Commentaire Composé "L'Avare qui a perdu son trésor" La Fontaine
Publié le 21/06/2014
Extrait du document
«
La morale : « L'usage seulement fait la possession.
»
Entrée en matière très brusque avec une maxime courte et dense
Densité de sens, concentration… Besoin de déployer la sentence.
Cette maxime invite le lecteur à
réfléchir au sens de l’argent : l’argent qui n’est pas dépensé ne sert à rien, ne donne accès à rien…
L’argent n’est pas une fin en soi, c’est la dépense qui rend l’argent utile…
Le narrateur s’implique directement et simplement dans son texte comme pour appeler au bon sens les
avares : « je demande ») Insertion d’un présent d’énonciation, proximité avec la voix narrative qui
s’implique personnellement, se met dans la balance…
La réflexion n’est pas d’ordre moral mais travaille sur la question du bon sens… Il y a une sorte de
faute de raisonnement…Il s’agit moins d’une faute morale que d’une faute logique.
« Je demande à ces
gens de qui la passion /Est d'entasser toujours, mettre somme sur somme , / Quel avantage ils ont que
n'ait pas un autre homme.
» Il semble que l’avare se lèse d’abord lui-même dans sa folie de la
conservation.
« Le malheureux », l’appelle La Fontaine….
La morale met l’accent sur la dimension utilitaire de l’argent, l’argent n’est qu’un moyen/ La Fontaine
dénonce d’emblée ceux qui prennent l’argent non plus comme un moyen mais comme une fin… Il y a
un détournement de la fonction de l’argent, l’argent ne donne rien en soi.
En amasser sans le dépenser
est donc une sorte d’aberration logique…sans même parler de morale.
On entend la voix sarcastique
du narrateur au début du récit
« Ce malheureux attendait, /Pour jouir de son bien, une seconde vie; » : Le mot « malheureux »
souligne le fait que l’avare se lèse lui-même d’abord, qu’il est lui-même l’origine de son malheur.
L’ironie s’entend dans l’absurdité de ne pas jouir de son argent dans cette vie-là…
Cette erreur de raisonnement revient à la fin du récit avec la chute.
Le passant ne fait pas une
réprimande morale à l’avare, il lui révèle l’inutilité de son argent : « Pourquoi vous vous affligez tant,/
Puisque vous ne touchiez jamais à cet argent,/mettez une pierre à la place,/Elle vous voudra tout
autant »
La logique est implacable… Aucune excuse n’est donnée à cet avare.
L’effet de chute avec ce vers qui
clôt la fable est saisissant : on comprend d’un coup avec ce raccourci que l’argent gardé ne sert pas
plus qu’une pierre.
Ce que met en avant cette morale, c’est que la personne se lèse elle-même : elle ne profite pas des
avantages de sa fortune : « Je demande à ces gens de qui la possession/ Est d’entasser toujours, mettre
somme sur somme,/ Quel avantage ils ont que n’ait pas un autre homme »
L’avare vit comme un gueux…C’est un « malheureux »
B/ L’argent emprisonne l’être humain
La perte de liberté de l’avare s’exprime de faon efficace dans le chiasme « Ne possédait pas l'or, mais
l'or le possédait » L’ordre ordinaire et sain est renversé : il n’y a plus de possibilité de disposer de son
bien, c’est l’obsession du bien qui passe avant toute autre pensée.
La Fontaine explore la capacité de l’or, en dehors de toute logique, de capter toute l’attention de l’être
humain.
L’avare concentre toute son attention sur l’argent qui devient une pensée obsessionnelle : « Il
avait dans la terre une somme enfouie,/ Son cœur avec, n’ayant autre déduit / Que d’y ruminer jour et
nuit »
Le champ de conscience de l’avare est rétréci à son or.
Sa dépendance est telle qu’il ne s’éloigne pas
de son trésor…
C’est donc sa liberté d’action qui est ruinée : il ne dispose pas à sa guise de l’argent, mais c’est l’argent
qui dispose de lui… qui fait que sa vie est entièrement organisée par l’argent.
Cette fable montre combien pour des raisons obscures, l’argent rétrécit le champ de conscience de
certains êtres.
Cet avare est comme tenu en laisse par son argent : à la fois, spatialement, il ne peut
s’éloigner de l’endroit où son trésor se trouve mais aussi psychologiquement, il s’enferme dans un tout
petit monde aux dimensions de son trésor.
Conclusion : par une petite histoire amusante, légère et plaisante, La Fontaine nous fait réfléchir à
l’homme dans ses rapports avec les biens matériels ; il montre l’incroyable propension de l’homme de 3
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