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Commentaire de Dom Juan - Acte 3 Scène 1

Publié le 09/10/2011

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L’auteur de Dom Juan, Molière, a vécu au 17ème siècle. Auteur de nombreuses pièces, il est considéré comme le « roi« de la Comédie-Française, et est encore aujourd’hui l'auteur le plus joué. Cependant, à l’époque, certaines de ces pièces ont fait scandale telles que Le Tartuffe qui a été interdit. Dom Juan apparaît dès lors comme une revanche de Molière sur ceux qui ont condamné son œuvre. Ainsi, il critique de nouveau la religion mais plus implicitement comme dans l’Acte 3, scène 1 que nous allons commenter. Cette scène est un dialogue entre Dom Juan et Sganarelle, qui essaie de convaincre Dom Juan de croire en la religion. De cette façon, nous allons d’abord démontrer en quoi Dom juan et Sganarelle ont des morales en parfaite opposition, puis, nous allons montrer qu’en plus d’être une scène comique, c’est aussi une scène mettant en place un discours argumentatif.

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« Sganarelle par la répartition des répliques, ainsi que par l’inversion des rôles maître/valet.

En premier lieu, Sganarelleest vêtu d’un habit de médecin et se montre donc supérieur, alors que Dom Juan a revêtu des habits de campagne.Il domine de plus la parole comme le montre la répartition des répliques et mène le dialogue notamment dansl’enchaînement de questions dès les premières répliques: « Et à l’enfer ? », « Et au diable, s’il vous plaît ? ».Sganarelle pose les questions, Dom Juan y répond.

Par cet interrogatoire méthodique de Dom Juan, il cherche àtrouver une faille dans le pragmatisme de son maître.

Il va alors citer toutes les superstitions possibles les unesaprès les autres, qui sont toutes placées en fin de ligne afin de les mettre en valeur.

Par ailleurs, il va user deprocédés de conviction afin que son discours argumentatif soit une réussite.

Par exemple, à la ligne 27, il va mettreentre deux virgules « Monsieur » afin de mieux désigner celui qu’il cherche à convaincre.

A la ligne 22, il va, pourdésigner ce en quoi croît Dom Juan, utiliser une antiphrase: « La belle croyance! ».

Enfin, de la ligne 35 à la ligne 40,il va employer de nombreuses questions rhétoriques et se servir d’exemples appartenant à la vie de Dom Juan: « n’a-t-il pas fallu que votre père ait engrossé votre mère pour vous faire? ».

Il répète aussi le pronom personnel « vous »six fois ligne 35 à 38 pour encore une fois mieux atteindre Dom Juan, pour qu’il se sente plus concerné.Malgré le discours argumentatif de Sganarelle, Dom Juan ne cède pas; c’est un parfait échec.

Tout d’abord, même siles rôles maître/valet sont inversés, Sganarelle reste tout de même respectueux à l’égard de Dom Juan comme leprouve l’usage répété du pronom personnel « vous » alors que Dom Juan le tutoie comme le révèle l’emploi dupronom personnel singulier « toi ».

De plus, l’usage de l’impératif « Laissons cela » ligne 3 par Dom Juan rappelle quec’est lui le maître et non pas Sganarelle.

De plus, lors de l’interrogatoire, Dom Juan ne répond à Sganarelle que pardes réponses brèves comme « Laissons cela » ligne 3, « Oui, oui » ligne 5 voire par des onomatopées: « Eh » ligne7.

Par ces fausses réponses, Dom Juan cherche à se dérober et se moque en même temps des questions religieusesde Sganarelle qui pour lui sont des absurdités.

Par conséquent, Sganarelle se rend de plus en plus compte que DomJuan est d’ne difficulté considérable à convertir: « Voilà un homme que j’aurai bien de la peine à convertir » (l10-11).

N'obtenant aucune réponse de la part de Dom Juan, Sganarelle se résigne à lui demander explicitement etdirectement : "qu'est-ce donc que vous croyez" (ligne 17).

A cette question, Dom Juan répond enfin sans esquiveen affirmant qu'il croit "que deux et deux sont quatre […] et que quatre et quatre sont huit".

Par ailleurs, à la ligne45, Sganarelle commence à réaliser que Dom Juan se moque de lui et le manipule avec « exprès », « belle malice ».Quand Dom Juan annonce « J’attends que son raisonnement soit fini.

» (l 46), il confirme bien qu’il se moque de lui.Son silence est narquois, il laisse Sganarelle se ridiculiser et se prendre dans son raisonnement.

De plus, le fait queSganarelle tombe à la fin de la pièce conduit à le dévaloriser et à le tourner au ridicule.

La réplique de Dom Juan « voilà ton raisonnement qui a le nez cassé » dénigre totalement Sganarelle, avec une métonymie de Sganarelle par« raisonnement ».

Sganarelle représente ainsi son raisonnement et vice-versa, c’est-à-dire que son raisonnementest aussi absurde que son porte-parole lui-même.

C’est un échec pour Sganarelle qui renonce ligne 59 à 61 avecdes interjections trahissant le désespoir de Sganarelle: « Morbleu! ».Enfin, nous constatons que cette scène comique est en fait un moyen de critiquer la société sous toutes sesformes.

Tout d’abord, le comportement de Dom Juan qui remet en question l’existence de Dieu consiste à critiquer lareligion.

Puis, étant donné que c’est le personnage ridicule de Sganarelle qui se veut porte-parole de la religion, nouspouvons en déduire que sa conviction est de même ridicule et absurde.

Lorsque Sganarelle échoue dans sa défensede ses valeurs, nous imaginons que cela peut aussi faire allusion à un échec de la religion.

Si la scène critique lareligion, elle critique aussi le bas peuple.

Tout d'abord, nous avons vu que le personnage de Sganarelle présentaittoutes les qualités, ou plutôt les défauts d'un homme du peuple : la grossièreté du langage, la superstition etl'ignorance.

De plus, Sganarelle, dans son discours, fait référence à des découvertes médicales mais de manièreincomplète et vague, il les connaît mal.

Molière a grossi ces traits de caractère chez Sganarelle pour critiquer lacouche basse et non savante de la société et appuyer la satire de ses défauts : le peuple est grossier, superstitieuxet ignorant et s'émerveille devant les découvertes médicales des savants. Par conséquent, l’acte 3 scène 1 de Dom Juan revêt une dimension comique à travers le discours de Sganarelle maisque ce discours amusant cache une satire à double tranchant, celle du peuple et celle de l'Eglise.

Cependant, cediscours est laissé sans conclusion, car Sganarelle n'a pas atteint son but, celui de convaincre Dom Juan del‘existence d‘un Dieu, ce qui met le personnage de Dom Juan dans une position dominante sur son valet Sganarelle.Cependant, nous pouvons nous demander si les pièces comiques doivent critiquer la société et non pas laisser toutsimplement le spectateur au rire et au divertissement.. »

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