Commentaire composé sur : Le Philosophe Scythe
Publié le 06/01/2013
Extrait du document
«
austère, et né dans la Scythie/Se proposant de suivre une plus douce vie, ), des rimes croisés
(vers 3, 5 ; 4, 6 : Voyagea chez les Grecs, et vit en certains lieux/ Un sage assez semblable au
vieillard de Virgile,/ Homme égalant les rois, homme approchant des dieux,/ Et, comme ces
derniers, satisfait et tranquille.
) et des rimes embrassées (vers 25, 18 ; 26 ,27 : Il ôte de chez
lui les branches les plus belles,/ Il tronque son verger contre toute raison,/ Sans observer
temps ni saison,/ Lunes ni vieilles ni nouvelles.
) et sert une fois sur deux des rimes féminines
puis des rimes masculine (Scythie (vers 1)/ vie (vers 2) ; lieux (vers 3)/dieux (vers 4) ; Virgile
(vers 3)/tranquille (vers 6);…).
Ses vers sont principalement des Alexandrins, mais aussi
parfois des heptasyllabes (vers 10 : « Corrigeant partout la nature » ).
Ce texte contient des
personnages, les actions sont successives dans le temps et le point de vue est narratif.
On a de
nombreux verbes d’action qui sont au présent, à l’imparfait et certains sont au passé simple ; il
s’agit donc d’un discours narratif.
Le genre de ce texte est didactique, en effet son but est
d’instruire.
La Fontaine énonce une ligne de conduite dans ce récit par le biais du sage, celle
d’ôter ce qui est superflu dans le but de faire fructifier l’essentiel.
Lorsque le philosophe
critique la conduite du sage, il utilise le champ lexical de la destruction (ruine, mutiler,
pauvres habitants, instrument de dommage, noir rivage (qui est d’ailleurs la périphrase de
l’Enfer, c’est une comparaison avec les bords de Styx)), le sage lui répond de façon tranquille
et dans un souci d’esthétique qu’enlever l’inutile (déjà exprimé par l’auteur au vers 9) permet
de développer ce qui est indispensable ; c’est une explication où le verbe profite à une
connotation positive, l’ordre des répliques du dialogue donne à cette dernière une supériorité
par rapport aux autres.
Mais ce message est mal interprété par le philosophe qui se prive de
tout.
La morale de ce texte commence à partir du vers 29 (Ce Scythe…) et finit à la fin du
poème au vers 36.
Nous verrons dans un premier temps le sens de cette morale et dans un
deuxième la vision de Jean de La Fontaine.
L’auteur prend position dans ce texte contre le
stoïcisme.
Selon ses observations, il est absurde de se priver de tout, certes dans le but de
devenir un homme sage mais en devenant égoïste (en effet, lorsqu’on s’occupe des autres on
ne s’occupe plus de soi).
Selon lui en reniant les joies et les plaisirs on ne devient pas heureux
et on ne devient pas sage non plus.
Il pense que l’attitude des Stoïciens est absurde, en effet ils
enlèvent de leur âme ce qui fait les joies de la vie et en retirant cela avec les joies, les
envies…ainsi il faut suivre la pensée épicurienne qui consiste à profiter de l’instant présent et
d’atteindre un bonheur et une sagesse dans le but d’arriver à l’ataraxie (tranquillité de l’âme
résultant de la modération et de l’harmonie de l’ existence ) , sinon on meurt prématurément à
cause de ces manques.
La Fontaine exprime deux conceptions de la vie et du bonheur.
Le
lecteur peut choisir celle qu’il préfère, mais le fabuliste guide son lecteur vers le choix de la
morale épicurienne.
Une morale souriante et humaine est préférable à l’intransigeance des
stoïciens.
En ce sens La Fontaine rejoint Molière dans ce choix d’un art de vivre plaisant,
fondé sur le désir.
Cette partie du texte propose un ordre satisfaisant pour la vie sociale, selon La
Fontaine.
Il n’énonce pas de règles de conduite relatives au bien et au mal, mais il soumet
plutôt une doctrine , que l’humanité doit s'imposer autant à la conscience individuelle qu'à la
conscience collective.
Au XVII ème
siècle, la morale n'était pas normative, elle était,
conformément à l'étymologie, la "science des mœurs" ; ce que fait La Fontaine en décrivant
sous forme d’allégorie la contradiction entre les deux courants philosophiques majeures de
cette époque : le stoïcisme et l’épicurisme.
La Fontaine veut passer un message et pour cela il
prend position ouvertement par un plaidoyer au vers 34 : « Contre de telles gens, quant à moi
je réclame .
».
Elle est invraisemblable chez un moraliste qui cherche la prudence.
Cette prise
de parole est formulée au présent en opposition aux passés simples du récit qui précède.
»
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