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Commentaire composé Acte II scène 14 - Caligula, Albert Camus.

Publié le 25/09/2018

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Face a un Caligula joueur , Scipion se voit manipulé , naïf mais tout de même courageux .  Caligula obtient ce qu'il veut de celui-ci . Alors que Scipion ne voulait pas réciter son poème devant Caligula , il n'a finalement pas mis longtemps avant de se soumettre à ses ordres au vu de l'insistance de son empereur . Il en devient pathétique « je t’en pris César , non » et ses excuses sont très légères lorsque Caligula lui demande de se justifier «  je ne l'ai pas su moi » . Scipion fait aussi preuve de naïveté , puisqu’il se comporte comme un enfant face aux réponses de Caligula dans leur duo lyrique . Comme un enfant obtenant un nouveau jouet , il « frémit » . cet enthousiasme se retrouve aussi avec une ponctuation expressive « Oui , oui c'est tout cela ! » ; « Oh ! Qu'importe puisque tout prend en moi le visage de l'amour ! » et un Scipion plein d'élan «  tout entier » .  Un malentendu se crée entre les deux personnages avec la réplique «  Nous aimons les mêmes vérités » prononcée par Caligula .  Scipion pensait que la création poétique qu'ils avaient mis en œuvre provenait d'une valeur affective qu'éprouvait Caligula envers lui , alors que chez Caligula les répliques proviennent d'un manque de lucidité . En lisant de « Comment l'as-tu appris, » jusqu'à « mais si tu veux mon avis... » on s’aperçoit d'un état affectif mais en réalité le manipulateur mesure la distance qui s'établit avec son ami . Cette distance est encore plus net avec l'affirmation «  Tu es pur dans le bien comme je suis pur dans le mal » Cependant Scipion se montre courageux , notamment en fin de scène après la rupture volontaire crée par Caligula  , rupture pressentit par Scipion grâce aux didascalies «  Scipion se rejette brusquement en arrière et regardant Caligula avec horreur. Toujours reculant , il parle d'une voix sourde , devant Caligula qu'il regarde avec intensité » . Scipion n'a pas peur d'évoquer les points faibles de Caligula à savoir sa solitude , provoquant la colère de Caligula . Et ce n'est pas non plus cette colère qui va impressionner Scipion qui brise la distance que Caligula avait établit avec lui «  Le jeune Scipion passe derrière Caligula et s'approche , hésitant . Il tend une main vers Caligula et la pose sur son épaule [...] » et continu le dialogue comme si rien n’était .

C'est bel et bien un personnage ambigu et soufrant qui ressort de cette scène . Un empereur qui souffre de sa solitude qui est au final son unique problème  mais qui en est devenu une véritable obsession pour lui . L'évocation de cette faiblesse entraîne une froideur , créant une fracture en plein milieu d'une réplique même «  Changeant brusquement de ton » amenant la réplique « Tout cela manque de sang » . Tout ceci le faisant redevenir le monstre qu'il est , reprenant conscience de l'absurde . Il évoque a nouveaux des éléments macabres , lugubres «  lac de silence » ; des herbes pourries » . Alors que Scipion essaie de le réconforter ( il pose la main sur son épaule , de lui faire voir le bon côté des choses «  Tous les hommes ont une douceur […] quand ils se sentent trop usés ») , celui ci évoque son point de vu : sa seule source de douceur est le mépris .

 

        La scène constitue ainsi un point clef pour la connaissance des personnages , Scipion qui malgré sa naïveté peut se montrer courageux et Caligula un personnage ambigu et souffrant de sa solitude . Un personnage absurde comme dans l’Étranger ,  autre roman de Camus où un personnage Meursault incarne lui aussi l’absurde.

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« La première chose à remarquer est que malgré le monstre qu'est devenu Caligula après la mort de sa bien aimé Drusilla , celui-ci est encore capable de se montrer poète ou du moins en parti puisque c'est justement cet amour envers Drusilla et aussi sa sensibilité poétique qui transporte Caligula vers le lyrisme . En effet les patriciens , dans le premier acte , avaient évoqué le goût pour l'art et la littérature de leur empereur « Ce garçon aimait trop la littérature » ; « Un empereur artiste , celà n'est pas convenable » . Caligula ne paraît ici donc pas comme un monstre , un brin de nostalgie naît en lui .

De ce fait , pendant le début de la scène Caligula s'évade et se montre capable de compléter les paroles de son ancien ami Scipion . Ces premières paroles sont courtes , ne font que quelques mots « De la terre et du pied » puis s'allongent peu à peu « Et les chemins noyés d'ombre dans le lentisque et les oliviers » .

De plus on remarque que c'est Caligula lui même qui engage ce duo lyrique en incitant à plusieurs reprises Scipion pour communiquer son poème .

Ce dernier engageant le sujet « Tu écris toujours ? Est ce que tu peux me montrer tes dernières pièces ? » puis obligeant Scipion à lui réciter son poème par l'emploi de l’impératif « Récite -moi ton poème » , puis avec insistante lorsque Scipion lui dit ne lui se rappeler de ces vers « Ne t'en souviens-tu pas ? » ; « Dis moi du moins ce qu'il contient » .

Une fois le duo lancé Caligula ne semble plus vouloir s’arrêter , redécouvrant à nouveau sa passion , « Continue » ; « Et bien ? » .

Le thème de la nature est largement présent « collines romaines » ; « ciel vert » ; « le ciel encore plein d'or « ; « cette odeur de fumée , d'arbres et d'eau » ; « le cri des cigales » « les chiens ,,, la voix des fermiers » .

Cependant la nature ne suffi plu a Caligula , il la renvoi au domaine esthétique , auquel il n'apporte aucune importance .

Bien qu'il semble nostalgique en ce moment de complicité avec Scipion , sa nouvelle vision de la poésie dans laquelle la poésie est un mensonge tout comme le bonheur qui pour lui n'existe plu l’amène à prononcer des paroles noires « Tout celà manque de sang » Même ci le les dernières paroles de Caligula nous laisse à nous poser des questions à propos du poète qui sommeil en lui il est intéressant d'analyser les effets spectaculaires que l'on retrouve dans le duo lyrique entre les deux poètes .

Tout d'abord c'est un duo engagé dans le malaise .

Les répliques sont brèves , les phrases interrompues , les paroles des personnages tournent en rond .

Scipion ne semble pas disposé à échanger avec celui qui a tué son père , ses réponses face aux questions de Caligula sont impressives « J'ai écrit des poèmes César » ; « Je ne sais pas César .

Sur la nature je crois » ; « Elle me console de n'être pas césar » .

Ce n'est qu'une fois le poème lancé que les personnages se détendent , donnant une impression de chant à deux voix , chacun complétant tour à tour les répliques de l'autre comme l'indique les points de suspension « De cette odeur de fumée[,,,]vers la nuit … … le cri des cigales et la retombée des chaleurs [...]la voix der fermiers...

… Et les chemins noyés d'ombre ...

» Une impression d'union entre les deux personnages apparaît .

Caligula semble éprouver à nouveau des sentiments , de l'affection pour son ancien ami . Précédemment il nous était précisé que Scipion et Caligula étaient de très bon ami d'enfance jusqu’il y a encore trois ans en arrière , la mort de Drusilla métamorphosant l'empereur .

Cette affection envers Scipion se retrouve également par une gestuelle très tendre de Caligula .

Depuis le début de l’œuvre jamais nous n'avons vu Caligula éprouver de la sympathie réelle envers un proche .

Celui-ci se montrait sadique , se moquait des patriciens , mettait au point des mises à mort inutiles , tuant même les membres de familles de ses proches : imposant d’abord à tout l'Empire de déshériter leurs enfants afin que l'argent revienne a l’État , puis exécuter des citoyens coupables ou non , tuant le père de Scipion et enfin donné des surnoms rabaissant aux patriciens « Il m'appelle petite femme ! » .

Cette gestuelle très tendre et croissante se retrouve donc notamment à travers les didascalies .

Dans un premier temps il s'avance vers Scipion , tout en gardant une distance physique , « avançant lentement vers luii » , puis réagit calmement « étrangement simple » alors que Scipion le provoque sur un ton « ironique et mauvais » .

La distance que tentait de garder Caligula fini par être absente puisqu’il prend finalement Scipion dans ses bras « pressant le jeune Scipion contre lui » , comme le ferait un être humain normal envers quelqu'un qu'il affectionne beaucoup .. »

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