Commentaire composé sur Fin de Partie, Dernière Scène - Samuel Beckett
Publié le 15/11/2011
Extrait du document
A la fin de la pièce, on retourne donc au début ; ce qui n’a pas de sens. Beckett veut ainsi nous montrer que le monde, comme métaphore de sa pièce théâtrale, n’a lui non plus aucun sens. En effet, tout d’abord la structure cyclique mise en évidence et étudiée précédemment, peut faire penser au mythe de Sisyphe. Puisque Sisyphe est condamné à faire rouler une énorme pierre jusqu’en haut d’une montagne, ceci indéfiniment. Chaque fois qu’il arrive en haut de la montagne, la pierre redescend jusqu’en bas. Il doit donc la remonter, puis elle va redescendre, puis il devra la remonter, puis elle va redescendre… On a donc ici à faire à un cercle vicieux, entraînant à chaque fois un retour au point de départ ; comme dans la pièce de Beckett, puisque à la fin de la pièce on a l’impression de se retrouver au début de celle-ci, cette dernière pouvant ainsi recommencer, indéfiniment.
«
attendue depuis le début.Cependant, dans ce monologue de Hamm on a l'impression d'un certain équilibre et d'un rythme particulier.
En effet,tout au long de la tirade, on a une alternance entre les paroles du personnage et les didascalies : « Cache-moi sousle drap.
(Un temps long.) Non ? Bon.
(Un temps.) A moi.
(Un temps.) De jouer.
».
Cette succession répétitive entreparoles et silence, nous donne déjà l'idée d'un cycle, qui se répète à l'infinie sans réel but ; comme une sorte decercle vicieux, dont on ne peu pas sortir.
Cette dernière instaure également un rythme particulier ; on a l'impressionque la tirade est organisée, construite, comme une sorte de partition musicale.De plus, la ponctuation excessive donne un tempo, un rythme à la réplique : « ça y est, j'y suis, ça suffit.
».
Il y aun jeu au niveau musical, une sorte d'harmonie, qui crée un rythme particulier et que l'on peut ainsi assimiler à unepartition musicale.
On peut donc considérer cette longue tirade comme une sorte de partition musicale composée dedifférentes structures rythmiques qui se répètent, et qui par conséquent nous renvoie au début.De par sa structure cyclique, ce dénouement nous renvoie directement au début de la pièce.
Cet ultime monologuede Hamm fait échos à son premier.
Premièrement dans la gestuelle, puisque l'on retrouve le même jeu avec leslunettes et le mouchoir dans son premier monologue, page 14, et le dernier, page 108.
Puis dans les bruitages, avecles coups de sifflets.
On a également la reprise de certaines formules : « A moi [ … ] De jouer ».Revenons sur ses gestes, qui sont identiques et répétitifs : « Il enlève ses lunettes [ … ] remet ses lunettes.
», « Ilenlève sa calotte [ … ] remet sa calotte ».
Ses actions sont donc répétitives et inutiles, il enlève sa calotte pour laremettre juste après.
Ceci illustre l'idée de cycle, de retour au début.De plus, même si Hamm se couvre le visage de son vieux linge comme d'un linceul, comme d'un suaire (comme nousvenons de le voir), il ne meurt pas pour autant ; il ne fait que mimer la mort.
Combien de temps l'attendra-t-ilencore ? Quand le rideau tombe, Clov est quant à lui prêt à partir, mais il ne bouge pas.
Tout peut donc repartircomme avant, depuis le début.
Ce serait le retour à la situation initiale est l'attente se prolongerait de nouveau.Cette fin inévitable est-elle pour autant si proche que le prétend Hamm ? Son ultime monologue autorise en effet àse poser la question.En outre, la dernière didascalie « RIDEAU », écrit en majuscule ; correspond, en principe, au tomber de rideau quimarque à la fois la fin de la fiction, le l'histoire racontée, de l'intrigue et du spectacle.
Tel n'est pas ici le cas,puisque premièrement il n'y a eu pas d'intrigue à proprement parlé, il ne peut donc pas y avoir de dénouement.
Lemot « RIDEAU » clôt donc la représentation, mais il ne termine pas obligatoirement le face à face de Hamm et deClov.
Clov reste immobile et Hamm se fige dans la position qui était la sienne au début de la pièce.
La fin du textecontient donc la possibilité d'un recommencement… Sans fin.Cette structure cyclique rend donc le dénouement ambigu, et crée chez le spectateur une interrogation sur lafinalité réelle de la pièce.
Les répétitions finissent par créer un rythme et donnent l'illusion d'un retour à la casedépart.
A la fin de la pièce, on retourne donc au début ; ce qui n'a pas de sens.
Beckett veut ainsi nous montrer que lemonde, comme métaphore de sa pièce théâtrale, n'a lui non plus aucun sens.En effet, tout d'abord la structure cyclique mise en évidence et étudiée précédemment, peut faire penser au mythede Sisyphe.
Puisque Sisyphe est condamné à faire rouler une énorme pierre jusqu'en haut d'une montagne, ceciindéfiniment.
Chaque fois qu'il arrive en haut de la montagne, la pierre redescend jusqu'en bas.
Il doit donc laremonter, puis elle va redescendre, puis il devra la remonter, puis elle va redescendre… On a donc ici à faire à uncercle vicieux, entraînant à chaque fois un retour au point de départ ; comme dans la pièce de Beckett, puisque à lafin de la pièce on a l'impression de se retrouver au début de celle-ci, cette dernière pouvant ainsi recommencer,indéfiniment.Le mythe de Sisyphe, écrit par Albert Camus est inhérent à la philosophie de l'absurde.
Né au lendemain de ladeuxième guerre mondiale, ce mouvement philosophique littéraire et théâtral est caractérisé par la pensée que latechnique n'est pas libératrice mais qu'elle peut être suicidaire.
C'est la disparition de toutes les idéologies etcroyances.
En effet, à la suite de l'expérience historique des camps de concentration et d'Hiroshima, la convictionselon laquelle le monde a un sens est ébranlée : on prend conscience de l'abîme entre les actes humains et lesprincipes nobles.
L'Homme ne croyant plus à toutes les belles idéologies et croyances religieuses, est marqué par ladésillusion.
Il attend la mort, comme les personnages attendent la fin.Par le biais de Hamm et de Clov, Beckett veut dresser un portrait dégradé de l'Homme, qui attend que la mort arrive.En effet, les personnages essayent de tuer le temps comme ils peuvent, ils attendent péniblement la fin, la mort.Ainsi, ce supplice éveille des échos dans notre monde moderne : comme Sisyphe, il semble que nous tous soyonscondamnés à accomplir des tâches et à les reproduire indéfiniment, pour le seul besoin d'accomplir ces tâches.Le châtiment de Sisyphe, serait donc comme la métaphore de l'être humain, qui passe l'ensemble de son existence àtravailler, à chercher un sens à sa vie, à croire que le monde a un sens, alors qu'il n'en a pas.
Et ainsi, Fin de Partieserait la métaphore dégradé, délabrée, de l'Homme, de ses pensées et de ses convictions, qui au final attendsimplement, comme Hamm et Clov les personnages principaux, la mort.
L'Homme est destiné à mourir, et toute sa vieil attend cette fin tragique.Par cette pièce marquée par le vide, vide d'intrigue mais surtout vide de sens, Beckett veut montrer qu'il n'y ajustement rien à montrer.
La pièce est dépourvue d'intrigue, comme le monde est dépourvu de sens.Comme nous venons de le voir, l'Homme en général mais surtout Beckett est marqué par la désillusion.
De plus,lorsque son frère est gravement malade à l'époque de la gestation de la pièce, Beckett reste à son chevet et lit laGenèse.
Rien d'étonnant alors à retrouver dans Fin de Partie l'évocation et la parodie de ces grands idéaux.
Eneffet, de nombreux éléments rappellent l'histoire du Christ.
Le fait que Hamm meurt à la fin de la pièce maisressuscite lors du ‘‘retour à la case départ'' expliqué précédemment, fait mystérieusement penser à la résurrectionde Jésus.
Le duo Hamm/Clov, en référence au marteau et au clou, est sans doute une image au marteau et au clouayant servis à la crucifixion.
En outre, l'image du suaire, du linceul, dont Hamm se recouvre la tête lorsqu'il fait mimede mourir, est là aussi une métaphore à la mort de Jésus.
L'expression « Saint-Suaire » désigne selon la Bible, le.
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