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Commentaire composé : Le Mariage de Figaro ; acte V, scène 3 : LE MONOLOGUE DE FIGARO

Publié le 04/06/2012

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Figaro ne réfléchit pas que sur sa propre vie, il a une réflexion très élargie sur les hommes, on passe du « je « au « on « au cours du monologue. On observe un motif récurrent dans ce monologue qui est celui de l’énigme : «Ô bizarre suite d'événements« cette phrase fait écho au début du monologue : «Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ?« Un doute métaphysique est exprimé au travers une succession haletante de questions sans réponses : « comment cela m’est-il arrivé ? Pourquoi ces choses et non pas d’autres ? « Lorsqu’il se demande comment, Figaro cherche une cause pratique, lorsqu’il se demande ; pourquoi, qui ?, il cherche l’existence de quelque choses capable de donner un sens à l’absurdité de la vie ( Philosophes du XVIIIème ) Au début du monologue, Figaro parlait de sa «destinée« ; or, ici, il parle de «bizarre suite d'événements«, ce qui laisse supposer que la vie n'est pas un destin tout tracé, mais une accumulation de péripéties que seul le hasard semble gouverner. Figaro ici, se rapproche de Hamlet, les deux personnages ont les mêmes questions métaphysiques.  transition: Les réflexions de Figaro reprennent largement les idées des Lumières et peuvent apparaître a priori surprenante dans la bouche d'un personnage de comédie. Figaro se transforme au cours du monologue en héros romanesque et tragique.

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« recors, la plume fichée dans sa perruque ».De même, la multiplicité des métiers exercés tels que vétérinaire, écrivains, auteur de théâtre, journaliste, barbiermontrent la difficulté qu’il y a à se sortir de ce néant économique et social, et met en valeur l’énergie avec laquelleFigaro a dû lutter.Cette inexistence sociale est à nouveau soulignée par le « on me supprime » qui au premier degré évoque le Journalmais qui peut symboliquement s’appliquer à son rédacteur (comme Beaumarchais lui-même).Pour marquer l’opposition entre la richesse qui entoure l’homme du peuple et son dénuement et amplifier cetteimpression d’injustice et de disproportion, il utilise le lexique de la richesse qui envahit littéralement le texte, commepour marquer en creux son absence : « fortune », « bien », « richesses », « argent », « produit net », « profit », «gagner du bien ».Figaro ne se contente pas de peindre les souffrances du peuple, il cherche également à mettre en cause unesociété qui non seulement n’aide pas le peuple mais va même jusqu’à le pousser à la malhonnêteté.

La misère parune sorte de fatalité forcerait à la malhonnêteté, c’est du moins ce que nous suggère le fait que le parcours dupersonnage semble former une boucle, s’il est « volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs » après avoir touttenté pour exercer un métier honnête, « il ne reste plus qu’à voler » et c’est en exerçant une activité illégale qu’ilobtient de la reconnaissance ; « je me fais banquier de pharaon : alors bonnes gens ! je soupe en ville, et lespersonnes dites « comme il faut » m’ouvrent poliment leur maison ».Cette idée est également mise en valeur par une sentence qui donne à voir les secrets de la société : « pour gagnerdu bien, le savoir-faire vaut mieux que le savoir », cet euphémisme signifie qu’il vaut mieux savoir manipuler et volerque d’être instruit pour s’en sortir.A nouveau comme lorsque Beaumarchais soulignait la richesse pour mieux mettre en relief son absence, il choisit demontrer l’opposition existant entre la noblesse et le peuple.Cette opposition est mise en avant dans une question rhétorique à laquelle il prend néanmoins soin de répondre pourinsister encore davantage sur l’injustice et l’absence d’efforts fournis par les privilégiés : « Qu’avez-vous fait pourtant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus ».

Les deux adverbes « tant » et « rien » serépondent pour mieux valoriser l’idée qui sous-tend ensuite tout le reste du monologue qui décrit tout le mal ques’est donné Figaro pour « subsister », qui est que son maître s’est contenté de s’être « donné la peine de naître, etrien de plus » alors que lui a dû se battre sans relâche.

Le fait qu’il faille se battre est d’ailleurs illustré par l’extrêmelongueur des passages évoquant les efforts faits par Figaro pour s’en sortir et la rapidité avec laquelle son rêve etses activités sont balayées : « à l’instant », « sitôt », « on me supprime », « derechef ». transition:Cette pause dans l’intrigue permet à Beaumarchais de pointer du doigt et de dénoncer un bon nombre d’injusticessociales de son temps, il nous dresse le portrait d’une société où l’absurdité règne en maître, et choisit pour se fairede prêter à son personnage un ton indigné pour mieux brosser un tableau de la misère du peuple et mettre en causeune société qui les tolère et les encourage. III/ Figaro : un valet romanesque ( du valet de comédie au héros de roman) Comme dans tout roman autobiographique, Figaro raconte sa vie et la commente.Sa vie étant bien sûr rapportées à celle de Beaumarchais lui-même comme ses idées exprimées d’ailleurs.Il fait une analyse psychologique de ses motivations et utilise un langage de l’introspection : « ambitieux par vanité,laborieux par nécessité… poète par délassement, musicien par occasion, amoureux par folles bouffées… », les nomset les adjectifs définissent l’état et le complément en donne la cause.Les Valets de comédie ont rarement un passé.

Figaro, lui, plonge dans un passé, dans une mémoire qui en font unpersonnage de roman égaré dans la comédie.

Il évoque ses origines obscures « fils de je ne sais pas qui », sonéducation dissolue « volé par des bandits, élevé dans leurs mœurs », ses études et leur résultat décevant » peut àpeine me mettre à la main une lancette vétérinaire ».

Il s’étend sur ses tentatives d’ascension sociale, sur sesambitions et ses déboires d’auteur : au théâtre, sa comédie est censurée « voilà ma comédie flambée » ; unmémoire, un essai économique lui vaut la prison « à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté ».Figaro est parfois drôle mais jamais ridicule.

Il a de l’humour, cet humour peut-être dirigé contre les autres commecontre lui.

Il tourne les choses en autodérision : « las de nourrir les bêtes malades ».Lorsque Figaro parle de sa « retraite économique », il utilise un euphémisme et veut en fait parler de sonemprisonnement à la Bastille.Il est émouvant et cache sa souffrance avec humour, sauf quand il parle de Suzanne à la fin : «désabusé…Désabusé !...Suzon, Suzon, Suzon ! ».Sa souffrance est fondée sur un double sentiment de trahison et d’humiliation.

Figaro se croit trahi par Suzanne etvoit une fois de plus s’écrouler l’espoir de trouver une place dans le monde « et partout je suis repoussé ! ».

Ilsouffre aussi de se retrouver dans la position ridicule du cocu « me voilà faisant le sot métier de mari ».

Le fait quele comte lui prenne sa femme a un retentissement social qui va bien au-delà de l’humiliation personnelle ; celasignifie à nouveau la défaite de l’homme humble face au grand seigneur.Le texte prend une dimension pathétique et suscite la compassion du public.Un valet de comédie qui n’exprime plus son désespoir sans être drôle, comme peut l’être Sganarelle dans Dom Juan,n’est plus dans la tradition.Figaro ne réfléchit pas que sur sa propre vie, il a une réflexion très élargie sur les hommes, on passe du « je » au «on » au cours du monologue.On observe un motif récurrent dans ce monologue qui est celui de l’énigme : «Ô bizarre suite d'événements» cettephrase fait écho au début du monologue : «Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ?»Un doute métaphysique est exprimé au travers une succession haletante de questions sans réponses : « comment. »

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