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COMMENTAIRE « Dom Juan aux Enfers » de Charles Baudelaire

Publié le 14/09/2011

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Baudelaire, grand poète du XIXe siècle (1821-1867), fut largement inspiré par l’idéal romantique à travers toute son œuvre, dont la plus importante est son recueil Les Fleurs du Mal. Le texte étudié se trouve dans la partie « Spleen et idéal « et est écrit à la fin du courant romantique.  Le poème qui suit « Don Juan aux Enfers « s’intitule « L’Homme et la mer «, et parle de l’homme libre, de l’infini. Ce désir d’infini est caractéristique de Don Juan comme de Baudelaire, et c’est en cela que ce personnage anticonformiste inspira le poète.  Baudelaire transpose ainsi le genre théâtral en genre poétique pour réécrire le Don Juan de Molière. Comment Baudelaire s’approprie-t-il le mythe de Don Juan pour en proposer une réécriture moderne ? Nous verrons comment Baudelaire associe la tradition du mythe de Don Juan à la modernité de son écriture pour proposer une nouvelle vision du mythe réactualisé. 

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« Le pauvre envoyé de Dieu, un personnage respectable dans la pièce de Molière qui va jusqu’à perturber Don Juandans ses convictions libertines, devient chez Baudelaire un « sombre mendiant » (v.

3), assoiffé de vengeance : «vengeur et fort » (v.

4) et référence à Antisthène.

De même Sganarelle, seul personnage à pleurer la mort de DonJuan à la fin de l’acte 5, rit désormais du sort de son maître.Les différentes figures du théâtre de Molière sont ici présentées très péjorativement, soit par leur faiblesse et leursoumission, soit par leur bassesse et leur méchanceté.

Tous participent à la valorisation du héros. Don Juan est ainsi transformé en héros baudelairien.

On remarque que Don Juan encadre le poème (v.

1 et v.19).

Laplupart des verbes qui lui sont attribués sont des verbes d’action : « eut donné ; descendit ».

Il est à l’écart dureste de la scène, on sent qu’il n’est pas effrayé, qu’il prend de la distance : le terme « mais » du vers 19 ajoute àmise à l’écart.

Il porte un regard cynique et méprisant sur son passé, « calme », « courbé sur sa rapière », sonattribut de noblesse, il « regardait le sillage et ne daignait rien voir », le sillage étant ici la trace qu’il a laissé derrièrelui, de son vivant.La mise en évidence de sa personnalité exceptionnelle se trouve dans les expressions qui le désignent : « le filsaudacieux », « l’époux perfide », « le calme héros ».

Le premier titre donné au poème fut « l’Impénitent », celui quine se repent pas.

Même aux Enfers, Don Juan est supérieur aux autres : on retrouve le principe baudelairiencaractéristique des Fleurs du Mal : transformer le vice en un idéal esthétique. « Tu m’as donné ta boue, j’en ai fait de l’or » : Baudelaire renverse le châtiment de Don Juan pour en faire uneapologie du héros, ultime outrage à la morale publique.

Entre tradition et modernité, il réactualise le mythe enfaisant de Don Juan un personnage maudit et sublime, s’inspirant du romantisme. Pour cela, Baudelaire n’est pas le seul à avoir choisi la forme poétique.

« Abel et Caïn » de Le May, « Orphée » deValéry… Nombreux sont les poètes qui ont en quelque sorte choisi d’ajouter une « pierre à l’édifice » des grandmythes. LECTURE ANALYTIQUE : BAUDELAIRE , DON JUAN AUX ENFERS , 1846 Le texte appelle une explication linéaire, étant donné la profusion des références . Le titreIl annonce une suite de la pièce de Molière .Notion de transposition : on passe d’une pièce de théâtre à une poésie .Changement d’espace culturel : les Enfers grecs et non pas l’Enfer chrétien annoncé par Sganarelle .

Notion desyncrétisme (synthèse de plusieurs éléments culturels) constitutif du mythe littéraire .

Trois axes de lecture possibles Premier quatrain : Dom Juan et le mendiant- Cinq strophes rappellent les cinq actes de la pièce et les cinq chapitres de la nouvelle de Barbey d’Aurevilly .- Deux subordonnées de temps (quand[…] lorsqu’il[…]) retardent l’apparition du mendiant .- « descendit » : suite immédiate de la scène finale de Molière « La terre s’ouvre et l’abîme »- « l’onde souterraine » rappelle les fleuves infernaux (le Styx), ce qui sera confirmé par l’ « obole à Charon » lenocher des fleuves infernaux .- « un sombre mendiant » mythème de Molière acte III + diérèse = mise en valeur- Antisthène : cynique, connu pour son orgueil- « fier » « fort » appliqué au mendiant > renversement de la pièce = punition de Dom Juan- L’aviron renvoie aux deux tableaux de Delacroix, ce qui fait de ce poème une ekphrasis .La réécriture comme réinvestissement de tous les éléments culturels de l’auteur : que fait-on dire au mythe, quinous construit ? Second quatrain : les femmes- participe présent + imparfait > aspect duratif qui rappelle l’éternité des Enfers et le caractère d’ekphrasis- les femmes : celles qui furent séduites par Dom Juan et le harcèlent .

Elles sont impudiques « seins, robesouvertes, mugissement » > de nouveau renversement des valeurs .

Elles sont animales « mugissements » .

Pour DomJuan qui aime « vaincre les résistances » elles sont une punition .

On retrouve également le tableau de Delacroix et. »

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