Commentaire de texte - Montesquieu, De L'esprit des Lois, livre XV, chapitre V.
Publié le 04/01/2013
Extrait du document
«
incomplet présent dans cette phrase « si nous les supposions des hommes, on
commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-même chrétiens » permet
de justifier de façon irrévocable la condition des esclaves en s'appuyant et sur la
religion, et sur la construction logique de la preuve.
C'est donc grâce à ces
constructions basées sur la déduction que l'argumentation apparaît comme réelle.
Cependant, le développement logique du raisonnement semble être une
façade imparfaite : comment un homme, et surtout un philosophe des Lumières,
pourrait-il fonder une partie de sa démonstration sur des critères physiques, sur
des déductions peu convaincantes et principalement spéculatives ?
La démonstration de Montesquieu semble constituer la surface émergée
d'une idée plus profonde.
Pour la comprendre, l'auteur a laissé des indices.
Premier signe : de courts paragraphes.
En effet, le bref texte est divisé en de
multiples sous-parties, qui, chacune, représente une idée.
C'est cet enchaînement
d'arguments, assenés, très peu développés et surtout non prouvés, agissant
comme des vérités absolues, qui permet au lecteur de comprendre l'implicite
caché.
C'est ainsi que dans le quatrième paragraphe, alors que le texte semble
dénigrer les esclaves physiquement, il fait comprendre au lecteur l'atrocité de ces
affirmations et le paradoxe résidant dans cette haine physique.
De plus, ces vérités
sont renforcées par l'utilisation en début de phrase d'affirmations insistantes :
« Une preuve que », « Il est impossible que », etc., soulignent de plus en plus les
arguments qui deviennent de plus en plus absurdes.
Voilà donc un premier moyen
qui permet à l'auteur de faire passer ses idées avec plus de force et en évitant
l'explicite.
Au tout début du texte, Montesquieu semble se préserver du développement
qui suit.
En effet, au moyen d'une prétérition, il présente le raisonnement qui
semble être favorable à l'esclavage comme la défense de cette coutume par un
esclavagiste.
C'est ainsi qu'il se défend d'être favorable à l'esclavage, dès le début
du texte : « Si j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres
esclaves, voici ce que je dirai : » ; Montesquieu ne donne a priori pas son avis sur
la question : l'argumentation qu'il tient n'est en fait qu'une sorte de jeu de rôle, dans
lequel il prend la place d'un esclavagiste.
Sans cette première phrase qui met en
garde le lecteur, le texte pourrait prendre un sens bien différent.
Et c'est ce sens
que souhaite éviter Montesquieu : grâce à elle, le lecteur peut comprendre plus
aisément que le texte cache un sens implicite derrière les propos tenus par
l'esclavagiste.
L'argumentation peut donc être remise en cause par le lecteur : mis
en garde, il sait lire le sens vrai du texte.
Montesquieu utilise quelques hyperboles qui permettent de caricaturer
certains points pour en mieux montrer la face tacite.
Dans le paragraphe huitième,
qui s'énonce ainsi « Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est
qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez les nations
policées, est d'une si grande conséquence.
», la mise en relief exagérée du mot
« or », et donc de son concept, l'argent, montre que la valeur que l'or prend dépend
des coutumes, et non de l'avancement d'une nation, ni même de la grandeur, aussi
subjective soit elle, de sa civilisation.
Ainsi, Montesquieu ridiculise de façon sous-
entendue l'argument qui visait à mettre en exergue la non conformité à l'espèce
humaine des esclaves, et donc la légitimité, plus que la légalité, de les exploiter..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire De Texte - L'Esprit Des Lois De Montesquieu Chapitre XV
- Commentaire de un extrait De l'Esprit des lois de Montesquieu: livre X chapitre XV
- MONTESQUIEU. L'esclavage des nègres (commentaire) - Esprit des Lois, livre XV, chapitre, 5
- Commentaire de texte de Montesquieu - De l'esprit des lois: « tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser » ... « par la disposition des choses le pouvoir arrête le pouvoir »
- Commentaire de texte de Montesquieu : De l'esprit des lois : « Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'à point de Constitution ». Cette disposition de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 aout 1789 que l'on trouve en son article 16 constitue encore de nos jours une valeur essentielle.