Commentaire Composé: La Peau de Chagrin, Balzac - Étude du passage de la description de l'antiquaire, de la page 89 à 91

« était impossible de tromper cet homme qui semblait avoir le don de surprendre les pensées au fond des coeurs les plus discrets.» ou encore «il vivait seul, sansjouissances parce qu'il n'avait plus d'illusions, sans douleur parce qu'il ne connaissait plus de plaisirs.» Ici, il est impossible en regardant simplement le vieil hommede deviner ces précisions que donne Balzac.

L'omniscience du narrateur donne des éléments du vieil homme qui font basculer sa description dans le fantastique.Ainsi dans la citation ci-dessus, il montre l'Antiquaire dépourvu de jouissances et sans douleur, aucun homme ne peut être comme cela, c'est pourquoi le vieillardparaît irréel, presque imaginaire.

Mais comme pour effacer nos doutes, le narrateur enchaîne directement sur l'état actuel physique du vieil homme : «Le vieillard setenait debout inébranlable».

Le fait que Balzac se soit positionné comme narrateur omniscient est un atout pour le fantastique dans la description, en effet il choisit dece qu'il dit et ne dit pas dans la description, facilitant ainsi la mise en scène de la difficulté pour le lecteur de trancher entre la vérité et l'imaginaire.

Si Balzac avaitchoisi de se positionner extérieurement pour donner la description du vieillard, le lecteur n'aurait alors eu que la seule description physique et visuelle du vieillardainsi que l'idée que s'en fait le narrateur.Pour étudier l'effet produit sur Raphaël de sa rencontre avec l'Antiquaire, il faut aller un peu plus loin dans le roman, jusqu'au paragraphe suivant la description de cedernier.

On peut ainsi remarquer qu'une ambiance de mort est restée tracée dans l'esprit du jeune homme : «bercé par des pensées de mort et de fantasques images».

Ila l'air très déstabilisé rien que par l'apparence du vieillard : «Il trembla donc devant cette lumière et ce vieillard».

Balzac donne l'impression que Raphaël délire et ades visions en expliquant les raisons de sa croyance d'enfant.

Le physique, le comportement et l'état moral du vieillard qu'imagine Raphaël ont un effet plus quedémesuré sur celui-ci.

Lorsque Balzac écrit «Tel fut le spectacle étrange qui surprit le jeune homme», on a l'impression que Raphaël a imaginé tout ce que le narrateura écrit sur l'état moral de l'Antiquaire précédemment alors que cela n'est pas possible réellement.

Dans le passage suivant : «[…] après avoir été bercé par des penséesde mort et de fantasques images.», Balzac utilise une personnification pour rapprocher la mort de Raphaël et rendre le passage plus morbide, les «pensées de mort» etles «fantasques images» bercent alors le jeune homme.

Balzac donne l'impression que le moribond dormait depuis le début de sa rencontre avec l'Antiquaire et seréveille enfin à ce moment, après avoir été bercé.

Juste ensuite, le narrateur créer une similitude et un rapprochement entre le morceau de phrase «enfants quiécoutent les contes de leur nourrices» et le mot «bercé» ; après avoir été bercé, Raphaël reste dans une croyance qui est similaire à un souvenir d'enfance.

Cerapprochement connote le rêve mais surtout la vie et son début, ou l'homme est insouciant, plein de rêves et de croyance.

Balzac qualifie le fait que le jeune homme selaisse «momentanément dominer par une croyance» comme une erreur ; comme si il était prohibé de repenser a sa jeunesse.

Il justifie d'ailleurs cette erreur grâce àson omniscience en disant «il faut attribuer cette erreur au voile étendu sur sa vie et sur son entendement par ses méditations […] La description de l'Antiquaire de Balzac est une performance phénoménal, en effet, il réussi avec beaucoup d'adresse à marier le réalisme du personnage et lefantastique de la scène pour séduire le lecteur, il créé ainsi un portrait physique et moral du vieillard réaliste mais mystérieux, pour laisser penser au lecteur que celui-ci a quelque chose d'irréel.

On imagine facilement, la puissance mental du vieil homme, mais Balzac réussi toujours à semer le doute chez le lecteur.

L'omnisciencedu narrateur permet d'accentuer le mystère de la scène, et le lecteur peut alors connaître toutes les réactions et les pensées de Raphaël qui est face a cette scèneremarquable.

C'est un passage du roman totalement en accord avec le reste du récit, les éléments du fantastiques vont et viennent en rythme comme tout au long duroman, de plus Balzac applique avec beaucoup de soin sa description comme il fait toujours dans tous ces romans.

Il serait toujours possible de peindre unedescription de balzac avec une précision hors du commun, ce réalisme que nous offre Balzac est une réelle source d'inspiration qui la rend alors fertile à tout autrespensées.. »