Commentaire : Comment Wang Fo fut sauvé
Publié le 29/04/2015
Extrait du document
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de la réalité du lecteur pour lui conférer une dimension exotique et étrangère.
Ainsi on relève le champ lexical
de l'Orient: de sa diversité géographique “royaume de Han”, “montagnes sous la
neige”, “fleuves au printemps”, sa langue “Wang-Fô”, “Ling”,
“Han”, ses coutumes “marchand de jade”, “les maisons de thé” et
son art “des pinceaux”, “des pots de laque et d'encres de Chine”, “des
rouleaux de soie et de papier de riz”.
Ce cadre oriental et exotique est allié à une temporalité indéfinie.
Le récit mêle deux temporalités différentes, qui rendent compte de deux étapes distinctes dans la vie de Ling:
ainsi le texte s'ouvre sur une narration actuelle, suivie par un retour en arrière sur le passé de ce personnage.
L'imparfait est privilégié dans la première partie du récit, utilisé pour des verbes d'action
“avancaient”, “troquait” comme d'état “étaient”,
“semblait”.
Le temps est comme suspendu par cet imparfait qui dure, à l'image des deux
personnages qui “erraient le long des routes”.
L'analepse fait aussi l'utilisation des temps du
récit: l'imparfait, le plus que parfait indicant l'anteriorité par rapport à l'imparfait de la narration actuelle et le
passé simple servant à dynamiser cette seconde partie du récit, qui se prolonge dans la première.
Cet
enchassement de deux récits, l'un dans l'autre, est typique de la structure du conte.
Mais les deux mouvements
du récit sont pareillement marqués par une circularité qui les fait tous deux exister d'une certaine façon
indépendemment l'un de l'autre.
L'imparfait duratif est la marque de cette circularité dans le premier
mouvement.
Elle s'articule aussi par de multiples références aux cycles naturels: d'abord l'alternance entre
“la nuit” et “le jour”, puis le changement des saisons “la neige”,
“printemps”, “lune d'été”.
Ce champ lexical des phénomènes naturels périodiques
se prolonge dans le second mouvement du texte: on relève de même l'alternance entre “aurore”
et “crépuscule”, et le roulement des saisons “chaque printemps”.
Le passage du
temps n'est pas nié, comme le montre la mort des parents de Ling.
Mais il est allié à la circularité, la temporalité
vaste et éternelle du monde naturel, donnant au récit l'universalité du conte.
Ainsi le texte est construit selon
un effet de parallelisme entre deux mouvements distincts qui se font écho: à l'image de ses deux
protagonistes. .
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