Commentaire composé de « L'amitié, c'est un nom sacré » d'Etienne de la Boétie, extrait du Discours de la servitude volontaire
Publié le 31/12/2011
                            
                        
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                                Les questions sur les relations humaines et le respect de l'être humain sont au cœur des problématiques de la pensée Humaniste au XVIe siècle. La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire qu'il rédige à dix-huit ans seulement, s'interroge sur les conditions de la soumission du peuple à un tyran. Cette œuvre souligne un paradoxe singulier : le peuple opprimé choisit de l'être. En effet, la seule puissance du tyran est celle qu'on lui donne. Dans l'extrait que nous allons étudier, la Boétie oppose la tyrannie qu'il critique violemment, à l'amitié qu'il juge sacrée. Nous verrons ainsi comment la Boétie fait subtilement l'éloge de l'amitié dans le but de mieux isoler le tyran dans sa solitude affective et inviter le peuple à se soustraire de son joug. Dans un premier temps, nous nous pencherons sur les caractéristiques argumentatives de cet extrait ; dans un deuxième temps nous verrons comment l'auteur dresse une définition nuancée de l'amitié ; dans un troisième temps, nous verrons comment et dans quel but la tyrannie est critiquée.
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La Boétie fait l'éloge de l'amitié et blâme la tyrannie.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il s'agit de caractéristiques propres au registre épidictique.Nous allons nous intéresser à comment cela s'articule au sein de l'extrait.
 
1- L'amitié représentée comme valeur immaculée, supérieure et réservée à une élite morale
 
A - La Boétie fait usage d'un vocabulaire mélioratif, (« intégrité » (honnêteté), « constance », « sacré ») pourdésigner l'amitié.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il fait  l'éloge  de cette  valeur  morale  en l'associant  à du  lexique  religieux  : «  c'est  un nomsacré », « c'est une chose sainte ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Il place cette valeur morale à un rang supérieur.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il souligne ainsi que l'amitién'est pas quelque chose d'accessible à tous.
 
B - En  effet,  l'auteur  nous livre de nombreuses  nuances qui codifient  l'amitié, à travers  l'usage de formulesrestrictives.
                                                            
                                                                                
                                                                    L'amitié n'existe que pour une catégorie d'individus : « Elle ne se fait jamais qu'entre gens de bien »,et ne peut exister que sous certaines conditions morales « ne se reprend que par une mutuelle estime ».
 
C - Aussi, la Boétie définit l'amitié par ce qu'elle n'est pas et ce qu'elle ne peut tolérer.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, l'amitié ne peuttolérer la malveillance, dont on trouve le champ lexical : « cruauté », « déloyauté », « injustice ».
                                                            
                                                                        
                                                                    Il établit unréseau  de distinctions  afin d'éviter  toute confusion  : il oppose  le « complot  » à la  « compagnie  » ;« s'entraiment » à « s'entrecraignent » et enfin l'amitié et la complicité.
 
 
2- L'amitié peut toutefois concéder certaines formes de malveillances
 
A - La Boétie nuance encore son propos en répondant à une objection possible exprimée par la tournure « quandbien cela n'empêcherait point » signifiant que la complicité n'exclue pas l'amitié.
                                                            
                                                                                
                                                                    Ainsi, à partir de cette objection ,il concède  une définition  plus large  de l'amitié  « qui  a son  vrai  gibier  en égalité  ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette  concession  tolèrecertaines formes de malveillance en amitié.
 
B - En effet, tout en  gardant une distance critique  à cet égard, l'incise « (ce dit-on) »,  la Boétie admet  lapossibilité d'une réelle solidarité  entre voleurs,  parce qu'ils sont égaux  entre eux et qu'une  forme d'amitiénécessaire à l'unité qui fait leur force.
 
C - Toutefois, si la Boétie accorde cette concession, ce n'est pas pour dire que son premier développement surl'amitié était erroné, bien au contraire.
                                                            
                                                                                
                                                                    Il s'agit d'un procédé qui permet de renforcer son argumentation, son butétant de placer la tyrannie à l'exact opposé de l'amitié.
 
 
III- La tyrannie contre l'amitié et les Hommes
 
1- La tyrannie se situe à l'exact opposé de l'amitié
 
A - La Boétie concède une proximité entre l'amitié « des gens de bien » et la complicité des voleurs afin de mieuxisoler le tyran,  condamné  à la solitude.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il est «  au-dessus  de tous », « sans  compagnon  » et cela le place.
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