Les répliques pleines d'ironie des personnages présents sur scène contribuent également à parfaire ce
portrait de l'hypocrite éhonté.
Face à l'imposteur, toute la famille est unie et fait bloc réprouvant la
traîtrise de Tartuffe.
La noirceur de ce dernier est ainsi soulignée par l'emploi de nombreux termes
péjoratifs dont le champ lexical évoque la trahison et l'ingratitude : « perfidies », « l'infâme », « ingrat
», « imposteur ».
Le cynisme de Tartuffe lorsqu'il invoque sa foi est également condamné par Damis
de manière sarcastique : « Comme du ciel l'infâme impudemment se joue ! ».
L'habileté de Tartuffe
dans l'art de la dissimulation est aussi dénoncée par Dorine dans une métaphore pleine de raillerie : «
Comme il sait de traîtresse manière, Se faire un beau manteau de tout ce qu'on révère ! ».
De même, la
profonde malhonnêteté de Tartuffe qui se réfugie derrière son devoir pour faire arrêter Orgon est
fustigée par Marianne dans sa réplique ironiquement élogieuse : « Vous avez de ceci grande gloire à
prétendre, Et cet emploi pour vous est fort honnête à prendre ».
Enfin , Cléante rappelle les
agissements immoraux de Tartuffe dans une longue tirade teintée de dérision : « Mais s'il est si parfait
que vous le déclarez, Ce zèle qui vous pousse et dont vous vous parez, d'où vient que pour paraître il
s'avise d'attendre, Qu'à poursuivre sa femme, il ait su vous surprendre, et que vous ne songez à l'aller
dénoncer, Que lorsque son honneur l'oblige à vous chasser ? ».
Il démontre ainsi combien les
motivations qui ont poussé Tartuffe à dénoncer Orgon sont peu glorieuses, contrairement à ce qu'il
prétend .
Ayant été démasqué alors qu'il cherchait à séduire la femme d' Orgon, ce dernier a été
contraint de le chasser .
L'emploi habile et moqueur du terme « zèle » qui, personnifié, tout à coup se
substitue à Tartuffe : « [ce zèle] s'avise d'attendre » montre tout le mépris que Cléante a pour le fourbe
et ses méthodes.
Reconnaissant ainsi la vérité des propos de Valère contre lesquels il n' a aucun
argument, Tartuffe ne répondra pas à ses questions : plein de dédain, il s'adressera alors directement à
l'exempt, jusque là resté silencieux.
Le dénouement de la pièce est alors amorcé.
On peut dire que le dénouement de la pièce est totalement inattendu, tant par les multiples coups de
théâtre qui se succèdent, que par l'hommage qui est fait à la gloire du prince, lui conférant une visée
politique évidente.
Le retour du traître correspond tout d'abord à un premier renversement de situation .
On sait qu'il
revient, accompagné de l'exempt, pour prendre possession de la maison d'Orgon ainsi que pour faire
arrêter ce dernier.
La tension dramatique est alors à son comble car on se situe au moment de la crise
majeure de la pièce : Tartuffe semble triompher et tout laisse donc penser que la situation va tourner à
la catastrophe.
En effet dans ce dénouement-ci tout portait à croire que l'exempt venait pour Orgon et
non pas pour Tartuffe.
Les personnages et les spectateurs appréhendent donc l'arrestation d'Orgon qui a
été injustement dupé.
Le désespoir d'Orgon qui s'exprime dans de grandes tirades à la tonalité tragique,
renforce l'intensité dramatique de la scène : « Traître, tu me gardais ce trait pour le dernier, C'est le
coup, scélérat , par où tu m'expédies, Et voilà couronner toutes tes perfidies » ou encore « «Mais t'es-
tu souvenu que ma main charitable, ingrat, t'a retiré d'un état misérable ? ».
L'exempt, silencieux,.
»
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