commentaire comparé du roman (La princesse de Clèves) et du film de Delannoy sur l'aveu
Publié le 12/12/2012
Extrait du document
«
On pourrait parler de mise en abyme dans la mesure où le lecteur et le spectateur assistent à deux
scènes dans une seule.
En effet, Nemours assiste à cette discussion, et nous assistons au fait que
Nemours assiste à cette scène.
Dans le film, la mise en abyme est mise en évidence par le fait que
Nemours et les Clèves ne sont jamais dans le même plan.
On sait que Nemours assiste à la scène
même si nous le voyons rarement.
De plus, sa présence apparait comme une transgression car il assiste
à un secret réservé aux seuls époux.
Cela intensifie la puissance de l’aveu et surtout sa dangerosité car
Nemours écoute et apprend qu’il ait aimé alors que la Princesse a cherché à lui cacher.
Dans le roman,
on ne parle de Nemours qu’au début et à la fin de l’échange entre les époux.
Alors que dans le film, on
l’aperçoit pendant la discussion.
L’arrivée des époux est vue de son propre regard.
Durant l’aveu, la
caméra filme, d’une part, la cachette de Nemours sans qu’on le voie lui et, d’autre part, Nemours
assistant la scène en montrant ses sentiments.
Les époux de Clèves sortent du champ et on entend plus
que leur voix car Nemours ne parle jamais, il ne produit aucun bruit.
Cet aveu est, cependant, inexprimable.
La Princesse ne veut pas avouer au début.
Dans le film,
elle ne sait pas comment commencé, elle cherche ses mots.
Dans les deux œuvres, l’aveu est précédé
d’un silence qui renforce la dramatisation, la Princesse réfléchit à la manière de formuler son aveu.
Elle a du mal à regarder son mari dans les yeux avant sa révélation.
La formule « eh bien » qui fait
débuter les aveux de la Princesse de Clèves souligne le fait qu’il y a une rupture avec ce qui précède.
La Princesse cherche à se dérober à deux reprises.
Il y a une progression lente.
Le « eh bien » montre
qu’elle a échoué, elle avoue finalement face à l’insistance de son mari.
Cet aveu oscille entre l’atténuation et l’accentuation.
La Princesse semble incapable d’affronter la
vérité, tant elle est indicible, dangereuse.
Le mot « aveu » et complété par « il est vrai que j’ai des
raisons qui m’éloignent », c’est une périphrase.
L’euphémisme « des sentiments qui vous déplaisent »
permettent d’atténuer l’aveu.
La Princesse de Clèves utilise l’atténuation « quelque fois » et la
périphrase « les personnes de mon âge », elle cède à cause de sa jeunesse et de sa beauté.
Les mots
« périls » et « faiblesses » évoquent un amour pour un autre, de manière atténuée.
La Princesse de
Clèves atténue son aveu car elle redoute les réactions de son mari et les conséquences que l’aveu
pourrait avoir.
Elle ne veut pas décevoir son mari.
Cet aveu peut donc représenter une menace, un
danger.
Lors de sa seconde intervention, Madame de Clèves refuse et supplie son mari de ne pas lui
demander le nom de son amant.
Son discours n’est pas clair.
Le terme « prudence » renvoie au danger
de l’aveu.
La scène présente une émotion excessive.
En effet, l’intimité de la scène (illusoire du fait de la
présence de Nemours) permet aux époux de se livrer à une émotion authentique.
Dans le film, on les
voit seuls sur le plan, assis sur un banc.
La scène se situe à Coulommiers, un lieu à l’extérieur et en
dehors du château.
Coulommiers s’oppose à la Cour où l’exigence des apparences nécessite la maitrise
des émotions.
Personne ne doit dévoiler le moindre sentiment.
Alors que chez eux, les Clèves peuvent
se dévoiler dans un espace intime.
Coulommiers se situe près de la forêt et entouré de verdure.
Leur
demeure ressemble plus à un conte de fée qu’une demeure historique comme la Cour qui est dans un
cadre moins naturel.
Dans le film, le décor est plus frappant que dans le roman mais il est tout autant
important.
Le pavillon est de style gothique avec une atmosphère romantique qui permet de révéler un
sentiment personnel, qui est ici le fait que Mme de Clèves soit amoureuse d’un autre homme que son
mari.
Dans le roman, on assiste également à un surcroît de souffrance avec l’utilisation d’hyperboles : « il
pensa mourir », « couvert de larmes », « je vous demande mille pardons », des superlatifs « le plus
malheureux homme qui ait jamais été » et « malheureux par la plus grande marque », des termes
amplifiés « affliction aussi violente » et de l’adverbe « jamais » (« que l’on a jamais fait », « je n’ai.
»
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