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Commentaire Composé: il Pleure Dans Mon Coeur

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

 

I-Organisation du poème

-la découpe des vers

Six syllabes combinées sur deux vers reproduisent le rythme de l'alexandrin. Le poème se découpe en quatre strophes de quatre vers.

- Les répétitions

Dans chacune des strophes apparaît, en position forte à la rime ou à la césure le mot cœur. Pour éviter la raideur, le poète fait varier le déterminant qui le précède, "mon cœur", "ce cœur", "un cœur" ainsi que la position du mot dans le vers. Tout se fait écho dans ce poème ciselé comme les ballades ou les rondeaux du Moyen-Âge qui jouaient avec virtuosité de ce phénomène.

- Les oppositions

Il y a une double interrogation suivie d'exclamations qui semblent leur apporter la réponse. La pluie apaise-t-elle ou exacerbe-t-elle l'ennui ? laisse le lecteur dans l'indécision qui fait le charme du poème.

- Le rôle de la ponctuation

Il y a un passage constant de l'interrogation à l'exclamation qui se répondent d'une strophe sur l'autre. Strophes I et III, interrogations et strophes II et IV exclamations. Aux questions, la pensée du poète se heurte à un double vide que rien ne peut combler. La seconde formule interrogative est elliptique : " nulle trahison " ?....Et le point d'interrogation suivi de points de suspension laisse le lecteur dans l'expectative. Il est probable que le poète ne sait lui-même que penser et se demande s'il est sûr de ne pas avoir été trompé (par Rimbaud peut-être)

II. Musique du poème

- Le jeu des rimes

Pour les rimes, le poème repose sur quatre notes (eur, uie, son, eine) et la reprise systématique de la même rime aux premiers et derniers vers de chaque strophe. S'y ajoutent de nombreuses rimes intérieures, au premier vers " pleure " et " cœur", au vers 5 " bruit " et " pluie ", aux vers 9 et 10 " pleure " et "cœur" à nouveau.

- Le rythme

Le poème donne la sensation de monotonie et de répétition de la pluie. Les mêmes mots et les mêmes sons régulièrement repris reproduisent le bruit de la pluie, doucement répétitif.

- Le vocabulaire

Dès le premier vers apparaît un néologisme " il pleure " qui reproduit le cliché d'une pluie de larmes. C'est sur les ressemblance phoniques avec " il pleut " que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se renforce, c'est de la pure poésie. " il pleure dans mon cœur" est une métaphore du chagrin.

III. Le thème de l'eau

- Fusion des verbes pleurer et pleuvoir

Tout le charme du poème consiste à nous faire confondre la pluie et les pleurs et à nous situer, insensiblement dans une autre réalité. Nous entrevoyons l'action de la pluie une langueur qui imprègne le cœur comme la pluie imprègne les vêtements.

- Une musique de l'âme

L'identification des sensations pleurer et pleuvoir est accentuée par l'effet sonore produit par la pluie. "Oh chant de la pluie ", l'exclamatif " ô " valorise le chant de la pluie qui peut-on penser berce l'ennui du cœur dans lequel " il pleure ". Mais le thème de la pluie serait lié métaphoriquement non seulement aux larmes mais à la douceur lyrique du texte. Il y a, dans la progression du texte, un effacement progressif du prétexte à la mélancolie (la pluie) au profit de la mélancolie elle-même, qu'atteste la disparition de la pluie après la 2ème strophe. Observons aussi la passivité des formules impersonnelles , il pleut, il pleure

- Échos de tristesse et de mélancolie

La note dominante du poème est le chagrin qui apparaît d'emblée " il pleure ", est ensuite repris " deuil " et confirmé par " peine". Mais ce chagrin doit être modulé et il s'agirait plus d'une sorte de spleen sans cause. Nous retrouvons dans ce texte le sentiment permanent de Verlaine entre le chagrin et la douceur, une âme vidée de toute motivation, une conscience aussi incolore que l'eau de pluie.

CONCLUSION

C'est toujours la même fatalité, la mélancolie qui l'emporte sur la raison. Le poème s'achève sur une démission, un aveu d'impuissance et son pourquoi qui précède les deux derniers vers reste sans réponse. Verlaine a su nous suggérer à partir d'un lien entre la pluie et l'ennui, en soi des plus banals, un sentiment subtil d'étonnement face à sa tristesse qui nous fascine par sa douceur musicale.

 

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