Commentaire composé la femme aux roses Théodore de Banville
Publié le 03/09/2023
Extrait du document
«
La Femme aux roses
Nue, et ses beaux cheveux laissant en vagues blondes
Courir à ses talons des nappes vagabondes,
Elle dormait, sereine.
Aux plis du matelas
Un sommeil embaumé fermait ses grands yeux las,
Et ses bras vigoureux, pliés comme des ailes,
Reposaient mollement sur des flots de dentelles.
Or, la capricieuse avait, d’un doigt coquet,
Sur elle et sur le lit parsemé son bouquet,
Et, – fond éblouissant pour ces splendeurs écloses ! –
Son corps souple et superbe était jonché de roses.
Et ses lèvres de flamme, et les fleurs de son sein,
Sur ces coteaux neigeux qu’elle montre à dessein,
Semblaient, aux yeux séduits par de douces chimères,
Les boutons rougissants de ces fleurs éphémères.
Mars 1845.
Théodore de Banville, Les Stalactites, 1846
La femme aux roses, Théodore de Banville
Commentaire composé
Théodore de Banville est un poète français à la croisée du romantisme et du Parnasse.
Il est
également précurseur du symbolisme.
Le poème soumis à notre étude est constitué de quatorze vers
enchaînés les uns à la suite des autres.
L’auteur s’affranchit des règles prosodiques classiques
puisqu’il fait le choix de ne pas délimiter le poème par des strophes.
Le poète cherche à représenter
une femme splendide dont la beauté est semblable à celle d’une rose.
Si au premier abord, ce poème
semble reprendre un topos de la poésie classique, nous verrons que certaines dissonances
apparaissent.
Ainsi, nous pourrons nous demander comment cette ode à la beauté constitue une ode
dissonante ? Nous étudierons la représentation de la femme puis nous verrons les caractéristiques
d’un romantisme en marge.
I.
La représentation de la femme
→ La femme assoupie et la nature : des topos de la poésie romantique exploré
De Banville fait le choix de représenter une femme assoupie qu’il décrit de manière progressive.
Quelques indications physiques nous sont données, agrémentées d’adjectifs mélioratifs : vers 1 : “ses
beaux cheveux laissant en vagues blondes”, vers 4 : “de grands yeux”, son corps est “superbe”, vers
10.
La femme est perçue comme la muse du poète qui l’inspire, elle apparaît gracieuse et séductrice.
C’est une femme raffinée, elle repose sur des “flots de dentelles”, symbole du raffinement et de la
magnificence, cela l’intègre dans une caste sociale noble.
Ainsi, à première vue, ce poème constitue
une ode, c’est-à-dire un poème à visée lyrique destiné à chanter et à célébrer la beauté du corps de
cette femme.
L’expression des émotions est également typiquement romantique, Dans le poème,
Banville met l'accent sur la beauté de la femme et l'effet envoûtant qu'elle exerce.
Il utilise des
descriptions suggestives et passionnées pour évoquer l'émotion et susciter une réponse émotionnelle
chez le lecteur.
Bien que le poème se concentre principalement sur la femme aux roses, Banville fait
également référence aux roses elles-mêmes, qui sont souvent associées à la nature dans le
romantisme.
Les roses sont présentées comme des symboles de beauté éphémère et de fragilité, ce qui
est caractéristique de l'approche romantique de la nature.
→ Une sensualité associée à la Nature
La sensualité est fortement présente dans ce poème.
Le corps de la femme est l’objet même du
poème, notamment des parties du corps fortement connotées telles que les cheveux, les lèvres, les
seins.
À travers cette ode, nous pouvons percevoir une forme d’érotisme, le poète semble vouer une
fascination pour ce corps dénudé qu’il peut observer sans jamais toucher.
La femme est également
reliée à la Nature, “les coteaux neigeux”(vers 12), cette métaphore représente les côtes de la femme.
Elle accentue la pâleur de ce corps féminin, répondant aux critères de beauté de l’époque.
La femme
est également comparée et assimilée à une fleur, une rose.
Cette dernière est un symbole d’amour et
une représentation de la beauté.
Si au départ, c’est l’endroit où elle repose qui est couvert de pétales
de roses, plus on avance dans la lecture, plus l’analogie entre la rose et la femme se crée.
À deux
reprises, l’auteur à travers une métaphore crée un lien entre la poitrine de la femme et les fleurs “ les
fleurs de son sein” ainsi que “Les boutons rougissants de ces fleurs éphémères”.
Un élément de la
nature apparaît, celui de la mer, “ses beaux cheveux laissant en vagues blondes” (vers 1) ainsi que
“des flots de dentelles” (vers 6).
→ Un être hybride
Cette isotopie de l’eau relie la femme à un élément naturel, la mer, sa posture rappelle celle des
naïades (nymphes aquatiques dans la mythologie grecque).
La description donne à voir une femme
mais également une œuvre d’art.
Tel un pygmalion, de Banville, donne vie à une femme-créature à
laquelle il attribue des caractéristiques qui ne sont pas humaines, notamment au vers 5, où les bras
sont comparés à des “ailes”.
Les femmes ailées présentes dans la mythologie sont les harpies, ces
êtres hybrides, mi-oiseaux, mi-femmes.
L’hybridité de cette femme est visible à travers l’analogie
entre elle et la rose.
Cette femme se transforme presque en “femme-fleur”, telle un bouquet qui prend
vie sous les yeux du lecteur.
II.
Caractéristiques d’un romantisme en marge
→ Une ode dissonante
Cependant, des éléments dissonants attirent notre attention.
En premier lieu, le poème s’ouvre sur la
vision d’un corps et non d’une femme, en effet, il commence par l’adjectif “Nue” mis en valeur par la
virgule.
Le poème commence in medias res, le poète attire l’attention sur le corps, puis les cheveux
qui courent jusqu’aux talons.
Le sujet n’est jamais directement nommé, le poète l’identifie par les
pronoms personnels “Elle”, et c’est à travers les parties de son corps “ses beaux cheveux”, “ses grands
yeux”, “ses bras vigoureux”, “son corps souple et superbe”, “ses lèvres”, “son sein”.
C’est donc
uniquement....
»
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