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Commentaire composé - Phèdre, la tirade ( Acte I, scène 3 )

Publié le 13/03/2012

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L'extrait que nous allons étudier est tiré de Phèdre, tragédie de Jean Racine, qui fut représentée pour la première fois en 1677. Cette histoire est celle d'une reine, Phèdre, qui en l'absence de son mari Thésée, s'éprend passionnément de son beau-fils Hippolyte. Il s'agit ici de la troisième scène du premier acte, mettant en scène Phèdre et sa confidente Oenone : cette dernière prête une oreille attentive aux confessions de la reine, concernant son coup de foudre pour Hippolyte. Il s'agira dès lors de se questionner sur l'expression et le rôle de la passion dans le tragique destin de Phèdre. Pour cela, nous analyserons d'abord les manifestations de l'amour, puis le lien qui unit ce dernier à la fatalité.

 

 

         Ainsi, l'amour se manifeste chez Phèdre de deux façons différentes.

         Tout d'abord, notons qu'elle se trouve en proie à deux sortes de troubles. Qu'ils soient physique ou bien moraux, ils ne font que tourmenter l'esprit de la reine. Par exemple, le vers « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue « (v.273) représente une succession de couleurs contradictoires, ce qui marque non seulement la violence de l'amour ressenti, mais aussi la précipitation (asyndète) et le passage d'une extrémité à l'autre 

« L'amour revêt ici l'apparence d'une force envoyée par les Dieux, qui aliéne la reine au point de la rendre folle, et qui paraît impossible à contrer. Déjà, nous pouvons constater que les différentes tentatives de Phèdre semblent vouées à l'échec.

En tentant d'apaiser la déesse, qu'elle lui élève un temple, qu'elle lui immole des victimes ou qu'elle fasse fumer des autels emplis d'encens, rien à faire.

La reine a reconnu « Vénus et ses feux redoutables ».

Elle a donc recours à la religion pour contrer le sentiment, s'immergeant totalement dans celle-ci, comme pour oublier sa vraie vie.

Les nombreuses hyperboles qui surgissent dans la peinture de ses actions corroborent cette idée : « v œux assidus », « à toute heure entourée », ainsi que deux récurrences d'emploi : les pluriels (autels, victimes) et l'imparfait, qui suggère ici une répétition ( Phèdre ne cesse de refaire les mêmes choses).

Sa persévérance est également visible lorsqu'elle dit en effet qu'elle évite partout Hippolyte.

Cependant, l'exclamation « O comble de misère ! » fait pendant à ce fait. Donc Phèdre multiplie les actions, sans se rendre compte qu'elles sont parfois totalement inutiles, et accroît ainsi le ressenti du sentiment de fatalité chez le spectateur. En conséquence, affirmons donc que ces actions sont bel et bien des échecs, de vaines tentatives.

Tout d'abord, Phèdre met ici ses problèmes sur le compte de son sang (c'est à dire de sa famille), maudit par la déesse de l'amour.

L'expression « d'un sang qu'elle poursuit » met d'ailleurs en exergue l'acharnement de Vénus à détruire cette famille.

La fatalité qui s'empare de Phèdre est lié au ressentiment divin, grâce à la rime placée au vers 277-278 « feux redoutables/tourments inévitables ».

De plus, elle nous dit « qu'à peine au fils d'Egée sous les lois de l'hymen je m'étais engagée », tout de suite survient son coup de foudre pour Hippolyte.

L'échec des différentes tentatives est ainsi exprimé à travers une lamentation lyrique et une série de contrastes entre l'action et ses conséquences. Donc l'expression tragique de l'amour suggère ici une fatalité impitoyable. Phèdre aime, désire et adore Hippolyte.

Malgré tous les efforts qu'elle déploie pour tenter de soulager la colère des dieux, qui se dressent contre cette passion impie, rien n'y fait.

La fatalité poursuit son chemin et frappe sans détour la reine, ne lui laissant aucune chance de survie. C'est pourquoi nous pouvons dire que dans cette tragédie, amour et destin sont étroitement liés.

La passion joue le plus grand rôle, à la fois merveilleux (coup de foudre) et effroyable (amour pour son beau-fils).

Issue fatale, destin commandé, ce sont les dieux qui jouent avec le pantin de Phèdre.

Cette tirade, d'une violence inouïe, nous interpelle par la dureté et la poésie qui s'entremêlent dans les mots dits.

L'amour que ressent la reine pour Hippolyte revêt donc un aspect monstrueux, impur et maudit.

La peinture de l'amour est donc ici montrée aux couleurs de la passion, de la folie et de la mort.. »

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