Colette, Les vrilles de la vigne, (Jour gris). Commentaire
Publié le 05/10/2017
Extrait du document
( ...) J'appartiens à un pays que j’ai quitté. Tu ne peux empêcher qu'à cette heure s'y épanouisse au soleil toute une chevelure embau mée de forêts. Rien ne peut empêcher qu'à cette heure l'herbe pro fonde y noie le pied des arbres, d'un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif... Viens, toi qui l'ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose! Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs qu'un fruit mûrit on ne sait où, là bas, tout près un fruit insaisissable qu’on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l'automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu'une pomme trop mûre vient de choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près...
Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s'ouvrir ton cœur. Tu fermerais les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un muet soupir. ..
Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure etsansfleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie ( ... )
Colette, Les vrilles de la vigne, (Jour gris).
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, entre autres, y étudier le jeu du précis et de l'imprécis, du continu et du discontinu. Vous pourrez aussi interroger la façon dont l'écri vain se livre dans son texte, et s'en efface. (Ces indications ne consti tuent pas le schéma d'un plan.)
Attacher toute son importance à la première phrase : « j’appartiens à un pays que j’ai quitté ». En effet, celle-ci marque tout à la fois une rupture passé / présent (« j’ai quitté ») et une contuinité affective (<< j’appartiens »). Le narrateur (à signaler que rien ne permet de savoir dans cette page s’il s’agit d’un homme ou d’une femme) se situe donc dans un lieu (ailleurs que « son pays ») et un temps (le présent) qui sont ici submergés par l’évocation d’une époque et d’un lieu antérieurs.
PLAN SUGGÉRÉ
Introduction : dialogue ouplutôt confession, ces lignes traduisent 1 ’intimité entre le narrateur et « son » pays, une intimité telle qu’elle devient tout à la fois le reflet du passé, le reflet d’une âme et le reflet des êtres.
«
()-wSi
le nom de Colette fait immédiatement penser à la
série des Claudine ou à la romancière de 1 'amour et
du couple, on oublie souvent toute la veine rustique de son
inspiration première : une veine il est vrai exploitée essen
tiellement dans les récits autobiographiques des premières
œuvres auxquelles apartiennent les Vrilles de la vigne.
C' est
d' ailleurs dans ce texte que se trouve cette confession :
« Vous n'imaginez pas quelle reine de la terre j'étais à
douze ans)).
�C roire qu'il s'agit d'une description objective alors
,_,q ue toute la syntaxe (formules prétéritives, condition
nels, hypothétiques) traduit l'extraordinaire subjectivité de
cette confession entièrement menée à la premiè re personne.
Il s'agit avant tout d'un paysage intérieur qu'il faut ana
lyser comme tel.
e Attacher toute son importance à la première phrase :
« j'appartiens à un pays que j'ai quitté ll.
En effet,
celle-ci marque tout à la fois une rupture passé / présent
( «j 'ai quitté n) et une contuinité affective (.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- J'appartiens à un pays que j’ai quitté: Colette, Les vrilles de la vigne, (Jour gris). Commentaire
- COLETTE, Les Vrilles de la vigne (jour gris). Commentaire
- Colette : extrait des Vrilles de la Vigne (jour gris)
- FORÊT DE CRÉCY - COLETTE, Les Vrilles de la vigne
- Les Vrilles de la vigne de COLETTE (Résumé & Analyse)