Commentaire du texte de Pseudo-Scymnos sur la description de l'Italie
Publié le 31/08/2012
Extrait du document
*Ces colonies secondaires marquent l'extension territoriale des colonies primaires qui ont atteint le statut de polis. Ce mouvement postérieur de colonisation se situe dans une dynamique globale qui est celle du développement et de l'expansion. Les colonies initiales ont réussi à devenir le centre de gravité de vastes territoires qu'elles dominent. A titre d'exemple, nous allons étudier plus précisément le cas de la cité de Sybaris, qui constitue la fin du périple en Italie dans le texte. Sybaris a été fondée vers -710 par les Achéens, sur la côte ionienne entre le Cratis et le Sybaris. Le texte souligne la richesse de la ville dont les fastes sont proverbiaux et la qualifie ligne vingt de « cité puissante, opulente, splendide « ayant « un excès de richesse «. Sybaris jouissait d'une richesse agricole notable qui était affichée sur sa monnaie : on a en effet retrouvé des statères du VI° siècle montrant un épi de blé et une sauterelle. La cité a réussi à imposer en Italie méridionale un véritable empire territorial. Strabon parle de quatre peuples dominés et de 25 cités sujettes. La cité a fondé ses propres colonies, notamment Laos et Posidonia. Le texte souligne d'ailleurs l'importance numérique de la ville et de la zone qu'elle contrôle en parlant de « cent mille citoyens «. Une telle situation de domination portait ombrage à la cité de Crotone, célèbre pour ses 19 victoires aux jeux panhelléniques et par la venue chez elle de Pythagore. Les deux cités s'opposent sur le plan des valeurs : Crotone revendique son caractère austère, son respect des traditions cultuelles, par opposition à Sybaris. Le texte souligne d'ailleurs l'hybris des Sybarites qui existe tant au niveau religieux avec l'instauration de jeux panhelléniques pour concurrencer ceux de Delphes et d'Olympie et à un niveau éthique avec un mode de vie luxueux, un amollissement des mœurs.
«
dixième de la population des Chalcidiens.
On peut également prendre le cas de la crise politique et citer en exemple le cas de la fondation de la cité de Tarente oùsuite aux troubles de la première guerre de Messénie à Sparte, les Parthiniens sont envoyés à Tarente.
b.
Application de la notion : le phénomène de colonisation en Grande-Grèce
*Les Grecs qui participent au mouvement de colonisation, quittent donc la Grèce pour partir fonder de nouvelles cités.
Ces implantations ne sont pas le fruit duhasard et répondent à la recherche d'un lieu favorable à l'implantation.
L'Italie du Sud apparaît comme un lieu idéal pour la colonisation : regorgeant de nombreusesmatières premières, elle offre les avantages d'un paysage complet, avec de nombreux cours d'eau facilitant les communications et le commerce et de riches terres àblé.L'établissement se fait tout d'abord sur les côtes avant d'essayer d'étendre l'influence grecque vers l'intérieur des terres.
C'est d'ailleurs ce que rapporte le texte enannonçant à la ligne trois que toutes les cités grecques énumérées dans le texte sont « des villes littorales ».*Les premiers colons grecs à arriver dans les régions qui composent la Grande-Grèce sont les Eubéens au VIII° siècle.
Ils entretiennent des relations amicales avecles indigènes de par leurs expériences mercantiles et fondent en -770 sur l'île d'Ischia dans la baie de Naples, la cité de Pithécusses.
[Les fouilles archéologiques ontmontré l'existence de matériel eubéen, corinthien et cycladique, principalement de la céramique, sur le site.
La colonie regroupait donc des communautés grecquesmixtes ayant des intérêts commerciaux communs, notamment le travail du métal.
Fondée par des Eubéens de Chalcis et d'Erétrie, la cité de Pithécusses se présentecomme un emporion où évoluent des marchands-voyageurs et des artisans de nationalité différente qui ne forment pas réellement un Etat.] Des Eubéens de Chalcisfondent également la cité de Rhégion (actuellement Reggio di Calabria) en -730, fondation à laquelle aurait participé des Messéniens comme le rapporte Strabon.Cette fondation leur assurait ainsi le contrôle du détroit de Sicile grâce à un port stratégiquement bien situé.
Le texte nous dit d'ailleurs à la ligne six que c'est à cetendroit que s'opère « la traversée vers la Sicile ».
3.
Les succès de la colonisation : l'essor du phénomène au cours du –VII° sièclea.
une multiplication du nombre de cités : les colonies et le phénomène d'essaimage
*Ces premières fondations ont été suivies par l'implantation massive de cités dont les colons étaient originaires du Péloponnèse durant une période allant de -770 à -675.
Le texte cite quelques unes de ces colonies et nous allons en présenter un bref exposé.
On peut ainsi citer la fondation de la cité de Tarente par les spartiates sousla direction de Phalantos vers -706.
Le dialecte de la cité était celui de la Laconie et les institutions étaient calquées sur celles de Sparte avec quelques modifications(il n'y avait qu'un roi à Tarente contre deux à Lacédémone).
L'origine du nom de la cité auquel le texte fait référence provient de Taras, fils de Poséidon et de lanymphe Satyra, qui aurait été sauvé lors d'un naufrage par un dauphin qui l'aurait déposé à l'emplacement de la future Tarente.
Le texte souligne le caractèreexceptionnel du site dont jouit la cité.
Qualifié de « havre protecteur », la cité bénéficie de deux ports naturels de par sa fondation sur une presqu'île et se trouvesituée dans une région aux eaux très poissonneuses et aux plaines fertiles.
Tarente est la seule colonie spartiate et elle constitue un peu le modèle de la réalisation duphénomène colonial.
Présentée comme « la plus grande ville d'Italie » dans le texte, sa puissance ne cessera de fait de s'étendre sur l'Italie, notamment au V° siècle,avec le déclin de la cité de Crotone.En -680/-673, les Locriens, avec à leur tête Evanthès, fondent Locres à l'abri du promontoire du cap Zéphyrion, sur la côte calabraise.
La cité est d'ailleurs désignéepar le nom de Locres Epizéphyrienne pour la distinguer de la Locres grecque.
Le lieu est un emplacement de choix puisqu'il constitue un repère pour la navigation :l'entrée dans le détroit de Sicile.
Les colons à l'origine de la cité sont Locriens mais une imprécision subsiste sur leur origine précise puisqu'il existe deux Locrides.Strabon pense que les colons étaient originaires de la Locride Ozole tandis que Pseudo-Scymnos les pense originaires de la Locride Oponte, comme il est fait mentionaux lignes 10 et 11 du texte.
La cité de Locres a eu un législateur fameux : Zaleukos, dont il est fait mention dans le texte à deux reprises, et dont les lois seront imitéspar les Grecs eux-mêmes et passent pour être les premières à avoir été écrites vers -663.Les Achéens participèrent également au phénomène de colonisation en fondant notamment Crotone, Sybaris et Métaponte.
Crotone a été fondée en -710 sur le capLacinium, à l'embouchure des fleuves Aesaros et Neaethos sous l'égide de Myscellos le bossu.
Nous en ferons une description plus approfondie dans la prochainesous-partie.*Il convient de souligner que les colonies que nous venons d'énumérer ont toutes un point commun : il s'agit de colonies dits « colonies agraires », ie de colonies depeuplement.
Contrairement à des colonies commerciales et à de simples comptoirs, ces colonies se sont affirmées comme polis, comme cité-Etat à part entière ayantune vie propre par rapport à leur métropole.
b.
les succès de la colonisation et la constitution de cité-Etats puissants*Ces colonies de peuplement vont connaître au cours du –VII° siècle un véritable essor qui va les conduire à devenir elles-mêmes colonisatrices.
Ce phénomène estdésigné par le terme d' « essaimage ».
Ainsi, des Grecs déjà établis en Italie du Sud vont fonder de nouveaux établissements.
C'est le cas de Métaponte : Métaponte aété fondée en -650 sur la côte ionienne du golfe de Tarente entre deux fleuves, le Bradano et le Basento, par l'oeciste Daulios de Crisa.
Sa fondation correspond à unappel lancé par Sybaris à des colons achéens pour l'aider à stopper l'expansion tarentine.C'est également le cas de Caulonia, fondée vers -650, à l'embouchure du Stilaro, par des Crotoniates dans le but de stopper l'avancée de Locres.
On peut égalementfaire référence à Medma et Hipponion que Locres met en place dans la seconde moitié du VII° siècle pour s'assurer des points d'appui de l'autre côté des montagnescalabraises sur le versant tyrrhénien.*Ces colonies secondaires marquent l'extension territoriale des colonies primaires qui ont atteint le statut de polis.
Ce mouvement postérieur de colonisation se situedans une dynamique globale qui est celle du développement et de l'expansion.
Les colonies initiales ont réussi à devenir le centre de gravité de vastes territoiresqu'elles dominent.
A titre d'exemple, nous allons étudier plus précisément le cas de la cité de Sybaris, qui constitue la fin du périple en Italie dans le texte.
Sybaris aété fondée vers -710 par les Achéens, sur la côte ionienne entre le Cratis et le Sybaris.
Le texte souligne la richesse de la ville dont les fastes sont proverbiaux et laqualifie ligne vingt de « cité puissante, opulente, splendide » ayant « un excès de richesse ».
Sybaris jouissait d'une richesse agricole notable qui était affichée sur samonnaie : on a en effet retrouvé des statères du VI° siècle montrant un épi de blé et une sauterelle.
La cité a réussi à imposer en Italie méridionale un véritable empireterritorial.
Strabon parle de quatre peuples dominés et de 25 cités sujettes.
La cité a fondé ses propres colonies, notamment Laos et Posidonia.
Le texte souligned'ailleurs l'importance numérique de la ville et de la zone qu'elle contrôle en parlant de « cent mille citoyens ».
Une telle situation de domination portait ombrage à lacité de Crotone, célèbre pour ses 19 victoires aux jeux panhelléniques et par la venue chez elle de Pythagore.
Les deux cités s'opposent sur le plan des valeurs :Crotone revendique son caractère austère, son respect des traditions cultuelles, par opposition à Sybaris.
Le texte souligne d'ailleurs l'hybris des Sybarites qui existetant au niveau religieux avec l'instauration de jeux panhelléniques pour concurrencer ceux de Delphes et d'Olympie et à un niveau éthique avec un mode de vieluxueux, un amollissement des mœurs.
La ligne 25 de « mollesse, de vie nonchalante » qui amène à « l'outrage et l'insolence ».
Le texte parle à Sybaris apparaîtcomme la cité des excès, de la truphé, et ce qui va causer sa perte.
En -510, alors Sybaris montre des signes de crise interne avec l'arrivée au pouvoir du tyran Télys,les crotoniates lancent l'offensive contre la cité.
Celle-ci est détruite après 210 ans d'existence : selon Strabon, les Crotoniates auraient mis 70 jours pour venir à boutde la cité puis auraient détourner le cours du Cratis pour en effacer toute trace.
Cet épisode a souvent été repris dans la littérature moralisatrice qui place lescrotoniates comme des justiciers rétablissant l'ordre moral.
En -444, sur une colline de la vallée du Cratis, proche du site de Sybaris, est fondée la coloniepanhellénique de Thourioi, divisée en dix tribus selon la provenance de ses colons.
Le mouvement de colonisation de l'Italie a eu lieu du VIII° au VII° siècles et s'inscrit dans le cadre de la première phase de colonisation grecque.
De par sa proximitégéographique et les ressources offertes, l'Italie a entretenu des rapports privilégiés avec la Grèce et connu un développement important qui a conduit à parler de« Grande-Grèce ».
- sources :Les géographes grecs, Introduction générale, Pseudo-Scymnos, Budé, Paris, 2000Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, I, Budé, Paris, 1998- ouvrages utilisés :manuel : AMOURETTI M.-C.
et RUZE F., Le monde grec antique, Hachette supérieur, Paris, 2003, chapitre 5MOSSE Claude, La colonisation dans l'Antiquité, Fernand Nathan, Paris, 1976, chapitre 2 pp 27-67.
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