Commentaire composé De l'extrait de page 107 à page 109 Du roman Histoire du chevalier Des Grieux et Manon Lescaut d'Antoine-François Prévost d'Exiles

« prêche la vertu.

La situation est comique parce que Manon se trouve entre ses deux amants, l'unest jeune etpauvre et l'autre vieux et riche, mais qui se laisse être trompé par la beauté « en me disant que j'étais un joligarçon » et la naïveté apparente qui, ordinairement est un trait caractéristique de la jeunesse « je répondis d'unair niais ».

Dans cette scène Des Grieux se montre comme quelqu'un de très vertueux, humble et modeste, alors qu'il est un libertin, même s'il le nie partout dans le roman.

Il est en train d'escroquer un autre libertin pour pouvoirensuite jouir de ses richesses, se procurant ainsi des plaisirs à partager avec sa maîtresse.

De plus il semble que leshéros sont enfermés dans un cercle vicieux dans lequel l'on essaie de tricher l'autrui car on sait bien que le vieux n'apas non plus reçu toute sa fortune par le travail honnête et assidu. D'un autre part le comique se faufile aussi dans les mots du jeune homme ainsi que dans les gestes des personnages.

D'abord, c'est à travers le prisme du temps qu'il narre son aventure, mais il le rend tellement vivantgrâce au vocabulaire démonstratif qu'il emploi « l'argent qu'il mettait entre ses mains », « lorsque Manon eut serrél'argent et les bijoux », « il me donna deux ou trois petits coups sur la joue ».

Néanmoins, malgré sa prétenduemanque d'expérience dans les mensonges, il se révèle l'acteur principal pendant le souper.

Son débit de parole estdirect, mais en raison de son éloquence il dupe facilement M.

de G…M….

Quand ce dernier, en haussant le menton du garçon, dit « je lui trouve l'air de Manon », il ne suppose pas du tout que Des Grieux, dans sa réplique, lui parlede sa relation amoureuse avec la fille de la manière la plus évidente : « Monsieur, c'est que nos deux chairs setouchent de bien proche ; aussi j'aime ma sœur Manon, comme un autre moi-même ».Or, malgré son âge, il joue trèshabilement avec les mots et cela fait l'orateur/lecteur rire.

« Ho, Monsieur…j'en ai vu beaucoup chez nous dans leséglises, et je crois que j'en trouverai à Paris de bien plus sots que moi ».

Pourtant le garçon parle d'une façonsimple, qui favorise l'air provincial qu'il veut affecter ; cet « enfant de province » est « bien éloigné d'avoir les airsde Paris ».

Des Grieux manifeste son talent rhétorique en dressant un portrait authentique de M.

de G…M… quiapparemment a pour rôle de divertir et, à l'aide duquel il peint son sort de dupe, mais « son amour-propre l'empêchade s'y reconnaître » et « il fut le premier de le trouver risible ».

Comme si avec ce récit le jeune homme essaie depurger sa conscience en prévenant indirectement le vieux libertin de ce qui va se passer et de transmettre laresponsabilité des ses actes à l'autrui.

Par contre, au lieu de cela, non seulement le destinataire n'a pas reçu sonmessage, mais, de surcroît il s'entraîne dans une scène comique où il rit de lui-même sans s'en rendre compte etc'est de sa faute parce qu'il n'a pas pu décoder le récit. En troisième lieu, le comique se voit dans les caractères des protagonistes sur scène.

Tous les trois sont appâtés par le désir de posséder des richesses, même Des Griex.

Et l'argent est à l'origine de toute cette scène.Cela fait rire parce que notamment à cause de l'argent, notre héros vertueux tombe dans des situations pareilles.Lescaut et Manon apparaissent comme des personnages secondaires pendant le souper tandis que le jeune hommesemble jouer la partie essentielle du plan.

Les deux susdits sont là pour soutenir la performance du chevalier.

C'estLescaut qui l'introduit dans la pièce, le prenant par la main en sorte qu'il lui dresse le portrait du frère anodin deManon encore plus convaincant.

Elle, de sa part, qui devait, selon le plan, être au milieu de l'action, y est aussien position marginale : « Manon, qui était badine, fut sur point, plusieurs fois de gâter tout par ses éclats de rire ».Elle est présentée comme une entrave, voire comme un danger et le jeune homme se sent obligé de mener leurentreprise à bonne fin.

Le caractère du héros de M.

de G…M… est en contre-pied avec Des Grieux.

Il est libertin,appartenant à « la vieille cour », démodé, pourtant riche et en plus généreux envers Manon, que couvre derichesses et d'argent.

Il a l'esprit d'un marchand, donne à la fille tout ce qu'il avait déjà négocié avec elle et leurrelation se révèle purement comme une affaire commerciale.

Le comique vient de là que le grand et riche marchands'est laissé berner. Pour conclure je dirai que c'est un extrait important pour l'ensemble du roman et ce n'est pas par hasard que le narrateur lui prête une aussi grande importance, comme d'ailleurs, lui-même mentionne dans la prolepse.

Il montreaussi un autre aspect du caractère du chevalier – son talent théâtral qui signera la perte des jeunes amants car, M.de G…M… se vengera et à la suite de cela Manon se trouvera déportée en Amérique.

Même si cette scène estcomique, elle est, au fond, plutôt tragique parce qu'elle met en lumière la morale sélective de Des Grieux et sonimpossibilité de s'opposer à sa maîtresse avide de plaisirs et de luxe, suite à ce qu'il tombe dans des situationsnéfastes.. »