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Chénier, Derniers vers. Sujet d'invention : imaginez le dialogue du poète avec un compagnon de cellule, à Saint Lazare.

Publié le 13/02/2013

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André Chénier, Iambes, « Derniers vers «, 1794 Les Iambes ont été composés pendant la Terreur, alors que Chénier attendait son exécution à la prison Saint Lazare Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphyre Animent la fin d'un beau jour, Au pied de l'échafaud j'essaie encor ma lyre. Peut-être est-ce bientôt mon tour. Peut-être avant que l'heure en cercle promenée Ait posée sur l'émail brillant, Dans les soixante pas où sa route est bornée, Son pied sonore et vigilant, Le sommeil du tombeau pressera ma paupière. Avant que de ses deux moitiés Ce vers que je commence ait atteint la dernière, Peut-être en ces murs effrayés Le messager de mort, noir recruteur des ombres, Escorté d'infâmes soldats, Ébranlant de mon nom ces longs corridors sombres, Où seul dans la foule à grands pas J'erre, aiguisant ces dards persécuteurs du crime, Du juste trop faibles soutiens, Sur mes lèvres soudain va suspendre la rime; Et, chargeant mes bras de liens, Me traîner, amassant en foule à mon passage Mes tristes compagnons reclus, Qui me connaissaient tous avant l'affreux message, Mais qui ne me connaissent plus. Notes de vocabulaire : Zéphyre : vent léger / avant que l'heure...
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« Public, pour argumenter notre défense. On nous accuse d’avoir tenu des propos s éditieux, d’avoir   complot é avec les f édérés, nous r épublicains convaincus, r évolutionnaires de la premi ère heure   !   Nous avons droit  à un proc ès équitable, nous avons droit  à un avocat, droit  à des t émoins de la   d éfense   ! D éfends notre cause, Andr é, je t’en conjure   !  ­ C’est inutile. Toutes les lettres restent sans r éponse. Personne ne les lit. Et implorer leur gr âce,   jamais   ! Il ne me reste que mon orgueil comme rempart contre la barbarie. Non, n’y pense plus. Et il   n’est plus temps.  ­ Mais nous ne pouvons pas rester ici  à attendre la mort. On vient de d épasser le nombre de dix­huit   mille guillotin és depuis le d ébut de la Terreur. Ne serait­ce qu’hier, la charrette de l’infamie, a encore   transport é soixante quatorze condamn és jusqu’ à la place de la Nation, o ù la guillotine, du matin au   soir, raccourcit les  âmes. On dit que les tricoteuses, se r égalent du spectacle et en redemandent.  ­ Justement. Trop de fant ômes r ôdent autour de moi. Tous ces innocents ex écut és, qui n’ont pas pu   parler, trop h ébétés m ême pour pleurer, je suis leur voix, je suis leur cri. Pour qui d’autre chanter   ? ­ C’est avant qu’ils avaient besoin de toi. Ils n’ont que faire de ton hommage posthume. Demain,   lequel d’entre nous sera appel é et ex écut é sommairement   ? Le temps presse, mon ami. Il faut agir   !   Ecoute, une femme d’un des gardiens accepte de faire sortir de Saint Lazare des messages dans   son panier  à linge. Il faut inonder la ville de libelles, de pamphlets virulents, qui d énoncent la   dictature de Robespierre, qui r évèlent au peuple les complots du tribunal r évolutionnaire ! Comme   disait Danton, «   De l’audace, toujours de l’audace, encore de l’audace   ». Se taire serait d éserter   ! ­ C’est inutile. Je te r épète, il n’est plus temps. Je crois d éjà entendre le commissaire du comit é   hurler mon nom pour la prochaine ex écution. Il peut venir d’un instant  à l’autre, avant m ême que   l’aiguille de l’horloge ait fini son tour de cadran. Ne l’entends­tu pas d éjà résonner entre les murs de   Saint Lazare   ? J’ai assez v écu, je me pr épare  à cette mort atroce, je l’attends, je l’imagine m ême. ­ Andr é, ne d ésesp ère pas   !  ­ Je me livrais ce matin  à une t âche plus agr éable et plus utile qu’une lettre ou un pamphlet, qui nous   humilieraient sans rien nous apporter.  ­ N’en dis pas plus. Toujours tes odes   ?   Laisse donc ta lyre   ! Il n’est plus temps de r êver ou de   former des pleurs, mais de passer  à l’action. Tu es un po ète inspir é, et tu sais mieux que personne   comment enflammer les cœurs et les esprits. ­ Non je n’ écris pas des odes. Ce n’est pas le moment. Mes vers sont la seule arme dont je dispose   et je les aiguise du mieux que je peux. Moi, je meurs, mais mes vers me survivront. Mes fl èches   ac érées pers écuteront sans rel âche les criminels qui nous mettent  à mort aujourd’hui. Et nous ne   serons plus sur cette terre depuis des si ècles, que ceux qui nous liront penseront encore  à nous,   pour s’indigner de l’injustice qui nous est faite, de la corruption et de la violence de ces inf âmes   ouvriers de mort.

  Mes vers seront un t émoignage du terrible sort fait aux innocents, tomb és sous la   Terreur de Robespierre et de ses acolytes. La libert é est une valeur universelle, une fleur que les   hommes de demain cueilleront  à nouveau. Elle refleurira, dans toute sa splendeur crois­moi.  ­ La post érité   ! Mais que m’importe  à moi la post érité   ! C’est aujourd’hui que je veux vivre   ! ­ Ecoute, si l’avenir te laisse indiff érent, essaie au moins de comprendre et d’accepter que ces   pauvres vers, bien faibles soutiens du juste, sont pourtant ma seule consolation, quelques heures  à   peine avant ma mort. Ils illuminent mes derniers moments, ils r échauffent mon cœur et all ègent mon   â me. Dans ma cellule  étroite et naus éabonde, o ù je suffoque depuis des jours, ils sont comme la   brise l égère et le dernier rayon de soleil, que je ne peux plus, h élas, sentir sur ma peau. Ils me   transportent, au­del à de ces longs corridors sombres, dans un monde plein d’images et de magie.  ­ C’est  égo ïste et inutile   ! De plus tu te complais dans ta souffrance. A quoi nous servent tes divines   larmes d’or   ?. »

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