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« Colomba » et « Carmen » : deux héroïnes de Prosper Mérimée

Publié le 20/08/2013

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L'art de la nouvelle
Colomba et Carmen sont les oeuvres les plus célèbres de Pros-per Mérimée. Dans le registre de la nouvelle, l'auteur trouve l'accomplissement de son talent. Chronologiquement, il précède Maupassant dans cet art que l'écrivain normand portera à la perfection. Ses qualités de concision dans la clarté, d'âpre froideur, de sensibilité fermement tenue en bride font de Mérimée un maître du genre. Dans d'autres écrits de ce type, comme Les Ames du purgatoire, La Vénus d'Ille ou Lokis, il composera à merveille avec l'impassibilité concentrée de la narration et le fantastique ambigu du sujet. Cependant, cette oeuvre de nouvelliste reste pour l'essentiel l'apanage des happy

« raître, d'abord au sein de re- vues, une série de nouvelles, comme L'Enlèvement de la redoute ou Tamango.

Des passions fatales Parallèlement à cette activité littéraire, Prosper Mérimée mène une carrière administra- tive.

D'abord chef de cabinet dans divers ministères, il est nommé inspecteur des Monu- ments historiques en 1834 et entreprend de sauver de la ruine une bonne part de l'hé- ritage architectural roman et gothique de la France.

Bien qu'il se consacre alors de plus en plus à ses fonctions officielles, il publie de nom- breux recueils de notes de voyage, des ouvrages d'érudi- tion historique et des traduc- tions du russe, ce qui est alors très nouveau.

Il effectue aussi de nombreux déplacements dans les pays méditerra- néens, notamment en Espa- gne, où il se lie avec la fille de la comtesse de Montijo, la future impératrice Eugénie, ce qui fera de lui un des hommes en vue du Second Empire.

En Corse, où il se rend en 1839, il prend note de divers éléments « exotiques » qu'il intègre à un bref roman publié l'année suivante, Colomba.

L'in- trigue est assez fournie, mais le récit, centré sur le person- nage qui donne son titre à l'ouvrage, une jeune fille ani- matrice indomptable de la « vendetta » que doit exécuter son frère, a les caractéristi- ques de la nouvelle, et la froi- deur du ton y contraste avec la violence des sentiments.

Cette sauvagerie de l'amour et la fatalité se retrouveront cinq ans plus tard dans Carmen.

Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche s'enthousiasmera pour José Navarro, qui, peu avant son exécution, raconte sa passion pour Carmen, la belle bohémienne qui l'a Illustration pour Colomba de Mérimée : le portrait de l'indomptable bohémienne par Gaston Vuillier (Paris, Bibliothèque nationale).

amené, lui, un jeune homme pacifique et discipliné, à de- venir déserteur, contreban- dier, voleur et meurtrier.

L'art de la nouvelle Colomba et Carmen sont les oeu- vres les plus célèbres de Pros- per Mérimée.

Dans le registre de la nouvelle, l'auteur trouve l'accomplissement de son ta- lent.

Chronologiquement, il précède Maupassant dans cet art que l'écrivain normand portera à la perfection.

Ses qualités de concision dans la clarté, d'âpre froideur, de sen- sibilité fermement tenue en bride font de Mérimée un maître du genre.

Dans d'au- tres écrits de ce type, comme Les Ames du purgatoire, La Vénus d'Ille ou Lokis, il composera à merveille avec l'impassibilité concentrée de la narration et le fantastique ambigu du su- jet.

Cependant, cette oeuvre de nouvelliste reste pour l'es- sentiel l'apanage des happy MÉRIMÉE AUTEUR DRAMATIQUE Prosper Mérimée excellait dans l'art de la nouvelle, mais il aurait sans doute pu donner de grandes oeuvres dans d'autres genres.

C'est ce que laissent entrevoir certaines de ses pièces de théâtre, comme Les Espagnols en Danemark et surtout Le Carrosse du Saint- Sacrement, qui vint enrichir en 1830 Le Théâtre de Clara Gazul, publié cinq ans auparavant.

Cette oeuvre, qui ne fut représentée qu'après la mort de son auteur, se libère étonnamment des conventions scéniques.

C'est sans doute ce qui lui a permis de donner lieu, sous le titre Le Carrosse d'or, à une adaptation cinématographique exemplaire dirigée en 1952 par le réalisateur Jean Renoir.

few, selon l'expression de Sten- dhal, malgré un style d'une re- marquable sobriété, que Sainte- Beuve a qualifié de « net, svel- te, alerte, coupé au vif ».

Carmen connaîtra cependant une popularité inattendue grâce à l'opéra que Georges Bizet en tirera en 1873, trois ans après la mort de l'écrivain.

Sous la plume des librettistes Meihlac et Halévy, le person- nage, comme la signification que Mérimée a voulu donner à son récit, seront victimes de quelques altérations.

Ainsi prendra naissance un « mythe de Carmen » qui, affirmant son indépendance vis-à-vis de la nouvelle originelle, aura sa vie propre...

jusqu'à ce que, au XX' siècle, des chorégraphes, des metteurs en scène de théâtre et de cinéma, de Peter Brook à Carlos Saura, Jean-Luc Godard ou Francesco Rosi, s'en emparent pour en tirer les oeuvres les plus diverses par le ton et par le sens...

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