Clément Marot, poète officiel du roi
Publié le 19/08/2013
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En juillet, Clément Marot trouve refuge en Italie, à la Cour de Renée de France, duchesse de Ferrare, gagnée aux idées nouvelles et au calvinisme. A François ler il écrit, pour justifier son départ, qu'il a fui « les ignorants de la Sorbonne «. Mais, à peine a-t-il le temps de se familiariser avec les poètes italiens qu'il lui faut déjà repartir. Le duc de Ferrare, qui n'apprécie guère les idées de ses « invités «, a fait instruire un procès contre l'entourage de son épouse. Clément Marot, poursuivi par l'Inquisition, doit fuir pour Venise.
«
Adulé par la Cour
et par ses pairs
Le 1 e• janvier 1532, Clément
Marot adresse ses vœux de
bonne année au roi.
Sa situation
personnelle n'est pas
au mieux,
il a contracté la
peste l'été pré
cédent et, après s'être fait voler
par son valet, se retrouve tota
lement démuni.
Cependant, il
n'a rien perdu de son humour ni
de sa verve ironique, qui se
manifestent dans son épître
spéciale Au roy pour avoir esté
dérobé.
« j'avais un jour un valet
de Gascogne, 1 Gourmand, ivro
gne, et assuré menteur, 1 Pipeur,
larron, jureur, blasphémateur.
1
Ce vénérable hillot fut averti 1
De quelque argent que vous
m'aviez départi,
1 Et que ma
bourse avait grosse
apostume; 1
Si se leva plus tôt que de coutu
me, 1 Et me va prendre en tapi
nois icelle; 1 Puis la vous mit très
bien sous son aisselle.
1 Le dit
valet, monté comme un Saint
George, 1 Et vous laissa Mon
sieur dormir son soûl, 1 Oui au
réveil n'eût su finer d'un sou.
1
Ce Monsieur-là, Sire c'était moi
même, 1 Oui sans mentir, fus au
matin bien blême.
» En réponse,
François
l e ' lui offre cent écus
d'or et toute sa « considéra
tion ».
Comme toujours, Marot
s'est servi à merveille
de son art
pour obtenir les faveurs du roi.
Le
12 août 1532, le poète fait
imprimer ses œuvres com
plètes- sauf l'Enfer et l'Épistre à
Lyon Jamet, qu'il juge trop vio
lentes -, dans un ouvrage inti
tulé Adolescence clémentine.
Le
succès
est tel que, deux ans
plus tard, il publiera une Suite
de l'adolescence.
Reconnu pour
son art et apprécié pour son
caractère enjoué, Clément
Marot est adulé aussi bien par
les grands que par ses « confrè
res en poésie ».
Mais son étoile
va bientôt pâlir.
De nouveau, il
est poursuivi par le Parlement
pour avoir « mangé lard en
Carême » et ne doit son salut
qu'à l'intervention de Mar
guerite d'Angoulême, reine de
Navarre.
D'un exil doré à
l'humiliation de
l'abjuration
Puis, en octobre 1534, c'est l'Af
faire des placards .
Le climat
n'est plus à la tolérance, et les
tenants
de la « religion préten
due réformée » sont désormais
à
l'index et passibles de la
peine de mort.
Marot , pour
avoir traduit le sixième psaume
(l'Église
condamne formelle
ment la traduction des livres
saints
et des prières liturgi
ques), publié en regard de l'ou
vrage fort contesté de Margue
rite d'Angoulême le Miroir de l'âme
pécheresse, pourrait bien être de
ceux là.
Aussi juge-t-il plus pru
dent de se réfugier à Nérac, à la
Cour
de la reine de Navarre.
En
janvier 1535, son nom figure
parmi ceux
de cinquante-deux
« hérétiques » notoires .
Il lui
faut quitter la France .
En juillet, Clément Marot trou
ve refuge en Italie, à la Cour de
Renée de France, duchesse de
Ferrare, gagnée aux idées nou
velles et au calvinisme .
A Fran
çois le ' il écrit, pour justifier son
départ, qu 'il a fui « les igno
rants de la Sorbonne ».
Mais, à
peine a-t-il le temps de se
familiariser avec les
poètes ita
liens qu'il lui faut déjà repartir.
Le
duc de Ferrare, qui
n'apprécie guère les
idées de ses « invi
tés », a fait instrui
re un procès con
tre l'entourage
de son épouse.
Clément Marot,
poursuivi par
l'Inquisition,
doit fuir pour Ve
nise.
Là, sans tra
vail ni ressources,
il
occupe le plus
clair de son temps à
tenter d'obtenir le par-
CLÉMENT MAROT
JUSTIFIE
SON
DÉPART EN ITALIE
En juin 1535, Clément Marot
compose une Épistre au roy du
temps de son exil à Ferrare afin de convaincre François J•• de
sa fidélité et de sa bonne foi.
Non
seulement il y plaide sa
cause, mais il fustige aussi les
« sorboniqueurs » qui, au nom
du Seigneur et oubliant jusqu'au concept même de
tolérance, punissent,
emprisonnent et brûlent les
tenants
de la Réforme.
« 0 quatre foys et cinq foys bien
heureuse 1 La mort, tant soit
cruelle et rigoreuse 1 Qui feroyt
seulle ung million de vies 1
Soubz telz abus n'estre plus
asservyes
! 1 De Lutheriste ilz
m'ont donné le nom : 1 Qu'à droict ce soit, je leur
respondz que non ...
1 Au nom
de luy ne suys point baptizé : 1
Baptizé suys au nom qui tant
bien sonne 1 Qu'au son de luy Père éterne.
"
don du roi.
Le 16 juillet, l'édit
de Courcy a autorisé les pro
testants à rentrer en France, à
condition qu'ils abjurent.
Ma
rot espère bien se dispenser
de cette humiliante formalité,
mais il ne pourra y échapper.
Ayant
enfin reçu l'aval du dau
phin, il se rend à Lyon.
Le 14
décembre 1537, au portail de
la cathédrale Saint-Jean, il doit
abjurer solennellement la Ré
forme et, en chemise et pieds
nus, se livrer au simulacre
des coups de verge.
En
mars, heureux et soula
gé d'être de nouveau
à la
Cour, il reprend
sa place de valet de
chambre du roi.
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