Commentaire de texte : Le Lion, le Loup et le Renard, Jean de La Fontaine.
Publié le 17/09/2012
Extrait du document
Introduction
Jean de La Fontaine est un poète et moraliste du XVIIème siècle. Il a été tenu à l'écart de la cour du roi
Louis XIV pour des raisons politiques, mais a connu le succès grâce à ses Fables et ses Contes.
Ses Fables sont du genre de l'apologue, c'est-à-dire que c'est un récit plaisant et imaginaire, contenant une
morale. La Fontaine renouvelle la forme de la fable grâce à son écriture poétique.
Cette fable Le Lion, le Loup et le Renard est la troisième du livre VIII. C'est un apologue où La Fontaine s'est
inspiré d'Esope. Elle est composée en vers mêlés avec des alexandrins et des octosyllabes. Il y a deux
intrigues : l'une, un roi Lion souhaite détenir l'éternelle jouvence et convoque des charlatans pour parvenir à
cela ; la seconde, deux courtisans le Loup et le Renard, rivalisent de cruauté pour s'éliminer mutuellement et
s'attirer les faveurs du roi.
A travers le travestissement animal et le registre burlesque, La Fontaine fait la satire de l'absolutisme royal et
des courtisans.
I - Une parodie de conte : un roi crédule, une cour de charlatans et de bonimenteurs
1) Le caprice du monarque : la quête impossible de l'éternelle jouvence
«
Renard.
Lorsqu'il arrive, il invente une fable pour échapper aux accusation du roi.
On note le champ lexical
de la religion : "j'étais en pélerinage/Et m'acquittais d'un voeu fait pour votre santé".
Il choisit, en plus,
l'alexandrin pour mettre en valeur le caractère solennel de son prétendu pélerinage.
Il utilise également des
termes mélioratifs pour parler au roi : "Sire", "Votre Majesté".
Avec l'euphémisme "le long âge en vous l'a
détruite", "la langueur/Dont Votre Majesté craint, à bon droit, la suite.", il parle de la vieillesse et de la mort
prochaines du roi.
En réalité, les "Gens experts et savant" est à valeur ironique car cela renvoie aux
charlatans de début
de la fable.
Le renard mêle religion et médecine : c'est un parfait bonimenteur puisqu'il laisse croire l'impossible au roi.
4) Le boniment du Renard : le remède de bonne femme et la recette culinaire
Le Renard réagit vraiment comme "les doneurs de recettes" car le remède qu'il conseille au roi s'organise
comme une recette de cuisine et un remède de bonne femme.
Il prend d'abord un ton de médecin : il utilise
un ton doctoral et solennel pour prononcer le diagnostic : "Vous ne manquez que de chaleur." Puis il utilise
un ton didactique avec le futur et l'impératif : "appliquez -vous la peau", "vous servira".
Enfin, il conclut en
annoncant une soi-disant guérison, comme un miracle : "le secret sans doute en est beau".
Puis il annonce
un remède douillet et confortable pour persuader le roi de dépecer le Loup.
Il y a évocation crue du
dépeçage du Loup : "d'un loup écorché vif" et immédiatement après le Renard annonce le bien-être
qu'éprouvera le Lion : "la peau/Toute chaude et toute fumante." On remarque une anaphore et un
parallélisme du mot "toute".
Puis il utilise un terme évoquant à la fois la coquetterie et le confort : "robe de
chambre" qui plait au Lion crédule car "Et de sa peau s'enveloppa".
On remarque également que les conseils
du Renard
renvoient à une recette de cuisine, comme pour préparer un plat de viande.
En effet, il y a tout d'abord le
dépeçage de l'animal que l'on va manger : "d'un loup écorché vif".
Puis "la peau/Toute chaude et toute
fumante", renvoie au plaisir du toucher et de l'odorat d'un plat qui éveille l'appétit.
Le jeu de mot "le Roi goûte
cet avis-là" signifie que cela lui plaît et qu'il dévore le Loup, puis la gradation rythmée par la répétition de
verbes d'actions "on écorche, on taille, on démembre" laisse imaginer un rythme vif, la cadence du
découpage.
En conclusion, le Loup n'est plus qu'un morceau de viande car : "Le Monarque en soupa".
II - La férocité du roi et des courtisans : un tableau burlesque des intrigues de cour
1) Le Loup : un courtisan médisant
Le Loup a le profil-type du courtisan car à travers les expressions "en fait sa cour", "au coucher du Roi" on
remarque qu'il s'agit là du cérémonial instauré par Louis XIV et auquel les courtisans étaient tenus d'assister.
Le Loup a donc ici le privilège d'assister au coucher du Roi.
C'est un courtisan calomnieux car au lieu de faire
simplement sa cour, il "daube, au coucher du Roi/Son camarade absent" : le rejet de "Son camarade absent"
montre la fourberie du Loup.
De plus, le terme "camarade"
est ironique et souligne son hypocrisie.
Sa ruse semble marcher puisqu'elle met le Roi en colère et on voit
cela à son autorité mise en valeur par la succession d'ordres : "qu'on aille enfumer Renard dans sa
deumeure/Qu'on le fasse venir." Le roi est cruel : le terme "enfumer" est un terme de chasse et donc le roi
est féroce et prédateur.
Son ordre est immédiatement éxécuté car Renard arrive aussitôt avec la reprise du
verbe "venir" et la coupe de l'hémistiche "Qu'on le fasse venir./Il vient, il est présenté.".
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