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Commentaire de texte : Lettre de Roxane à Usbeck, Les Lettres Persanes de Montesquieu

Publié le 09/05/2021

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Les lettres persanes, un roman épistolaire écrit par Montesquieu, ont été publiées en 1721 de façon anonyme. L'auteur présente son livre comme un recueil de lettres fictives de Persans qu'il aurait recueilli chez lui, ce qui lui permet d’éviter la censure. Les deux personnages principaux, Rica et Usbek, sont deux riches Persans ayant quitté Ispahan pour rejoindre Paris. Leur séjour s’étend sur une dizaine d’années de 1711 à 1720. Ils écrivent beaucoup pour raconter ce qu’ils observent notamment sur les institutions et mœurs occidentales à leurs proches restés en Perse et aussi à leur ami Rhédi qui voyage en Europe. Montesquieu va donc comparer deux mondes : l’orient et l’occident, un thème très répandu au 18ème siècle. Cette lettre transmet la volonté des femmes du harem, dont celle qui l'écrit, la favorite d'Uzbek prénommée Roxane, de se révolter contre la tyrannie de leur maître. Cela constitue donc un moment stratégique pour Montesquieu puisqu'il va pouvoir affirmer l'idée maîtresse de son ouvrage : créer une nouvelle manière de communiquer au service de la liberté, notamment en faveur de celle des femmes. La question qui se pose est alors de quelle manière Montesquieu se fait l'avocat de la condition féminine à travers cette lettre ? Deux mouvements seront étudiés dans ce texte. Premièrement, le fait que Roxane apparaît comme une héroïne tragique, puis, qu'à travers elle, Montesquieu se fait défenseur de la condition féminine. 

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« de l'homme aimé n'est évoquée que par euphémisme, ce qui est le cas ici lorsque Roxane écrit : "le seul homme qui me retenait à la vie ne l'est plus".

Également, Roxane déploie un style lyrique pour évoquer l'homme aimé notamment par l'hyperbole "le plus beau sang du monde".

Enfin, le champ lexical de la liberté "affliger", "servitude", "libre", "indépendance" met en lumière le fait que le but premier de cette lettre est d'affirmer l'indépendance féminine et la liberté des femmes.

La revendication de la liberté féminine est un des buts principaux de Roxane dans cette lettre notamment par son opposition à Usbek.

En effet, elle s'oppose à lui et à son régime privatif de liberté notamment pour la gent féminine, comme le montre l'adverbe "non" et la conjonction de coordination d'opposition "mais" dans la phrase : "Non ! j'ai pu vivre dans la servitude, mais j'ai toujours été libre".

Afin de dénoncer le manque de liberté des femmes, la lettre de Roxane montre comment ces dernières sont soumises à un époux tyran par l'opposition entre le comportement masculin "pendant que tu te permets tout" et la privation de liberté des femmes "le droit d'affliger tous mes désirs" met en lumière le déséquilibre présent dans la vie maritale.

Cette soumission de la femme à son mari est également marquée par le champ lexical de l'apparence qui souligne que cette dernière est contrainte de cacher sa nature : "paraître", "lâchement", "gardé dans mon cœur", "faire paraître".

De plus, l'antithèse "j'ai pu vivre dans la servitude, mais j'ai toujours été libre" montre que la relation entre le mari et sa femme n'est qu'un théâtre où la soumission de la femme cache en réalité la révolte ainsi que l'autre antithèse "les transports de l'amour" comparé à "la violence de la haine" accentue ce double jeu forcé.

D'autre part, le registre lyrique est présent à travers le champ lexical de l'amour mais il est déconnecté de la vie matrimoniale : "amour", "cœur " et "heureux" n'ont été que du domaine du paraître, le couple ne ressent pas réellement ces sentiments.

Cette lettre montre également une inversion des rapports de force car c'est la femme qui possède le pouvoir du langage.

En effet, la mise en place d'un jeu des pronoms personnels montre la libération de la condition féminine : le "tu" représentant Uzbek et le plaçant comme un sujet est remplacé par le pronom "te" en position d'objet : "tu me croyais trompée" est remplacé par "je te trompais".

Cette inversion des pronoms montre l'inversion des rapports de force entre Roxane et Uzbek.

Roxane souligne également que cette inversion est nouvelle : "ce langage, sans doute, te paraît nouveau".

Cela constitue un des moyens par lesquels Roxane se révolte contre son supérieur.

Montesquieu se fait alors à travers la voix de Roxane l'avocat de la condition féminine.

La lettre s'achève sur un moment dramatique : la mort de Roxane qui est précédé par le vocabulaire de la fatalité : "me consume", "m'abandonne", "me tombe", l'héroïne subit alors son destin étant tragique en raison des conventions sociales et culturelles qui ne donnent pas aux femmes la place qui leur est due.

Ainsi, Montesquieu, à travers le personnage de Roxane, montre l'importance qu'il donne à cette cause, importance accentuée par le fait qu'il fait de cette histoire l'excipit de son roman, souvent considéré comme une des parties les plus marquantes dans un roman.

Il fait de Roxane sa porte-parole qui se bat pour les droits de la femme.

Cette dernière étant vouée à un destin tragique, elle se suicide à la fin comme si elle était la conséquence de l'oppression portée aux femmes.. »

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