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Commentaire de A UNE PASSANTE

Publié le 30/10/2015

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À UNE PASSANTE Introduction : « À une passante » est un sonnet régulier tiré des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, dans la section des Tableaux Parisiens. Il est fondé sur le thème de la rencontre : les hasards de la grande ville font se croiser le poète et une belle inconnue. Elle incarne la beauté, à la fois fascinante et insaisissable. Une forme « d'idéale » prend vie pour disparaître aussitôt. Commentaire suivi : 1. A) Le premier quatrain. L'exposition. Le premier vers sert d'exposition. Il inscrit le sonnet dans le décor des « Tableaux Parisiens ». On sait que Baudelaire était particulièrement opposé à la « Persée des grands boulevards » car il y voit la destruction des quartiers dans lesquels il a vécu. Les mots « assourdissante » et « hurlait » évoquent une cacophonie. Tout paraît hostile à la rêverie ; et cela est renforcé par le double hiatus (rencontre heurtée de deux voyelles autres que le -e muet (Ici : « rue assourdissante » « moi hurlait »)) et par les sons sourds en [ ou ] et en [ u ]. B) Elle. Dès le vers suivant, la dissonance s'efface magiquement au profit d'une véritable apparition. Le contraste est saisissant. On a l'impression qu'un sens remplace l'autre (la vue remplace l'ouïe). Commence alors un portrait en mouvement. Au fur et à mesure du vers, la phrase s'allonge, la silhouette s'approche et le poète donn...

« 2.

Le deuxième quatrain.

La réaction du poète face à cette apparition est fortement émotionnelle.

Il y a une anacoluthe (rupture de construction syntaxique) du vers 6 au vers 8. Cette femme est « ingouvernable par la raison » → extravaguée, ce qui est le sens propre de l'adjectif extravagant.

Le vers est heurté, le trouble du poète est sensible.

Le pronom « moi » isolé au début du vers 6 est renforcé par le pronom personnel « je » , ce qui est considéré comme un pléonasme.

Le complément d'objet direct n'apparaît qu'au vers 8 : « La douceur qui fascine et le plaisir qui tue » .

Le verbe boire est à prendre au sens métaphorique, comme l'expression : « boire les paroles de quelqu'un ». Dans le dernier vers de la strophe, on entend une belle allitération en [ s ] brusquement interrompue par deux monosyllabes qui sont des consonnes occlusives /k/ et /t/ s'entrechoquant.

On remarque que cette femme fatale dont nous parle l'auteur est annoncée depuis le deuxième vers par les rimes « tueuse » et « tue » . 3.

Les tercets.

« Un éclair, puis la nuit » : l'éclair, c'est l'illumination de l'être par la vision de la beauté.

On pense évidemment au coup de foudre et à sa valeur métaphorique.

La nuit équivaut à la solitude et à la détresse : désormais, la rencontre appartient au passé, et cette femme ne sera plus l'objet que d'une contemplation mystique. « Fugitive beauté / Dont le regard m'a fait soudainement renaître » : dire que le regard de la passante a fait « renaître » le poète n'est pas seulement une galanterie précieuse du XIXème siècle. Pour Baudelaire, la femme idéale permet une renaissance, cette fois-ci, spirituelle : l'amour, l'art et la femme étant les trois moyens de sauver le monde. – La beauté artistique ou l'idéal artistique doit mener l'Homme à la beauté, – l'amour est le plus noble des sentiments, et c'est lui qui doit guider le monde. – Enfin, la Femme réunit en elle les deux premiers moyens.

C'est une création artistique qui suscite l'amour. « Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? » : on sait que Baudelaire s'était déclaré catholique.

Pourtant, on a du mal à imaginer de façon aussi puérile un « après ».

La forme interro-négative de la phrase suggère néanmoins un espoir. Cet espoir est immédiatement contredit par le vers 12 qui voit s'affaiblir puis s'éteindre l'espérance mystique.

Les termes qui le composent sont tous négatifs, seulement corrigés par le « peut-être » qui est loin d'être une certitude (99% de chances de non).

L'esprit sombre dans le doute.

Et la triple exclamation « ailleurs », « bien loin d'ici », « jamais » (volontairement mis en italique) scande la dégradation de l'espoir. Dans le vers 13, on est frappé par la construction en chiasme (croisement de deux termes formant un parallèle).

« J'ignore » rejoint « tu ne sais » et « tu fuis » rejoint « où je vais » : c'est un double chiasme.

On voit une parfaite harmonie entre le fond et la forme puisque admirablement, le chiasme suggère deux destins unis dans la fatalité et l'éloignement. Le vers 14 est un sommet du lyrisme.

C'est un appel voué à ne pas être entendu.

On trouve un paradoxe dans l'emploi du conditionnel passé : « j'eusse aimé » qui rejette tout accomplissement dans l'irréel.

Mais le verbe exprime une certitude :. »

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