Commentaire composé : Voltaire : L'Ingénu : Chapitre 9 : Arrivée de l'ingénu à Versailles. Sa réception à la cour
Publié le 08/02/2012
Extrait du document
«
Comment vous nommez-vous, monsieur, qui parlez si haut ? Oh ! oh ! reprit l’Ingénu, vous
n’avez donc pas lu mes certificats ? c’est donc ainsi qu’on en use ? Je m’appelle Hercule de
Kerkabon ; je suis baptisé, je loge au Cadran bleu, et je me plaindrai de vous au roi.
Le
commis conclut, comme les gens de Saumur, qu’il n’avait pas la tête bien saine, et n’y fit pas
grande attention.
Ce même jour, le révérend P.
La Chaise, confesseur de Louis XIV, avait reçu la lettre de son
espion, qui accusait le breton Kerkabon de favoriser dans son coeur les huguenots, et de
condamner la conduite des jésuites.
M.
de Louvois, de son côté, avait reçu une lettre de
l’interrogant bailli, qui dépeignait l’Ingénu comme un garnement qui voulait brûler les
couvents et enlever les filles.
L’Ingénu, après s’être promené dans les jardins de Versailles, où il s’ennuya, après avoir
soupé en Huron et en Bas-Breton, s’était couché dans la douce espérance de voir le roi le
lendemain, d’obtenir mademoiselle de Saint-Yves en mariage ; d’avoir au moins une
compagnie de cavalerie, et de faire cesser la persécution contre les huguenots.
Il se berçait de
ces flatteuses idées, quand la maréchaussée entra dans sa chambre.
Elle se saisit d’abord de
son fusil à deux coups et de son grand sabre.
On fit un inventaire de son argent comptant, et
on le mena dans le château que fit construire le roi Charles V, fils de Jean II, auprès de la rue
Saint-Antoine, à la porte des Tournelles[2].
Quel était en chemin l’étonnement de l’Ingénu ! je vous le laisse à penser.
Il crut d’abord que
c’était un rêve.
Il resta dans l’engourdissement, puis tout-à-coup transporté d’une fureur qui
redoublait ses forces, il prend à la gorge deux de ses conducteurs, qui étaient avec lui dans le
carrosse, les jette par la portière, se jette après eux, et entraîne le troisième, qui voulait le
retenir.
Il tombe de l’effort, on le lie, on le remonte dans la voiture.
Voilà donc, disait-il, ce
que l’on gagne à chasser les Anglais de la Basse-Bretagne ! Que dirais-tu, belle Saint-Yves, si
tu me voyais dans cet état ?
On arrive enfin au gîte qui lui était destiné.
On le porte en silence dans la chambre où il devait
être enfermé, comme un mort qu’on porte dans un cimetière.
Cette chambre était déjà occupée
par un vieux solitaire de Port-Royal, nommé Gordon, qui y languissait depuis deux ans.
Tenez, lui dit le chef des sbires, voilà de la compagnie que je vous amène ; et sur-le-champ on
referma les énormes verrous de la porte épaisse, revêtue de larges barres.
Les deux captifs
restèrent séparés de l’univers entier.
[1] C’est une voiture de Paris à Versailles, laquelle ressemble à un petit tombereau couvert.
[2] La Bastille, qui fut prise par le peuple de Paris, le 14 juillet 1789, puis démolie.
Commentaire :
CHAPITRE NEUVIÈME.
ARRIVÉE DE L'INGÉNU À VERSAILLES.
SA RÉCEPTION A LA COUR.
Roman de François Marie Arouet, dit Voltaire (1694-1778), L’Ingénu fut publié «à Utrecht»
en 1767.
La première mention de l’Ingénu date du 21 juillet 1767: «On parle d’un roman
intitulé l’Ingénu que j’ai grande envie de lire», écrit ironiquement Voltaire à d’Alembert.
«Cette histoire véritable tirée des manuscrits du père Quesnel» est donc pour Voltaire un
roman dont il dira à son libraire Cramer qu’il «vaut mieux que Candide en ce qu’il est
infiniment plus vraisemblable».
Voltaire multiplie ensuite les désaveux: ce nouveau récit.
»
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