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COMMENTAIRE COMPOSÉ - NUIT DANS LA FORÊT VIERGE

Publié le 14/05/2014

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COMMENTAIRE COMPOSÉ - NUIT DANS LA FORÊT VIERGE

La fille du pays des palmiers vint me trouver au milieu de la nuit. 

Elle me conduisit dans une grande forêt de pins, et renouvela ses prières 

pour m'engager à la fuite. Sans lui répondre, je pris sa main dans ma 

main, et je forçai cette biche altérée d'errer avec moi dans la forêt. La 

nuit était délicieuse. Le Génie des airs secouait sa chevelure bleue, 

embaumée de la senteur des pins, et l'on respirait la faible odeur 

d'ambre qu'exhalaient les crocodiles couchés sous les tamarins des 

fleuves. La lune brillait au milieu d'un azur sans tache, et sa lumière gris 

de perle descendait sur la cime indéterminée des forêts. Aucun bruit ne 

se faisait entendre, hors je ne sais quelle harmonie lointaine qui régnait 

dans la profondeur des bois: on eût dit que l'âme de la solitude soupirait 

dans toute l'étendue du désert. 

CHATEAUBRIAND, Atala, 1801 

Sous forme d'un commentaire composé, vous dégagerez 

la poésie de cette page, faite de sensations et de rêves. 

 

INTRODUCTION 

C'est avec « Atala « que Chateaubriand, revenant d'exil, devient 

célèbre en 1801. Dans l'extrait que nous allons étudier, le jeune indien 

Chactas, prisonnier des Muscogulges, est aimé d'Atala, la fille du chef, 

qui redoute sa mort et voudrait le voir fuir. Mais lui aussi aime la jeune 

fille et refuse, quoi qu'il arrive, de s'en éloigner. Chateaubriand suspend 

ici son récit pour une brève évocation d'une nuit dans la forêt vierge. On 

a souvent loué chez lui l'union intime de l'objectivité et de la subjectivité 

dans la description. Nous tenterons de dégager la poésie de cette page, 

faite de sensations et de rêve. 

« bleu très sombre.

Mais des impressions de lumière et d'espace sont notées avec une forte concision dans la phrase des l.

7 et 8 : dans la première proposition , d'apparence banale, nous avons en fait une impression d'éclat, par le verbe « brillait », et d'espace par les locutions « au milieu de ...

» et « sans tache », suggérant que l'astre éblouissant fait paraître le ciel vide, par contraste.

A la brillante ne tteté du spectacle dans le ciel s'oppose le clair -obscur de la lumière « gris -de -perle » et la demi - pénombre de la « cime indéterminée »; avec le verbe « descendait », cette dernière évocation contribue à fixer les lignes verticales et horizontales du tabl eau.

Dans leur brièveté, les sensations visuelles sont donc fortes et variées. b) Les sensations auditives Les sensations auditives, plus rares, apparaissent dan s la dernière phrase, l.

8 à 11 .

C'est d'abord une impression de silence soulignée par une coupe forte et par le tour de phrase qui insiste sur la sensation plus que sur le sujet écoutant : « Aucun bruit ne se faisait entendre », au lieu de « on n'entendait aucun bruit ».

Puis l'auteur ex prime avec aisance l'impression de rumeur confuse qu'on perçoit dans une forêt silencieuse : elle est imprécise, continue, puisque le verbe « régnait » reprend et renforce la valeur des imparfaits de durée, et comme toute sonorité éloignée, elle rend sensi ble, quoiqu'autrement qu'à l' œil , l'étendue de l'espace; «la profondeur des bois» semble jouer ici le rôle de caisse de résonance, comme des orgues.

Le silence et les bruits qu'il rend perceptibles sont donc, eux aussi, fortement rendus. c) Les sensations olfa ctives Quant aux sensations olfactives, les plus rares, elles sont proportionnellement très développées dans un texte aussi court.

L'auteur en indique deux : l'une est une « senteur » qui embaume, l'autre est une odeur.

L'une est familière, l'autre, celle des crocodiles, est insolite; aussi Chateaubriand la compare -t-il à celle de l'ambre, indique -t-il qu'elle est faible et nous fait -il participer à sa démarche : nous « respirons » l'odeur avant de savoir d'où elle vient.

Son art met en mouvement une évocat ion qui aurait pu être statique, par les verbes « secouait », « respirait », exhalaient », mais ce n'est pas purement gratuit.

Sans doute s'agit -il de la brise des nuits, qui dégage les odeurs. Nous voyons donc que cette description, quoique brève, est trè s riche, et exprimée avec une aisance parfaite; nous voyons aussi qu'elle est ordonnée en fonction d'une succession naturelle des sensations : on est d'abord saisi par les senteurs de la forêt, puis on lève les yeux vers le ciel,. »

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