Commentaire composé de Baudelaire, '' à une passante ''
Publié le 04/12/2012
Extrait du document
«
extravagant [...]
».
Le
rythme, haché, exprime
l'angoisse
du
poète (rythme
: 1 / 3 / 2
dans
le
premier
hémistiche
du
vers
6).
- Il
exprime
son
émotion
par de
nombreuses phrases
exclamatives
:
dernier tercet.
- «
Ailleurs, bien loin d'ici
!
Trop tard
!
Jamais
peut-être
! » :
phrases courtes, rythme haché
(2/4/2/4)
qui
suggèrent
une
émotion violente,
des
sentiments
confus.
C.
Le
poète s'adresse directement
à la
femme
absente
en
la
tutoyant
à
partir
du
vers
9 : il y a un
contraste avec
le
début
du
poème
où il
parle d'elle
à la 3e
personne.
C'est justement
lorsqu'elle
n'est
plus
là
qu'il
lui
parle
-
comme
si une
rencontre réelle était
impossible.
—
apostrophes
: « ô toi que
j'eusse aimée,
ô toi qui le
savais
! » :
anaphore
qui
suggère l'émotion.
- Il lui
pose
une
question
: « Ne te
verrai-je plus
que
dans
l'éternité
:
registre pathétique, expression
du
regret,
d'autant plus émouvant
que la
femme,
absente,
ne
peut
répondre.
—
Parallélismes
: «
j'ignore
où tu
fuis,
tu ne
sais
où je
vais
» qui
peut rapprocher
les
deux
personnages
(mais
aussi
chiasme
: je / tu ; tu
/je).
III.
Le
poème
évoque
l'idéal inaccessible
du
poète
La
femme
inaccessible
est
justement celle
qui
plaît
au
poète
: il ne
peut
la
retenir, mais tente
de
capturer
le
moment
de la
rencontre dans
un
poème.
A.
Le
poète
a
entrevu
son
idéal
—
Il y a un
avant
et un
après
la
rencontre
: le
poète
se
compare
à un
mort puisque
le
regard
de la
passante
«
[l']a
fait
soudainement renaître
».
Le passé composé suggère une rupture dans la vie du poète. On imagine que seule cette femme aurait pu le guérir. — Champ lexical de la souffrance : il se présente comme « crispé comme un extravagant ». - Le poète projette ses propres sentiments sur la femme entrevue : « ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! » Le subjonctif passé exprime ici l'amour impossible. La femme devient le support de ses fantasmes, de ses rêves. - L'œil de la femme est comparé à un « ciel livide où germe l'ouragan ». Antithèse : « Livide » exprime une couleur terne, « l'ouragan » annonce une tempête. Il voit dans son œil « la douceur qui fascine et le plaisir qui tue » : antithèse (douceur et plaisir d'un côté / mort de l'autre). Pour le poète, l'amour est lié à la mort, au danger - le plaisir est ambivalent. Les deux antithèses montrent que le poète voit dans cette femme la réunion des plusieurs choses opposées. B. L'amour est impossible : la passante reste inaccessible - Expression d'un moment bref, éphémère : « Fugitive beauté » ; « passa » (Voir aussi le titre : « à une passante ») - le plaisir est apparu lors d'un court moment. Il n'y a aucun espoir de retrouver cette femme, sauf peut-être « dans l'éternité » (c'est-à-dire : pas de cette vie). « Ailleurs, bien loin d'ici ! Trop tard ! Jamais peut-être !» : la gradation (concernant le temps et le lieu) exprime la fin de l'espoir. - Insistance sur le temps qui passe : le passé décrit des moments désagréables (« la rue assourdissante autour de moi hurlait »). Le futur est sans espoir : « Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ? » Dans le dernier tercet, on trouve le présent : « j'ignore où tu fuis ». La rencontre est brève, mais le regret dure toute la vie ! Le poème se termine sur un imparfait du subjonctif: « ô toi que j'eusse aimé » : expression de quelque chose d'impossible. C. Le poète capture un moment éphémère — Le registre est tragique : le poème parle du destin du poète, condamné à ne jamais rencontrer la femme aimée : « jamais peut-être ! ». Mais c'est grâce au poème qu'il peut conserver le souvenir de cet instant si bref. - La poésie permet aussi d'imaginer une histoire d'amour qui n'a jamais existé : « ô toi qui le savais ! » (le poète exprime ici son rêve d'un amour partagé). - Ce poème illustre bien l'Idéal selon Baudelaire: quelque chose de parfait, absolu, mais impossible à atteindre dans la réalité. Il est attiré par le mystère, par l'idéal que représente cette femme entrevue le temps d'un instant. Conclusion : - on trouve dans ce poème des thèmes qui reviennent souvent dans l'œuvre de Baudelaire : l'ambivalence de l'amour, la passion destructrice (qui mélange plaisir et souffrance). - L'amour est souvent vu par les poètes comme malheureux, source de souffrances (voir Christine de Pisan, Louise Labé ou Pierre de Marbeuf) ou alors impossible (Verlaine). Cf la phrase de Aragon (poète du 20e siècle) : « II n'y apas d'amour heureux ».. »
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